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Afrique: INSTITUTIONNALISATION ET PROFESSIONNALISATION DE L’ÉTAT, LE SALUT DE L’AFRIQUE !

L’échec africain est largement lié à la mauvaise perception de l’État,  patrimonialisé (appropriation privée et pillée) au lieu d’être institutionnalisé (appropriation collective avec une gestion rationnelle et solidaire). Cela est  aussi bien le fait des gouvernants que des gouvernés. Le déficit d’institutionnalisation de l’État conduit inévitablement et dangereusement à la personnalisation voire la personnification du pouvoir, incompatibles avec la promotion de la démocratie.

L’État de nos rêves !

Pour faire simple, l’État a été inventé, seulement au XVIème Siècle, selon Georges Burdeau, « pour que l’homme n’ait pas à obéir à l’homme », un individu, une  personne physique, mais plutôt à une  institution c’est-à-dire une organisation, une  personne morale de droit public. Celle-ci est, par la volonté populaire, dotée des prérogatives de  puissance publique pour la sécurité, la justice, la paix et l’épanouissement de l’ensemble de la population. L’État apparaît donc comme porteur de l’intérêt général et gestionnaire du bien national commun en même temps que du temps long de la nation.

L’État , normalement, consiste en une organisation politico-juridique soumise à des principes, des valeurs et des normes qui forment la légalité et forgent l’éthique républicaine ainsi que la légitimité. La raison d’être du pouvoir, c’est de rendre possible la vie harmonieuse d’une multitude de personnes ou groupes de personnes, naturellement différentes, dans un ordre désirable. Même les régimes monarchiques ont progressivement, au cours  de l’histoire, adhéré formellement à ce schéma pour  se moderniser et, de façon réaliste, continuer d’exister. Le respect de ces éléments, en réalité, promeut l’État de droit et la démocratie, en garantissant la dignité de la personne humaine, la sécurité des personnes et des biens. Dans ce contexte, le rapport au temps demeure important dans la capacité et la pertinence à exercer au mieux le pouvoir, le mandat ou la fonction. << Il faut savoir laisser les choses avant que les choses ne vous laissent >> ( Charles de Gaulle).

Au service de tous, dans la neutralité et l’impartialité, raisonnablement l’équité, l’État doit faire l’objet d’une professionnalisation de sa gestion. Celle-ci concerne à la fois les aspects politiques, juridiques, institutionnels, administratifs, économiques, financiers, diplomatiques et socioculturels, des enjeux globaux. Une formation appropriée doit ainsi être requise et une qualification exigée pour pouvoir prétendre agir au nom et pour le compte de l’État. Exercer un métier, une fonction ou tout simplement une activité,  sans en avoir la culture, constitue un danger pour la société. À cette exigence correspond la nécessité de la formation, une formation adéquate.

Sortir des banalités, des futilités et autres obséquiosités aiderait sans doute à  s’ investir dans des œuvres utiles, constructives et structurantes.  << Il faut servir l’État sans servilité >> (Philippe Grégoire Yacé).

Les fonctionnaires devraient pouvoir vivre décemment de leur emploi, l’emploi public, afin d’accomplir leurs missions de service public, service au public, à la nation avec sérénité, en conscience et dignité, dans la sécurité juridique et sociale. Autrement,  le destin des peuples restera constamment  soumis aux aléas des caprices, prévarications et autres impérities de prédateurs des ressources publiques, sans foi ni loi. Ce que l’État doit faire et ne le  fait pas ou le fait mal, personne d’autre ne peut le faire à sa place. Il appartient à l’État de transformer positivement, continuellement et durablement la société (le sens des réformes!), et non subir les pesanteurs et dérives de celle-ci.

Les pays évolués, structurés et organisés avancent, dans la paix, sur le chemin du développement, grâce à une discipline individuelle et collective, assurée par une sanction raisonnée des manquements,  dont particulièrement la corruption. À cela, il convient d’ajouter l’esprit et la culture d’anticipation, de réflexion préalable, de prospective, du  contrôle, du suivi et de  l’évaluation des résultats. L’ensemble est soutenu par, d’une part une documentation constitutive de mémoire et d’enseignement, aide à la décision et, d’autre part, une communication assertive et persuasive. Toute une pédagogie de la gouvernance dont doivent s’inspirer nécessairement les États africains pour que le continent « noir  » prenne des couleurs et accède à la lumière, par l’engagement  et la responsabilité de ses filles et de ses fils, en considération et confiance avec le reste de l’humanité.

Toutes choses étant égales, par ailleurs, les organisations internationales africaines devraient s’inscrire résolument dans une vision nouvelle de construction d’autonomie collective pour aboutir à des États stables, efficaces et efficients, qui servent l’intérêt général. 

Il semblerait que l’année 2023 serait une grande année électorale en Afrique. Que font déjà, concrètement ces organisations pour nous éviter des élections sans violences ? C’est le mouvement maîtrisé qui commande le rythme, définit la cadence et assure l’ordre, « ciment de la République »( Édouard Balladur), pour la paix, la concorde nationale et le progrès continu. Une symphonie à entreprendre, dans l’allégresse, avec la possible et légitime fierté d’avoir été là, d’y avoir participé! Anticipation, évaluation, enseignements, innovations, améliorations  pour le développement humain durable !

Sur toutes ces questions, des contacts pourraient être utilement pris avec le CERAP (Centre de Recherche et d’Action pour la Paix) d’Abidjan, doté de deux structures, l’IDDH ( Institut de la Dignité et des Droits de l’Homme) et l’ESMPAO (École des Sciences Morales et Politiques de l’Afrique de l’Ouest).
  La mobilisation de toutes et de tous est souhaitée, au-delà et certainement par la complémentarité et la force des différences, pour espérer rendre l’État africain performant en vue de l’instauration de la sécurité, la paix et le développement en Afrique.

Janvier 2023
                    Pierre AYOUN N’DAH
                    Docteur en Droit public
      D.E.S.S. Diplomatie et Administration des  Organisations Internationales
    Ancien professeur à l’ÉNA Côte d’Ivoire 

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