L’annonce du décès aux parents de Koffi

Les choses tristes et sérieuses vont commencer, qui vont amèrement, secouer ma vie de jeune fille qui, pendant que les autres mènent une vie tranquille, avec les délices et joie, moi, j’emprunte le chemin, d’un veuvage. Je me sens trop fragile et seule avec une fille sous la main, dans la fraîcheur de la disparition de mon fiancé. Koffi, ne voulait pas que les gens sachent sa maladie même ses parents.

Je l’ai tellement supplié sur le sujet, qu’il est resté sur sa position, de n’informer personne. J’étais dans ce dilemme, jusqu’à ce que la mort s’en suive. Sincèrement, je n’avais pas vu venir la mort, sinon j’aurai trahi, ce secret de cette confidence, les médecins me rassurant sur sa sortie de l’hôpital. Dans ce milieu, tout est, ne vous inquiétez pas, ça va aller, donc, je n’ai pas vu venir la mort. Maintenant, je me retrouve seule face à l’affront et à la compréhension de tous, parents, amis et collègues. Mon seul soutien, ma fille, ne peut rien dans ce combat. Je dois faire l’effort de supporter le deuil, ensuite, affronter des regards de compassion. La seule réaction de ma belle-famille, alourdissait ma traversée de ce désert, non souhaitée qui vient partager ma vie. Le constat de sa mort est fait et voici, la suite de ma souffrance qui restera indélébile dans ma vie.

Pour la circonstance, je me suis rapprochée de ma famille pour la suite. Ma mère, mon père et mes frères et sœurs, se sont mis de mon côté. Je n’ai pas donné volontairement la mort à mon fiancé, pour cet amour sincère et franc, on ne peut pas m’accuser de l’avoir tué. Et puis, il vient de commencer une carrière professionnelle, qu’avait-il pour que je le tue? J’ai aimé mon Koffi, qui n’a été que le seul de ma vie et aujourd’hui, me donner à un homme, c’est comme si je le trompais, je trahissais, notre serment. Alors, mes parents, prennent le soin, de se rendre chez les Koffi. Je n’y étais pas pour cause de veuvage imposé par ce deuil. Notre tradition ne m’autorise pas, d’ailleurs.

Un soir mes parents se décident de se rendre dans la cour familiale de Koffi. Il parait que, par les rumeurs, ils étaient au courant, mais ils voulaient, en être sûr avant de réagir. La délégation composée de mon père, quelques parents proches et mes frères, a été bien reçue. Après donc les protocoles et les civilités, mon père, donne la nouvelle et la furia et le holà, je vous laisse imaginer la suite. Les parents de Koffi sont informés de son décès. La clinique a pris soin d’informer, son service. Koffi, je ne sais pas si je dois dire qu’il est ou qu’il était, mais il faisait partie, de la gendarmerie. Ainsi, la gendarmerie nationale, est saisie. Sur le champ, ses collègues gendarmes se sont rendus à la clinique pour les formalités, pendant que ses parents, me cherchaient des poux dans les cheveux, avec des interrogations à n’en plus finir, j’avais le soutien, de ses collègues meurtris et celui de ma famille. Trois jours après, la délégation de la gendarmerie, se rend dans la cour familiale de Koffi, qui, donne enfin, son accord pour recevoir les condoléances.

A des moments, je regrette d’être née noire et ivoirienne, appartenant à cette tribu akan. Que de protocoles, suivis d’injonctions, d’accusations et d’intimidations. Ce qui m’a fait le plus mal, ce sont les regards. Certains, étaient sincères de compassion et d’autres, me fixant comme un assassin. Je n’ai pas le choix. Je supporte. Pour que je sois chez eux, afin de recevoir aussi, la visite des amis, collègues et parents, leurs compassions, il a fallu que mes parents bataillent fort. Mais, dans le tout début, les gendarmes sont étonnés de l’absence de la veuve que je suis ainsi que princesse. L’un de ses supérieurs, surpris de mon absence, pose la question à la famille de Koffi. Sur le coup pas de réponse et il insiste. La mère de Koffi, fait sa liturgie pour montrer au monde qu’elle ne m’avait jamais portée dans son cœur parce que je n’étais pas son choix et que si son fils, l’avait écoutée, il ne serait pas mort, de sitôt. Le commandant de Koffi, se lève. Il va s’adresser à la famille de Koffi. Mesdames et messieurs, les parents de notre regretté Koffi. Je ne suis pas venu ici, pour entendre ces propos, nous sommes venus ici, parce que c’est chez la famille de notre défunt collègue, c’est la loi, sinon, la tradition. Notre présence ici, n’est pas le début ou la fin d’un procès. Nous avons perdu, notre collègue. Vous n’êtes pas les seuls à subir cette douleur.

Nous sommes plus attristés que vous, parce que c’est un gendarme, notre collègue, avec qui, nous avons partagé tant de bons souvenirs. Nous savons qu’il vivait avec une femme et sa fille. A l’instant où je vous parle, ni sa femme, ni sa fille, n’est pas présente en ces lieux, peu importe ce que vous allez nous dire, nous voulons leur présence. Dans le cas contraire, j’informerai le président de la république et mes supérieurs pour délocaliser le lieu des obsèques, afin de nous organiser à faire le nécessaire pour que notre défunt, reçoive, les honneurs dus à son rang. Sur le coup, la mère prend la parole humiliante, en ces termes, mon commandant, nous ne savons pas où se trouvent sa femme et la fille, dont vous parlez. Madame, insiste le commandant, je ne plaisante pas et ce n’est pas le lieu de se donner, en spectacle.

A suivre…

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