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Côte d’Ivoire : Les jeunes ne veulent pas de l’argent des activités de proximité.

Le mur de la méfiance doit tomber en Côte d'Ivoire

En Côte d'Ivoire, il est plus qu'impérieux de décrisper l'atmosphère déjà trop délétère.

Depuis quelques mois,  je parcours souvent à pied les rues d’Abidjan et aussi à l’intérieur du pays pour vivre certaines réalités, mais j’en conclus que les jeunes ivoiriens meurent de faim par manque d’orientation ou simplement ils veulent vivre selon le regard des autres sur eux. Les petits boulots peuvent résoudre beaucoup de problèmes d’emploi, mais il faut en avoir le courage, sinon, il y a de l’argent dans ce pays. Tout le monde veut travailler sous des climatiseurs, dans des bureaux pour avoir par mois, ce qu’un commerçant gagne par jour.

Tous les petits commerces de proximité qui requièrent de l’argent au quotidien n’intéressent pas les jeunes ivoiriens, qui préfèrent se lancer dans le commerce de tous les produits de luxe qui ne se vendent pas ou qui se prennent à crédit, et ils tournent en rond toujours la main tendue vers autrui qui lui aussi a ses problèmes. En cas de refus, cela crée des litiges de famille. Un jeune guinéen a accepté que je partage sa demi-journée, il répare et cire les chaussures. Il ne l’a pas appris, il l’a appris sur le tas. Je l’ai rencontré aux environs de 10h, à Yopougon. Il est lui-même mal chaussé, mais c’est le cas des cordonniers, qui sont les plus mâles chaussés.

Vers 9h45, sur la route, il croise des chaussés à qui, il propose ses services, une seule paire coûte 100 fr, il y en a qui acceptent, d’autres non, parce qu’ils sont pressés. En route, il tape sur sa caisse pour attirer l’attention des passants. Au bout de quelques instants, il réussit à avoir trois clients pour cirer leurs chaussures. Le cirage lui a coûté -500 frs et il y avait plusieurs couleurs de cirage dans sa caisse. Il va se poster non loin de mairie annexe de Yopougon Toit Rouge et c’est à partir de là, il va faire sa recette, cirage de chaussures et réparation de chaussures. Il est maintenant 14h, quand je le quittais, il venait de faire une recette de 4000 frs, je dis bien 14h, la journée n’est pas encore terminée et il me disait que souvent, il pouvait engranger 5000 ou 6000 frs par jours, ce qui revient à 120 000 par mois, le salaire d’un fonctionnaire, là, j’ai pris le minimum. À le voir, il ne mange pas grand chose, à 12h, il s’est acheté 100 frs attiéké et poisson 100 frs.

Moralité, il ne faut pas toujours attendre des autres pour se réaliser. J’en ai conclu aussi que les jeunes ivoiriens ont honte de supporter le regard des autres, mais ce sont les autres qui s’occupent de la gestion de leur quotidien? Quand ils traversent les difficultés de la vie, est-ce que ce sont les autres qui se cotisent pour leur venir en aide? Et les petits boulots qui produisent de l’argent, les jeunes ivoiriens, les voient sans les voir pour dire qu’ils vont s’y jeter et ce sont les jeunes étrangers qui, pour se faire de l’argent pour se réaliser viennent en Côte d’Ivoire pour atteindre leurs objectifs, mais là, le gouvernement ne peut pas entrer dans chaque cour, pour inciter les jeunes sans emploi, à se lever dans ces petits boulots pour faire comme les autres.

Il y a de l’argent dans ces petits métiers et il n’y a pas de honte à les pratiquer car en voulant l’argent propre, qui ne viendra jamais, beaucoup de jeunes ivoiriens préfèrent s’adonner à la drogue, à la prostitution, au broutage et si ce n’est pas la mort, c’est la prison. Il y a de l’argent dans ce pays, pour ceux qui ne veulent pas retourner à la terre, les petits boulots peuvent éteindre la soif éternelle et l’espérance d’une vie meilleure.

                                      Joël ETTIEN  

   Directeur de publication : businessactuality.com

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