23e «Maghreb des livres»: la littérature algérienne à l’honneur
Les 19 et 20 février, l’Hôtel de Ville de Paris accueille la 23e édition de la manifestation « Maghreb des livres » organisée par l’association Coup de Soleil.
Cette année, les organisateurs de ce rendez-vous littéraire incontournable mettent à l’honneur l’Algérie et la littérature algérienne. Plus de 130 auteurs venus du tout Maghreb et de la diaspora maghrébine participeront à cette rencontre unique dont les moments forts se déclinent en entretiens, cafés littéraires, tables-rondes et séances de dédicaces.
« Au cours des dernières décennies, l’Algérie s’est imposée comme l’un des hauts lieux de la production littéraire francophone. C’est cette vitalité que nous voudrions donner à voir auMaghreb des livres où seront présents cette année quelques-uns des plus grands romanciers algériens d’aujourd’hui », déclare Georges Morin, président de l’association Coup de Soleil qui organise depuis vingt-trois ans cette manifestation annuelle consacrée aux lettres maghrébines. C’est une rencontre singulière qui se veut « passerelle entre le Maghreb et la France » et qui n’est sans doute pas étrangère à l’intérêt grandissant que suscitent ces littératures outre-méditerranéennes auprès du public français.
Selon son fondateur, c’est par le biais de la lutte anti-racisme qu’il est venu à la littérature. « Je me suis rendu compte que la littérature était le meilleur moyen pour faire connaître un peuple et dissiper les idées racistes dont celui-ci est parfois victime », explique le président du Coup du Soleil. Parrainée par l’Algérien Rachid Mimouni et le Marocain Mohamed Choukri, la première édition de la manifestation a eu lieu en 1994 et, depuis, elle fait défiler à Paris tous les ans les grandes figures des lettres maghrébines.
Passions et violences
Chaque année, l’un des trois pays du Maghreb est mis à l’honneur, comme c’est le cas de l’Algérie cette année, après le Maroc en 2016 et la Tunisie en 2015. Organisée dans les salons de l’Hôtel de Ville de Paris depuis 2001, la manifestation accueille tous les ans en moyenne entre 5 000 et 6 000 visiteurs, qui viennent pour écouter les romanciers parler de leur travail d’écrivain, mais aussi pour participer aux débats sur des questions d’actualité.
L’édition 2017 ne dérogera pas à la règle avec plusieurs rendez-vous programmés autour des thématiques politiques et sociales : « Proche-Orient meurtri », « Physionomie du jihadisme », « Maghreb : la fuite des cerveaux » et « le vote des banlieues ». Deux rencontres sont prévues pour présenter la littérature algérienne, avec la participation des historiens de la littérature et des écrivains, bien sûr. « Ce qui distingue les romanciers algériens de leurs homologues du Maroc ou de la Tunisie, c’est l’inscription dans leurs écrits de la violence de leur histoire nationale depuis la colonisation jusqu’à aujourd’hui, en passant par la décennie noire de la guerre civile (les années 1990, Ndlr) », affirme Georges Morin en préambule aux débats littéraires programmés sur des thématiques aux titres éloquents : « Fêlure », « Passions et violences ». Ces sujets seront aussi abordés dans le cadre des séquences d’entretiens, avec des auteurs algériens invités et pas les moindres : Kamel Daoud (Mes indépendances: chroniques 2010-16, Actes Sud), Magyd Cherfi (Ma part de Gaulois, Actes Sud), Abdelkader Djemai (Une ville en temps de guerre, editions du Seuil), Leïla Sebbar (L’Orient est rouge: nouvelles, Elyzad), pour ne citer que ceux-là . Rares, ces rencontres avec les auteurs algériens seront les moments-phares de la manifestation.
Le Maghreb des livres propose aussi des séances de dédicaces, des lectures
assurées par des comédiens, des rencontres avec des dessinateurs et des hommages aux auteurs disparus récemment, notamment l’anthropologue des religions franco-algérienMalek Chebel qui s’est éteint en novembre 2016. Last but not least, la table-ronde consacrée à « Mostaganem, ville-phare du théâtre algérien », une table ronde qui promet d’être passionnante car, comme le déclare Georges Morin, « la littérature algérienne ne se réduit pas à son versant romanesque que l’on connaît en France ». A ne pas rater.