L'école ivoirienne en difficultéA LA UNE AFRIQUE 

Côte d’Ivoire: La crise de l’école Ivoirienne

La crise de l’école Ivoirienne, il faut agir et vite. Le 22 octobre 1946 à 20 heures, le Député Houphouët faisait embarquer cent quarante-sept enfants de la Côte d’Ivoire à bord de la frégate l’Aventure, en partance pour la métropole, la France, pour y poursuivre leurs études. Un événement historique et pathétique qui révélait déjà le génie visionnaire et l’attachement viscéral du Président Félix Houphouët-Boigny au secteur Education/Formation. Devenu Président de la République de Côte d’Ivoire, il fera de ce secteur la priorité des priorités de ses gouvernements successifs, en lui consacrant, chaque année, plus de 40% du budget national.

L’école ivoirienne en grand péril

L’éducation des citoyens revêtait, dans la conception éthique et politique du Président Félix Houphouët-Boigny, un caractère d’extrême urgence, car elle fait corps avec le destin des individus et le rayonnement des Etats. Pour le Président Houphouët-Boigny, l’éducation est une sorte de rituel d’initiative qui prépare à l’entrée dans une société de droit. Elle s’impose absolument comme premier devoir et aucun régime politique, aucune communauté humaine n’a le droit de s’y soustraire. Autant il impossible de concevoir l’homme indépendamment de sa vie sociale, autant il impossible de le concevoir en dehors de son éducation. Bref. L’éducation est cœur de la philosophie politique et morale de l’Houphouétisme.

Cette politique bienveillante et bien menée à l’égard de l’école et de la formation des jeunes Ivoiriens a été poursuivie, après le Président Houphouët-Boigny, par le Président Henri Konan Bédié, son digne successeur et héritier incontestable. Il ne faut surtout pas oublier que le Président Bédié a été, aux côtés du Président Houphouët-Boigny, l’un des principaux acteurs du « miracle ivoirien », ces années d’euphorie et de développement exceptionnel de notre pays.

Pendant cette période, de 1960 à 1980,  les programmes d’éducation et de formation, l’envoi d’étudiants boursiers ivoiriens à l’étranger,  l’ivoirisation des cadres, la réalisation des grands chantiers portuaires, le développement des villes et des régions, la création et l’extension du réseau routier, la création d’entreprises, la création des chaines PAC… sont toutes des actions mises en œuvre grâce à la détermination d’une équipe de jeunes cadres dynamiques en union sacrée autour du Président Félix Houphouët-Boigny, et dont l’un des plus illustres et des plus influents reste incontestablement le Président Henri Konan Bédié.

C’est donc tout naturellement qu’il lui est loisible de poursuivre cette même politique, en homme d’Etat accompli, quand il lui succède à la magistrature suprême en 1993.

Déclin de l’école ivoirienne

 Rappelons à toute fin utile que pour le Président Bédié « sans la formation à la science, à la technique et à la technologie, toute adaptation aux temps nouveaux et futurs est impossible. Pire, notre culture resterait traditionnelle, stationnaire et paralogique, traits caractéristiques d’une société bloquée par des superstitions et des interdits à l’endroit du progrès et changements novateurs. » (Discours à l’Assemblée Nationale, le 27 avril 1988)

 Mais fort malheureusement hélas ! le RHDP d’Alassane Dramane Ouattara semble ignorer cet aspect essentiel de la philosophie humaniste du Président Félix Houphouët-Boigny et poursuivi avec conviction par le Président Bédié. Car on ne peut pas se réclamer houphouétiste et laisser le secteur Education/Formation, si cher au fondateur de la Côte d’Ivoire moderne,  à l’abandon,  comme c’est aujourd’hui le cas sous le régime du RHDP d’Alassane Dramane Ouattara.

 On ne peut pas être un Ivoirien, au courant du niveau d’exception et d’excellence auquel le Président Houphouët-Boigny a placé l’école et l’éducation ivoiriennes, et  soucieux de l’avenir de la Côte d’Ivoire, sans être profondément préoccupé par la grave crise qui secoue en ce moment le secteur de l’Education/Formation.

 En effet, depuis bientôt deux  bons mois, une grève des enseignants revendiquant de meilleures conditions de vie et de travail (c’est une énième grève de ces mêmes enseignants pour les mêmes motifs),  paralyse l’école ivoirienne, de la maternelle à l’université en passant par les lycées et collèges.

Aujourd’hui, l’école ivoirienne va mal, voire agonise. Tout le monde entier le sait. L’UNESCO le sait. Les symptômes de la crise dont souffre l’école ivoirienne aujourd’hui, sont d’abord ceux du déchirement qui entame sérieusement le tissu social lui-même.

Pourquoi depuis plusieurs semaines que cela dure, le président Alassane Dramane Ouattara ne reçoit-il pas les enseignants pour donner une réponse satisfaisante à leurs revendications comme il a su si bien le faire avec les militaires mutins ? Pourquoi le Président de la République reste-t-il muet devant cette malheureuse situation de l’Ecole ivoirienne ? Pourquoi est-il insensible aux problèmes de l’éducation des enfants de son pays, la Côte d’Ivoire ?

A quoi cela sert de décréter l’Ecole obligatoire et « gratuite » dans un pays où l’Ecole est le dernier souci des dirigeants ? Seul le RHDP d’Alassane Dramane Ouattara  est capable de réussir la prouesse d’une  Côte d’Ivoire émergente en 2020, sans Ecole ou avec une Ecole totalement en déliquescence!!!

Mais dans une société ivoirienne sans Ecole, les thèses radicales d’Ivan Illich ont au moins le mérite de rappeler qu’aucune société ne saurait sans préjudice décharger sa mission éducative à la rue ; les « microbes », rebaptisés « enfants en conflit avec la loi », en portent un éloquent témoignage.

 Bien sûr, l’éducation est approche, et cette approche n’a point de but saisissable, qu’on puisse identifier sous le vocable d’achèvement. Mais existe aussi le seuil de l’intolérable. Alors, qui est responsable et pourquoi ce seuil a-t-il été franchi ? La démocratie ? Les parents ? La crise poste électorale ? La civilisation des images ? Internet ?  Une autre race d’enfants ? La société ? L’Etat ? Les délices du pouvoir ?

Bref. Quelles que soient les raisons de cet effondrement de l’Ecole et de l’Education ivoiriennes, pourquoi le Président Alassane Dramane Ouattara ne monte-t-il pas au créneau pour siffler la fin de la récréation qui n’a que trop, trop, trop duré ? Pourquoi les parents eux-mêmes dont les enfants sont les innocentes victimes de cette situation d’école paralysée restent-ils si silencieux ?

Entre le Président Félix Houphouët-Boigny, père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne et modèle, et le RHDP d’Alassane Dramane Ouattara, l’Ecole ivoirienne a connu son apogée et son déclin.

Déclin qui rappelle ces propos  d’un conseiller  chinois d’une lointaine antiquité à son empereur : « Si vous voulez détruire un pays ennemi, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en pertes humaines. Il suffit de lui détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans, et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera alors très facile de les vaincre. »

Que deviendront demain la Côte d’Ivoire et les jeunes Ivoiriens dont la scolarité est totalement effondrée aujourd’hui ?

  El Hadj Sékou B.

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