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Côte d’Ivoire: Un jeudi à IVOSEP.

Une demi-journée passée dans les services de la société IVOSEP à Treichville qui s’occupe des corps. Notre reportage.

Dans les coulisses d’Ivosep

IVOSEP, on ne peut pas y échapper. Directement ou indirectement, on est obligé d’y faire un tour. Ce n’est pas un lieu où le son de la musique religieuse fait danser, où on trouve de ces orateurs hors pairs, si tout fonctionne bien, c’est parce qu’elle a, à sa tête, un certain Jean-Marc Affian Honoré.

M. Jean-Marc Affian, son nom sonne fort, mais l’homme passe dans la discrétion la plus totale. Quand nous sommes arrivés dans le service, nous avons pris place dans le hall où des cercueils sont exposés avec des couronnes de fleurs. En face, se trouve une porte qui n’arrête pas de s’ouvrir et se refermer, les gens de toutes les couches sociales entrent et ressortent avec, un souci en moins.

Ils sont allés voir Jean-Marc Affian pour poser leurs problèmes et ils ont été satisfaits. Pendant que nous scrutons ces allées et venues, dehors, sous des hangars, des groupes se composent souvent en uniforme pour se faire distinguer, tellement qu’il y a des levées de corps. Nous étions un jeudi. Ca meurt trop ces temps-ci en Côte d’Ivoire.

A la sortie de son bureau, j’entends des parents éplorés, dire, vraiment qu’il est gentil le monsieur, il nous a faits, une réduction, sinon, on allait faire comment, parlant de Jean-Marc Affian ? Les pleures et la peine de perdre un parent, s’atténuent.

Nous recevons de l’air frais distillé par le grand slip dans le hall d’attente, sans doute, sa salle d’attente. Pour celui qui veut promener sa curiosité, il peut se pavaner pour admirer les cercueils, de toutes les factures et les couronnes de fleurs.

Ce jeudi, de 9h à 13h, nous avons compté plus de 10 levées de corps, c’était un jeudi et on me fait dire que les vendredis, c’est pire et souvent, les voitures sont capables de bloquer le grand boulevard Giscard d’Estaing, mais nous y sommes allés, un jeudi.

Pendant que nous observons, ceux des corps levés, on voit d’autres parents qui rentrent et veulent à tout prix, rencontrer le directeur de l’exploitation, Jean-Marc Affian, que beaucoup ont surnommé : le pilier de la compréhension et l’apôtre de la générosité.

IVOSEP est un passage obligé pour tous les ivoiriens. C’est là, qu’à la suite du décès de Hamed Bakayoko, en pleine journée, le même Jean-Marc avec son équipe, l’avaient reçu et ce jour-là, le président Ouattara était présent dans ses locaux, c’est pour dire, que personne ne peut échapper à ce haut lieu d’accueil et d’adieu.

Revenons sous les chapiteaux, des portraits et des cercueils, cette fois, avec leur corps, sont juxtaposés et des prêtres et pasteurs, égrènent des paroles liturgiques dans des sons de chants religieux, qui donnent des frissons et pour les sensibles, sans le vouloir, des larmes sortent des yeux.

Les pleurs, on en trouve à IVOSEP. Les cris de détresse, on en trouve à IVOSEP. Mêmes les klaxons des voitures et surtout des corbillards, suscitent de l’émotion. Chaque groupe sort avec son corps dans des cortèges impressionnants. Le nombre impressionnant des défunts, la grandeur du défunt et surtout son importance.

Il faut être utile aux autres de son vivant, car ce que nous avons vu, ce jeudi, en l’espace de 4h, tout est vanité rien que de la vanité. En dépit de cette vie loufoque ou sobre, clinquante, la hauteur de sa vue sur les autres, l’homme n’emporte rien dans son cercueil et ce jour-là, j’ai retenu deux choses : la qualité du servie de Jean-Marc Affian reconnu par tous et le dernier passage sur terre de ces morts, qui m’ont contraint à couler des larmes, ce qui est rare chez moi, ça veut dire que je suis aussi humain.

                                                       Reportage de Joël ETTIEN

                  Directeur de publication : businessactuality.com

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