Côte d’Ivoire: Tant que les morts-martyrs ne sont pas reconnus, ce pays ne connaîtra jamais de paix.
Le spectre de la mort est sur la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire a connu trop de génocides cachés qui pèsent sur ce pays. Des familles ont été contraintes de se taire sans voir le corps de leurs parents tués pour faire des deuils à exorciser. C’est vrai qu’on ne peut pas faire d’omelettes sans casser les œufs, mais les différents crimes qui ont été perpétrés pour bâtir la Côte d’Ivoire, ces crimes doivent connaître la vérité et procéder à une vraie inhumation et des funérailles adéquates.
En RDC, la famille de Lumumba s’est battue pour avoir ne serait-ce qu’une partie du corps de leur père et leader, pour lui organiser des funérailles grandioses; ce pays va s’en sortir, ce n’est qu’un problème de temps.
En Côte d’Ivoire, il y a des secrets enfouis qui murmurent de leur mécontentement et tant qu’un président qui prend ce pouvoir ne procède pas à rétablir ces vérités, ce pays, ira de mal en pire. Le mal de la Côte d’Ivoire, ne nous voilons pas la face, est plus spirituelle que physique.
Prenons l’exemple des Guébié, une ethnie minoritaire à l’ouest ivoirien, qui avait eu pour leader, Kragbé Gnangbé, qu’on a envoyé un escadron un matin, aller l’assassiner et dont le corps n’a jamais été restitué à sa famille, est un gros sort qui pèse sur ce pays. Le cas des agni Sanwi d’Aboisso qui s’étaient rebellés et qu’on a envoyé des militaires les tuer comme des mouches pour soit dit en passant, construire ce pays. La révolte des Abbey d’Agboville qui a été sauvagement réprimée et qui, jusque-là, personne n’en parle, comment ce pays peut-il retrouver la paix?
Quand on dit en Afrique que les morts ne sont pas morts, il faut respecter cette maxime. Il n’y aura jamais de paix dans ce pays si le président de la république, ne prend pas sur lui, un temps pour recevoir, les agni, abbey, Guébié, si nous avons une histoire, il pourra éclairer celui qui voudra bien offrir à la Côte d’Ivoire, ce havre de paix. Avec autant de cadavres introuvables, comment ce pays peut-il vivre dans une paix durable?
Il faut organiser des funérailles grandioses à ces morts-martyrs pour que le malheur quitte la tête des ivoiriens. On ne pourra jamais organiser des élections propres sans morts et destruction de biens publics. Ce que les français ont fait de pire pour asseoir leur pouvoir en Côte d’Ivoire, il faut que l’ivoirien se remémore de tous ces cadavres qui ne veulent pas partir et qui jettent l’opprobre sur ce pays, dit de paix, mais spirituellement envahi par des tueries, des assassinats. Les bété ne sont pas contents parce qu’ils veulent savoir où se trouve le corps de leur frère Kragbé Gnangbé et ils ont raison. Le général Ouassenan vit encore, il peut aider à guider des pas, pour savoir où se trouve le corps de leur illustre frère car ils ont raison de le réclamer pour lui organiser des funérailles dignes de ce nom. Celui qui devrait s’en occuper qui, malheureusement ne l’a pas fait, c’est bien le président Gbagbo Laurent qui fait partie des meurtris. Les raisons, il est le seul à les posséder.
Il faut aider les agni et abbey à soigner leurs plaies. Si on se joue des morts, à chaque grand carrefour important de la Côte d’Ivoire, comme les élections, il y aura toujours des morts. Comme si cela ne suffisait pas, on continue de tuer, d’emprisonner pour le pouvoir, mais à quel moment ce pays pourra-t-il s’en sortir? On ne fait pas le deuil national des morts coloniaux pour ramener la paix définitive et on en augmente tous les 5 ans, mais les ivoiriens se verront toujours dans le chaos. Pourtant, chose impensable, c’est en Côte d’Ivoire, qu’on compte le plus d’églises, de temples avec à leur tête des pasteurs menteurs, des imams qui entendent ces cris douloureux qui ne font rien pour ouvrir des voies saines et propres pour l’avenir.
Ce que nous écrivons, aux yeux de certains, trouveront que nous réveillons des vieux démons, mais mieux vaut, une vérité qui guérit, même triste et douloureux, qu’un mensonge qui endeuille tous les 5 ans.
Le président Ouattara peut rentrer dans l’histoire s’il maîtrise vraiment l’histoire douloureuse pour rétablir une vérité absolue et il sera grandi.
Chaque peuple ivoirien a ses cadavres, mais il y a cadavre et cadavre, nous parlons de ceux dont leur assassinat pose problème et que personne ne veut en parler. Peut-on soigner une plaie sans enlever la croûte? Elle ne guérira jamais. Les autres pays africains pourront s’en sortir, mais pour la Côte d’Ivoire, ne nous mentons pas, il y a trop de grabuges qu’il faut exorciser si nous voulons que la Côte d’ivoire s’inscrive dans le registre de pays de paix durable.
Joël ETTIEN
Directeur de publication: businessactuality.com
