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Gabon: le gouvernement affiche sa fermeté face aux revendications des enseignants

Des manifestations de lycéens ont éclaté dans plusieurs villes du pays. Les jeunes réclament le paiement d’arriérés de bourses, davantage de moyens pour étudier et le retour des cours alors que depuis plusieurs jours les professeurs sont en grève. Les enseignants réclament des arriérés de salaires et de primes. C’est dans ce contexte que le gouvernement a fait le choix de la fermeté.
Hier le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie By Nzé, a annoncé qu’à partir de samedi, les soldes de 807 enseignants de primaire et secondaire seront suspendus. Certains professeurs seront même radiés de la fonction publique. Des procédures seront engagées contre 19 autres accusés d’avoir demandé de l’argent aux parents pour assurer les cours.

« Il faut faire des choix, et le gouvernement fait les choix de continuer à payer des salaires pour ceux qui travaillent, de suspendre les salaires de ceux qui ne travaillent pas, le gouvernement fait le choix de la fermeté, explique Bilie By Nzé. Pour ce qui est de l’argent qui est dû, le gouvernement a reconnu qu’aujourd’hui, il n’a pas la possibilité de payer ces vacations. Donc, que fait-on face à des enseignants politiquement engagés qui veulent prendre l’éducation nationale en otage pour des revendications politiques ? Nous ne devons pas d’un côté continuer à payer des salaires à des gens qui ne travaillent pas, de l’autre côté avoir des enfants qui n’apprennent pas et qui commencent à faire des manifestations de rue. Il faut un moment donné qu’on arrête cette petite blague… »

De leur côté, les syndicats bondissent face à ces mesures annoncées par le gouvernement. Serge Ndong Edzo est le délégué général de la Conasysed, la Convention des syndicats de l’Education nationale. Il nie toute manipulation des manifestations étudiantes et il promet que les enseignants ne se laisseront pas faire.

« Ils ont peur d’une année blanche les élèves là, c’est pourquoi ils ont manifesté. La Conasysed n’a jamais demandé aux élèves d’aller dans la rue, parce que les élèves ne sont pas nos adhérents. Au lieu de payer, c’est-à-dire de donner aux enseignants ce qu’ils leur doivent, ils préfèrent passer par la menace. Alors que nous avons raison, ils ne nient pas nous devoir cet argent-là. Je veux user des droits reconnus par mon pays, et on me radie. Cela s’est vu dans des pays totalitaires. Nous vivons dans un régime de fouet. Pour licencencier un fonctionnaire gabonais, la procédure existe. Je n’ai jamais fait l’objet d’un conseil de discipline, jamais trahi quoi que ce soit, mais je m’attends à un licenciement. Je confirme à tous les enseignants de ne pas reculer, de ne pas avoir peur. Nous allons manifester publiquement, et nous allons également porter l’affaire devant la justice comme nous l’avons souvent fait. »

Dans un communiqué, le ministère gabonais de l’Intérieur revient sur les manifestations d’élèves de lundi. Il dénonce une instrumentalisation du mouvement par des syndicalistes et des partis d’opposition. A Libreville, 38 élèves ont été interpellés puis relaxés, disent les autorités. A Lambaréné, la manifestation a été contenue, sans incident ni interpellation. Pour Port-Gentil, où des échauffourées avaient éclaté, le gouvernement parle de 400 élèves surchauffés lançant des projectiles sur les policiers. Selon le communiqué, les forces de l’ordre ont fait les sommations d’usage, avant d’utiliser du gaz lacrymogène. Le gouvernement parle d’une élève blessée lors d’une chute, de quatre jeunes interpellés et auditionnés.

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