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L’an 1 de la disparition et levée de deuil du président Bédié : Georges AMANI, un des grands adeptes du PDCI-RDA le ressuscite

La célébration de l’an I de la disparition du président Bédié doublée de la  cérémonie de levée de deuil s’est déroulée à Daoukro du mercredi 31 juillet au jeudi 1er août 2024 à Daoukro. Le point d’orgue a été la conférence suivie de la projection du film hommage à Bédié réalisé par Georges AMANI, l’un des communicants du PDCI. L’occasion pour nous de découvrir l’homme, le doyen de la presse privée en Côte d’Ivoire, biographe de Bédié et retirer la quintessence de son attachement à l’illustre disparu. Un entretien qui vaut son pesant d’or à lire et à faire partager.

Businessactuality.com: Bonjour monsieur Georges AMANI et cher aîné. Nous savons que vous portez plusieurs casquettes : Journaliste,  écrivain, expert en communication, administrateur de société, agent de développement rural, chercheur indépendant et  autres. Sous laquelle où lesquelles de ces qualités vous présentez-vous ?

Georges AMANI : tout dépend de vos préoccupations. Partons pour le journaliste qui est une fonction transversale d’entre toutes et qui m’offre la qualité d’écrivain et producteur audiovisuel. 

batv : Donc journaliste, mais vous êtes aussi grand militant du PDCI-RDA. Quel est votre statut dans le parti et comment en êtes-vous arrivé là avec votre plume ou votre caméra ?

Georges AMANI :  tout est arrivé un peu par coïncidence et au hasard. D’abord pour le journalisme, je suis entré à Jeune Afrique en 1986  à Paris avec pour objet de faire un stage d’un mois pour valider ma maîtrise en AES (Administration,Economie et Social) bien sûr avec déjà un certificat de journaliste reporter. Mais j’ai pris goût à l’activité et j’y suis resté avant d’en sortir  deux ans plus tard pour regagner Abidjan avant de reprendre les études un peu plus tard pour faire un DESS en communication. 

En mars 1988, j’ai publié le premier journal privé de Côte d’Ivoire, « l’Evénement africain » d’où a été  tirée l’épreuve d’anglais probatoire série D en juin 1989. Pour la jeunesse politique, en 1983, il y a eu la création de la section française du « Club perspectives et développement de Côte d’Ivoire » créé par feu Emmanuel Dioulo alors Maire d’Abidjan. J’en étais le secrétaire général et mon ami  Ekissi Jean,  paix à son âme,  futur député maire d’Azaguié, était le président.

À un moment donné, des amis dont Koffi Kouadio Pierre dit Pépoint, Soulet Antoine, Assi Christophe, et d’autres, avons décidé de créer un groupe de militants PDCI-RDA puisque le MEECI n’existait plus à l’extérieur. 

C’est donc à juste titre qu’une fois arrivé à Abidjan je suis resté dans le milieu politique malgré mes écrits objectifs. Or les hommes politiques n’aiment que les laudateurs. J’étais admiré et craint à la fois et j’en ai payé le prix. Pendant les congrès du PDCI-RDA j’étais membre de la communication et cela à partir de 1990 jusqu’au dernier congrès ordinaire. Je suis membre du Bureau politique, Commandeur dans l’Ordre du Bélier. 

batv : Et pourquoi vous-êtes-vous consacré dans vos œuvres à Monsieur Bédié et non Houphouët-Boigny, ni même au Général Gueï Robert qui était paraît-il, votre ami il paraît. 

Georges AMANI : non il ne paraît pas, j’étais  ami au couple Gueï Robert et Doudou Rose. C’est le Président Houphouët-Boigny qui nous a rapproché  à la suite d’une  audience quelques semaines après sa nomination, à l’époque colonel, en qualité de Chef d’état major des armées.

Nous nous sommes apprécié et avons renforcé cette amitié que nous avons élargie en y intégrant mon ami et grand frère, le  célèbre styliste modéliste, Ilboudo Joseph dit Saint joe,  mon couturier qui est devenu aussi son couturier pour sa garde robe militaire et civile. Si je devais écrire sur lui, ce serait sur le militaire et non le président putschiste. Un acte que je lui ai reproché publiquement dans un article publié dans le journal quotidien l’Inter. 

batv: : Il ne vous pas proposé de poste ou c’est vous qui n’en vouliez pas ?

Georges AMANI : bien sûr qu’il m’a proposé un poste. C’est d’abord lui qui a cherché à me voir par l’entremise de notre ami à qui il avait commandé des costumes et chemises. Et quand il nous a reçu à la Primature où il avait ses bureaux avant de déménager au palais présidentiel. Au cours des échanges, son numéro 2 ou 3 le Général Diabagaté est arrivé et il s’est écrié : Amani tu es là dans ce pays  et tu viens pas me voir ? Et le général lui ademandé : << tu  connais monami >> ?  Et le Général Diabagaté de dire : << mon général ce sont les vrais parisiens de l’époque où j’étais à l’ambassade en France >>. 

Le Général Gueï m’a proposé un poste de PCA en attendant les élections et m’a demandé de venir le week-end prochain pour partager le petit-déjeuner, occasion pour que son épouse me confie un travail à faire. Mais l’expression « en attendant les élections », m’a éloigné de lui car je ne voyais plus d’avenir politique pour lui après les élections. C’était un grand officier militaire selon ses colégionnaires mais la place d’un militaire ce n’est pas le palais présidentiel par la force. 

Maintenant, pourquoi je n’ai pas écrit sur le Président Houphouët-Boigny ? J’ai pensé qu’il y avait plusieurs sachants pour s’y consacrer. J’ai seulement réalisé un film sur ses obsèques. Ça m’a coûté beaucoup d’argent et d’énergie mais m’a été interdit de le diffuser. Qui m’a empêché et pourquoi, Souffrez que je n’en dise pas plus aujourd’hui. 

Concernant le livre et le film sur le Président Henri Konan Bédié C’est plutôt par devoir d’intellectuel. C’est mon côté altruiste dont je n’arrive pas à me départir. Monsieur Bédié est un être humain et ne peut être dispensé de défauts. Il en a de bien connus mais ce sont les vertus qu’il incarne que j’ai voulu porter à la connaissance de ses compatriotes qui ne le connaissent pas assez à mon avis 

batv : Vous dites qu’il a des défauts bien connus, lesquels par exemple ?

Georges AMANI : si vous n’en voyez pas, c’est parfait (éclat de rire)

Revenons à ma logique. Je précise que je n’ai pas de lien particulier, ni d’affiliation ni professionnel avec monsieur Bédié. Mais pour les gens de mon âge, notre jeunesse a été marquée par le rayonnement du ministre Henri Konan Bédié de la décennie mil neuf cent soixante dix. Et puis il y a eu sa brutale sortie du gouvernement expliquée par la rumeur comme étant une sanction pour surfacturation dans le programme sucrier. Tout ça nous a laissé un dossier Bédié. Plus tard j’ai compris qu’il a été beaucoup plus victime de son regard vers le fauteuil présidentiel et de ses ennemis et adversaires politiques. Il porte en lui des vertus. 

Mais ma décision d’écrire et de réaliser ensuite un film audiovisuel sur lui vient donc de mon adhésion à sa vision politique. Tout le monde le reconnaît comme un ministre qui a laissé ses marques aux côtés de Félix Houphouët-Boigny dans la réalisation de la réussite économique et sociale que l’on a désigné par « miracle ivoirien ». Mieux, sa profession de fois, « YES I CAN » décrit dans son programme de société « LE PROGRÈS POUR TOUS ET LE BONHEUR POUR CHACUN » est tellement souverainiste que tout ivoirien devrait y adhérer. J’en ai condensé un bilan à mi-parcours dans mon livre « HENRI KONAN BÉDIÉ LE PHÉNIX »  et dans le film « BÉDIÉ UN PATRIOTE SOUVERAINISTE ». 

Ce monsieur a incarné beaucoup de valeurs dont nous devons faire la promotion et les exploiter. Beaucoup de personnes pensent à tort que le président Houphouët-Boigny l’a choisi de longue date pour en faire son successeur. Bien au contraire, il savait que ce jeune avait cette ambition et il le lui en a fait baver à coup d’humiliation et de persécutions. Le film le démontre.

batv : j’ai lu le livre, j’ai vu le film et je peux vous féliciter. Je présume que ces œuvres, surtout le film, vont servir de support de campagne au PDCI-RDA. Combien avez-vous reçu de votre parti pour la production d’un film aussi bien documenté et qui a dû coûter cher ?

Georges AMANI :  Tout ça coûte cher. Pour le livre, en 2016 il y a eu des personnes de bonne volonté dont messieurs Abinan Pascal, Siandou Fofana, Anoblé Félix et d’autres. Le film a coûté plus cher mais malheureusement j’ai eu beaucoup de promesses à titre personnel non tenues. Au niveau du parti  les démarches sont en cours et ça avance bien me dit-on. 

Mais au début ça n’a pas été facile. J’ai subit  plutôt des frustrations, et à des si hauts niveaux que vous ne pouvez imaginer. Vous savez le terrain politique offre tellement de croc-en jambes. 

batv: dites-moi, c’est quoi votre rôle actuellement dans la communication du PDCI-RDA ?

Georges AMANI : Après le dernier congrès ordinaire, j’étais deuxième vice-président de la Commission nationale chargée de la Communication. Un jour à une réunion, feu le ministre Banzio Dagobert m’a fait installer à la place de 3ème vice-président. Nous avons dû interpellé le secrétaire exécutif en chef, le ministre professeur Guikahué qui m’a installé dans mes honneurs. Par la suite, parfois je suis convoqué pour des réunions, parfois mon nom ne figure pas là où ça doit être. 

batv : Et qu’allez vous faire pour votre parti qui a besoin plus que jamais d’une bonne communication ?

Georges AMANI : j’allais vous répondre brutallement pour dire rien. Mais ce n’est pas vrai puisque mes œuvres sont de vrais supports dont les militants peuvent en avoir besoin. Mais à titre personnel, je vais certainement agir dans ma délégation en tant que  simple militant.

Au plan national, j’ai déjà fait ma part. D’abord en 1993/94, à la tête du journal « Bonsoir la Côte d’Ivoire « , nous avons été le seul journal à publier quotidiennement les articles et contributions justificatifs de l’application de l’article 11 de la constitution. Ceux qui ont suivi l’actualité à l’époque peuvent témoigner des risques que je courrais. D’ailleurs le financier du journal, feu Nady Rayess a été approché par l’opposition et a mis fin à son soutien financier au journal et nous avons arrêté les parutions. J’ai participé à tous les congrès, bien souvent  en tant que rédaction en chef du journal du congrès. En 2010, à la demande du président Bédié, je suis allé renforcer la rédaction du quotidien « Le Mandat qui était à un taux de vente à 28%.

En qualité de directeur de la publication, nous avons fait ce qu’il fallait et le taux de vente est passé à 57% six mois après. Le mandat était parmi les journaux proches du RHDP qui soutenaient le Président Alassane Ouattara. Le directeur fondateur, monsieur Diby en a été Honoré par le président Alassane Ouattara après sa prise de la fonction présidentielle.  A présent ce genre de journalisme politique je crois que ça va comme ça, comme on le dit au quartier. 

batv : Donc vous prenez votre retraite de la communication politique ?

Georges AMANI : je crois que oui. Je suis sorti de ma fonction de Conseiller technique chargé de Communication de l’Inspection générale d’Etat et je me suis aussitôt investi dans les affaires en qualité d’administrateur général d’une société anonyme. Parallèlement, je vais reprendre la publication d’un titre en ligne et  un Web Tv.  Je vais maintenant faire du vrai journalisme sans parti pris. 

Entretien réalisé à Abidjan

Par Joël ETTIEN, directeur de  la publication.

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