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Côte d’Ivoire: Une demi-journée dans un ministère, mon récit.

J’ai passé une demi-journée dans un ministère au Plateau et voilà mon constat. Arrivé aux environs de 10 heures, je trouve déjà un nombre impressionnant de visiteurs qui attendent. Le nombre de fauteuils ne suffit pas à tout le monde et les visiteurs affluaient, chacun avait rendez-vous ferme avec le ministre.

Quelque part dans un ministère au plateau

On attend et vers 11heures, en face de moi, un vieux couple avec des papiers dans la main de la dame, et elle a commencé à s’endormir et les autres feignent ne pas la voir, chacun est sur son téléphone. Le hall est saturé et le ministre ne reçoit que goutte à goutte.

On ne peut pas se plaindre et il faut attendre. Mon rendez-vous était fixé pour 10h30 et croyant bien faire, je prends de l’avance, c’est mal connaitre le système. Il est 12h, il n’y a quelques petites poignées qui sont reçues et le sommeil s’empare de certains dans la salle d’attente du bureau luxueux et climatisé du ministre, mais ça ne suffit pas.

Le nombre s’accroit et je sens un peu de gène dans le comportement de la secrétaire qui fait au mieux, mais ce n’est pas elle qui décide. Quelques minutes, nous sommes plus de quatre à vouloir chercher des prises électriques pour charger nos téléphones qui s’épuisent, elles sont loin de nous. Il faut être à côté de son téléphone s’il sonne et voir celui-ci loin de soi en train d’être chargé, c’est une autre corvée.

Il 14 heures, la salle ne maigrit pas, mais grossit. Je rappelle que je suis là depuis 10 heures et j’ai même trouvé d’autres avant moi qui attendaient et ne sont pas encore reçus.

Il est 16h et je me décide à sortir de la salle d’attente et me diriger vers les ascenseurs. Mon absence ne s’est même fait sentir et je sors de l’immeuble. En bas, je me pose la question, à quoi ça sert de vouloir inviter des gens, si c’est pour les faire poiroter des heures et des heures durant ? Il suffisait que le ministre donne des instructions à sa secrétaire de faire coller une note de service pour s’excuser auprès de ses visiteurs, pour des raisons d’inconvenance, mais non, le ministre ne m’a pas reçu.

J’ai gardé une triste image du couple assis en face de moi dont la femme avait une chemise contenant des dossiers, sans doute qu’il voulait voir le ministre pour lui solliciter une aide pour un enfant, il n’a pas été reçu et je le vois qui passe devant moi, le vieil homme, dans son costume secoué et remis pour la circonstance. L’espoir d’un miracle de voir le ministre pour lui exposer leurs problèmes, s’est fondu comme du beurre au soleil.

Pour ceux qui étaient reçus, ne venaient pas saluer ceux qui attendent depuis, quand je me suis renseigné, le ministre a plusieurs sorties et donc, les heureux à la table du ministre, sont sortis par ces sorties sans que les autres, qui en profitent pour se familiariser, se disent au revoir.

J’ai passé une demi-journée dans un ministère et la question que je me suis posé, le ministre était bien dans son bureau, était-il obligé de faire aligner autant de soucieux, s’il ne parvenait pas les satisfaire ne serait-ce que leur serrer la main. Le couple machait, l’un à côté de l’autre, je le vois s’éloigner avec la déception qui s’emparait de leurs démarches, comme pour dire, le ministre ne nous a pas reçus, diantre. Si le ministre n’a pas le temps, et chez le président de la république donc ? Enfin, pour l’instant, je n’ai pas de rendez-vous à haut lieu.

                                                            Joël ETTIEN

                          Directeur de publication : businessactuality.com

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