La CEDEAO inquiète en Côte d'IvoireINVESTIGATION 

INTEGRATION REGIONALE ET STABILITE DES ETATS OUEST-AFRICAINS : SORTIR DU CERCLE VICIEUX (3ème partie et fin)

Aujourd’hui, la mondialisation a ouvert un vaste champ de compétition où les ressources principales sont, en réalité, la créativité, la capacité d’adaptation et la force de conviction et d’engagement, le « soft power ». Aussi, dans la vie des Etats s’impose la nécessité de la coopération. Cependant, celle-ci ne peut se substituer à la volonté nationale, à l’effort de chacun des Etats dans la quête du développement, de la sécurité et de la paix. En toute lucidité, « ce qu’un peuple ne fait pas pour lui-même, ce n’est pas un autre qui le fera à sa place » (Jean Dutourd).

Le Président Léopold Sédar Senghor, premier Président du Sénégal, ayant quitté le pouvoir volontairement en 1980, académicien, recommandait un processus de construction de l’unité ou de l’intégration africaine par cercles concentriques. Un préalable indispensable et incontournable qui, objectivement, s’inscrit dans une démarche de rationalité, d’efficacité et d’efficience. La raison pourrait-elle être aussi africaine ? La réponse semble avoir été fournie par le Président-poète. Mais l’optimisme et le courage doivent habiter les dirigeants ouest-africains, pour rechercher avec les partenaires, dans la dignité, les solutions qui répondent aux aspirations légitimes des peuples, raison d’être de l’existence des Etats et de la création des organisations internationales.

C’est objectivement et globalement l’avenir du continent qui est en jeu. Certes, des interférences et influences étrangères gênent visiblement la marche en avant de l’Afrique. Toutefois, le changement qualitatif ne pourrait advenir que de la construction d’une autonomie collective, la mise en commun des efforts pour l’édification d’États effectifs, institutionnalisés et modernes.

Aussi les institutions africaines, régionale et sous-régionales, à travers l’UA (Union africaine), la CEDEAO ( Communauté Économique Des États d’Afrique de l’Ouest ), l’UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine) et le Conseil de l’Entente, sont-elles interpellées sur leur vision et leur responsabilité dans la promotion et la consolidation de l’État de droit et de la démocratie. A se placer constamment dans une posture d’ambiguïté, ces organisations se fragilisent et risquent de s’exposer, à terme, à une remise en cause de leur raison d’être et de leur légitimité. Du reste, la coexistence des trois organisations apparaît-elle encore judicieuse et opportune ?

Des études diverses existent sur lesquelles elles pourraient utilement s’appuyer pour se réhabiliter, se redynamiser et finalement entrer véritablement dans leurs missions de sécurité, de paix et de développement. L’on peut notamment citer, à cet égard, le Plan d’Action de Lagos (PAL) adopté par l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine), actuelle UA, en Avril 1980. Les réformes envisageables prendront utilement en compte les principes de solidarité et de subsidiarité, soutenus par une éthique politique élevée. L’avenir ne serait certainement pas dans l’enfermement national ou sous-régional, mais bien l’ouverture aux autres pour pouvoir accueillir et intégrer les innovations, nécessaires pour le développement et la sécurité.

Raisonnablement, en politique, pour la bonne gestion de la communauté, même celui qui n’est pas d’accord mérite d’avoir voix au chapitre, dans le respect des textes juridiques fondés sur la raison, le discernement et visant l’intérêt général. Le recul démocratique, les atteintes aux libertés, le déficit de sécurité et la régression sociale ne doivent pas s’inscrire dans une logique de fatalité africaine. Un sursaut d’orgueil devrait pouvoir mettre les élites du continent en mouvement, pour faire bouger les lignes, en vue d’entrer résolument dans une dynamique porteuse de progrès et de prospérité, dans un monde en perpétuelles mutations. 

11 février 2022

Pierre AYOUN N’DAH

Docteur en Droit Public

Expert en Management des organisations publiques

Spécialiste en Relations internationales et Organisations régionales africaines.

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