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Côte d’Ivoire: Que retenir des trois ténors politiques ivoiriens ?

Qu’est-ce que les trois ténors politiques Bédié, Ouattara et Gbagbo veulent que les ivoiriens et le monde retiennent d’eux ? Si aujourd’hui, certains ivoiriens se souviennent du président Houphouët Boigny, c’est qu’ils reconnaissent en lui, le père fondateur, celui qui a régné avec la participation sincère de tous les ivoiriens sans exception. Pour la génération des années 90 qui ne l’ont pas connu, ont la chance d’écouter les propos de regret et de nostalgie de leurs parents à partir de ses réalisations. Houphouët a réussi à uniformiser le pays et les richesses ont été équitablement réparties disent-ils.

Depuis sa mort à ce jour, à commencer par ses fils héritiers politiques qui ont mis le feu dans ce riche héritage, le pays ne s’est plus bien porté. De palabre en leadership, les autres sont venus ouvrir le pays à d’autres prédateurs et le beau pays du président Houphouët souffre de son ouverture et de son hospitalité. 

Après son décès, le président Bédié, sans véritablement communiquer sur ses projets culturels, s’est vu accrocher à son cou, le concept d’ivoirité qui s’est retourné contre lui et survint le coup d’état militaire du jamais vu en Côte d’Ivoire et il continue d’assumer moralement les conséquences. Ainsi sous lui, le pays a connu ses premiers soubresauts. Il s’est agrippé au PDCI RDA dont la persistance a vidé son contenu, la preuve, on lance des appels à candidature et les candidats ne veulent plus s’y intéresser, de peur de se faire voir au grand jour, parce que beaucoup ont pris des engagements ailleurs surtout au RHDP. Ce qu’on pourra peut-être retenir de lui, c’est sans doute, le père de l’ivoirité.

Il a signé plusieurs alliances qui n’ont rien rapporté à l’ensemble de son parti politique, le PDCI RDA. Il s’est vu flouer qui lui a permis de déchirer la parfaite alliance avec lui et son jeune frère Alassane Ouattara qui lui a dédié le pont à péage pour lequel, il avait lancé un appel à ses militants de le voter pour trois mandats. Moralement et politiquement, quoi retenir de lui? Pour l’instant, on lui reconnaît de grands projets de développement qui, hélas, n’ont pu voir le jour. Pendant sa gouvernance, il n’a ignoré aucune région. Les Zémogo Fofana pourront en témoigner.

Peut-on parler de Guéï Robert ? Le haut gradé militaire n’a pas duré, même si son collège était dirigé par des sommités comme Paul Akoto Yao. Il avait bien démarré, mais à vouloir s’agripper au pouvoir, il a été violemment assassiné.

Tout d’un coup arrivait au pouvoir le woudou de Mama, comme aimaient l’appeler ses admirateurs, Laurent Gbagbo. Il était porteur de gros espoirs, mais plus tard, les puissances qui ont eu peur de ses discours nationalistes, ont comploté contre lui et il a été renversé, la suite on la connaît, la prison, l’acquittement et à son retour a créé un autre parti politique pour éloigner de la guéguerre, des membres du FPI, ses jeunes qui l’ont soutenu. L’homme est fatigué. Il attend ses droits financiers pour vivre des jours heureux. Que retenir de lui ?

Celui qui avait confondu sa ligne politique quand il était au pouvoir et croyant à son peuple, il s’est fait balayer, mais sur le plan vestimentaire, Laurent Gbagbo a apporté un changement important, il s’habillait décontracté. Il avait aussi réussi à imposer un langage léger accessible à tous. Il avait lutté contre les envahisseurs, mais plus nombreux, il n’avait pas voulu chercher de nouveaux alliés et il est tombé.

Quant au président actuel, tout le monde sait les conditions dans lesquelles il est parvenu au pouvoir. Des observateurs reconnaissent qu’il est venu avec des coupeurs de gorge qui ne font que souvent lui réclamer leurs dûs et s’est entouré des gens qui n’avaient pas la compétence pour l’aider dans la gestion de sa politique. La plupart de ses alliés l’ont quitté. Aujourd’hui, on ne peut pas devenir député au nord, si on n’est pas nordiste. Pourtant, un nordiste peut devenir député, maire, président du conseil régional au sud, à l’ouest, à l’est, c’est ainsi que vous arrivez à Aboisso, par exemple, Cissé est le député. Chez les agni, ces noms n’existent pas si ce ne sont les Kouadio, Kassy, Aouélé, Aka.

Si M. Ouattara veut rentrer dans l’histoire, qu’il fasse voter une loi permettant aux autres cadres de devenir députés au nord, par exemple. Tous les postes de responsabilité sont tenus par des cadres du nord et les quelques rares qui sont avec eux, ne le sont que pour être des figurants. La peur fait que toutes ses réalisations aussi remarquables ne disent rien aux autres qui prient pour son départ.

Autour de lui, ses conseillers qui ne font que s’enrichir au quotidien, ne font que lui plaire par des propos griotiques et on ne sait pas comment il arrive à s’en défaire.

Quand on fait le tour, jusque-là, seuls ceux qui les adulent, nous situeront sur leur choix. Ce qu’ils retiennent d’eux, sinon, la Côte d’Ivoire continue sa souffrance parcellaire et ses joies étriquées.                                                              

Joël ETTIEN
                                Directeur de publication: businessactuality.com

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