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Côte d’Ivoire: L’Etat une institution, une continuité, un symbole de vie

Dans la recherche des remèdes pour la guérison des maux dont souffre, la Côte d’Ivoire, nous avons l’honneur de recevoir en contribution, des pensées positives et bien orientées pour édifier les autorités dans leur recherche des voie et moyens, pour l’amélioration des conditions de vie, des ivoiriens. M. Ayoun N’da, nous fait cette distinction en nous faisant partager son expérience. Appréciez !  

L’ETAT UNE INSTITUTION, UNE CONTINUITE, UN SYMBOLE DE VIE. 

L’Etat, invention humaine pour assurer la sécurité, l’ordre et l’épanouissement des membres d’une société, disposant de la souveraineté, est une institution à connotation juridique et politique, impersonnelle. Porteur de l’intérêt général et promoteur du bien commun, l’Etat incarne une continuité et un symbole de vie. 

D’emblée, l’Etat étant une continuité, il faudrait donc pour ses dirigeants rompre avec la culture, particulièrement africaine, de l’éternel recommencement. En Côte d’Ivoire précisément, des études existent et constituent un corpus de propositions et de projets pour faciliter la mise en œuvre cohérente des réformes. 

Actuellement il est annoncé, çà et là, des réformes au niveau de la Fonction publique et d’autres secteurs de la vie publique. 

A vrai dire, un Etat efficace dispose et s’appuie sur une haute administration, l’élite du service public, pour la conservation de la mémoire institutionnelle, la continuité et la cohérence de son action, malgré les inflexions liées aux exigences idéologiques et aux contingences politiques. 

Ainsi la réforme envisagée du Statut général de la Fonction publique interpelle-t-elle sur la nécessité de prendre des mesures de précaution de nature à consolider davantage le système. Rappelons brièvement que le premier Statut date de 1959, le deuxième de 1964 et l’actuel de 1992, soit trois (3) textes en soixante-deux ans, une expression de stabilité avérée. 

La loi no 92-570 du 11 septembre 1992 portant Statut général de la Fonction publique en vigueur, aura entre autres le mérite de privilégier la formation, de favoriser la mobilité professionnelle et de susciter la rationalisation de la procédure d’exercice du droit de grève. 

Il a été notamment procédé au regroupement des cent quarante-quatre (144) corps, expression de cloisonnement professionnel, avec un esprit de caste donc d’enfermement, pour aboutir à la création de six (6) familles d’emplois

Les emplois sont ainsi regroupés en six (6) ensembles de spécialités appelés familles d’emplois. Ce sont : 1/ les emplois de l’éducation et de la formation ; 2/ les emplois scientifiques et techniques ; 3/ les emplois à caractère administratif et juridique ; 4/ les emplois de production littéraire et artistique ; 5/ les emplois des affaires sociales ; 6/ les emplois de gestion économique et financière. 

Cette option a permis de prendre en compte tous les secteurs d’activité dans la Fonction publique qui, à titre d’exemple, ne pouvait pas recruter des informaticiens jusqu’à une période relativement récente. Le métier n’existait simplement pas dans la nomenclature des corps. La notion de famille, plus large, permet d’intégrer toute qualification actuelle ou future, utile à l’accomplissement du service public. Au demeurant, elle facilite la reconversion et la mobilité professionnelles. Le Statut général de 1992 a été l’aboutissement d’un processus méthodique et inclusif mené sous l’autorité pédagogique du ministre Patrice KOUAME, ministre de l’Emploi et de la Fonction publique de 1990 à 1993. 

De cette expérience, il nous est plausible de proposer une étape indispensable d’évaluation des résultats de l’application du Statut général actuel, pour espérer maintenir une cohérence dans l’évolution institutionnelle, avant la réforme envisagée. 

Des documents déjà élaborés peuvent être mis à la disposition des autorités compétentes, le cas échéant. 

Il s’agit notamment, par ordre chronologique, de :  

  1. Projet de réforme de l’Ecole nationale d’administration- ENA (1987) ; 
  1. Étude diagnostique de l’Administration ivoirienne (1991) ; 
  1. Réforme du Système administratif ivoirien (2001) ; 
  1. Étude sur la réforme des Autorités de régulation des médias en Côte d’Ivoire, (2004) ; 
  1. Création d’une Structure d’appui au gouvernement en matière de politiques, économiques et sociales, (2005) ; 
  1. Projet de Charte de la cohésion sociale, (2006) ; 
  1. Projet de Code d’éthique et de déontologie du service public en Côte d’Ivoire, (2007) ; 
  1. Élaboration du projet de Décret portant missions, organisation et fonctionnement du Secrétariat général de ministère, (2010) ; 
  1. Guide pratique du Directeur de cabinet ministériel, (2021) ; 

En s’inscrivant dans une continuité et le respect des valeurs, des principes et des règles qui le régissent, l’Etat devient un symbole de vie, de promotion de la dignité humaine et de mouvement historique. 

Notre objectif majeur, c’est dans l’intérêt du pays, d’essayer d’apporter un modeste concours à la conduite efficace et fructueuse des missions de la ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration, une femme politique d’engagement, d’action et de détermination. De la sorte, elle pourrait certainement mieux accompagner le Président de la République dans sa volonté de transformation d’une Côte d’Ivoire solidaire et prospère. Il est temps pour toutes et tous d’entrer dans une dynamique de construction d’une conscience citoyenne et républicaine, sur la base du sentiment d’appartenance à une nation unie et indivisible. 

Quel que soit le parti ou le groupement de partis au pouvoir, il est louable de comprendre qu’on est au service de populations qu’on doit aider à s’épanouir au nom de la fraternité, la fraternité citoyenne, la fraternité humaine. 

Le pouvoir et l’opposition doivent-ils toujours et sur tout s’opposer systématiquement ? En empruntant cette voie, l’on perd de vue l’essentiel. Ainsi, apparaissent des autorités non instituées, la nature ayant horreur du vide. Dans notre pays la Côte d’Ivoire, depuis de nombreuses années, des structures sans aucune compétence ni légitimité attribuent des ‘‘prix d’excellence’’ en matière de gouvernance ou de gestion aux dirigeants politiques, administratifs ou de services publics, sans que cela ne suscite aucune interrogation ou interpellation. 

Cette pratique procède du chantage et de menaces inavouées de nature à interférer de façon intempestive dans la gestion publique. Quel est l’organe légal et légitime de l’Etat habilité à autoriser le suivi et l’évaluation du service public ? La surpolitisation de la vie institutionnelle, administrative, économique et social nationale, dans le cadre d’un multipartisme mal assuré depuis 1990, ne peut qu’entrainer des effets néfastes pour l’ensemble du pays. 

Le Premier ministre Patrick ACHI va bientôt conduire un dialogue politique avec l’opposition, sur instruction du Président de la République Alassane OUATTARA, en vue de l’amélioration du climat sociopolitique. A cette occasion, puisse l’esprit de paix et de dialogue du Président Félix Houphouët-Boigny inspirer l’ensemble des participants, pour des résultats allant dans le sens de la construction nationale, dans la confiance, la solidarité et la fraternité ! 

Devant le 9e congrès du PDCI-RDA son dernier Congrès, en 1990, à Yamoussoukro, le Président s’est adressé, au-delà de son parti, parti unique pendant 30 ans, à la nation entière : 

« le PDCI n’est plus seul sur la scène politique ivoirienne. Nous irons bientôt aux élections avec des opposants. Notre attitude à l’égard de l’opposition doit être loyale. La vraie démocratie exige que la majorité qui sort des élections gouverne en respectant les minorités, et dans bien des domaines touchant à l’intérêt national, collabore avec l’opposition…la compétition entre les partis doit se faire dans un cadre fraternel ». 

Alors dans la foi partagée en un avenir national commun, au service de l’Etat, osons avec dévouement des actes d’espérance, pour l’amour de demain. 

                                                                                           Abidjan, le 9 décembre 2021 

                                                                                                  Pierre AYOUN N’DAH 

Administrateur civil général 

                                                                                                  Docteur en Droit public 

                                                        Expert en management des organisations publiques  

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