Mali: les Peuls manifestent à Bamako pour dénoncer les amalgames

Les Peuls du Mali sont en colère. Ils dénoncent les amalgames qui tuent.

Rien que la semaine dernière plus de 25 d’entre eux ont été assassinés, soit sans raison, sans parce qu’ils sont accusés de collusion avec les jihadistes. Et lors d’un rassemblement, ce jeudi matin à Bamako, plusieurs centaines de personnes ont manifesté leur ras-le-bol vis-à-vis de cette situation.

C’est depuis 2015 que cet amalgame a fait surface au Mali. Depuis l’émergence du Front de libération du Macina, un groupe terroriste composé essentiellement de Peuls, qui agit dans la région du Macina au centre du pays. Une région gangrénée aujourd’hui par l’insécurité.

Et si des Peuls sont affiliés aux groupes terroristes, la plupart des Peuls sont aujourd’hui des victimes et c’est ce que tenaient à rappeler ce matin les manifestants. Victimes d’abord des jihadistes qui ont forcé certains chefs de villages peuls à déménager, qui ont tué des habitants pour avoir informé l’armée, ou des religieux qui refusaient leur diktat. Victimes parfois d’exactions de l’armée également, par amalgame toujours.

Ces dernières semaines, ils accusent une milice qui porterait le nom des chasseurs dozos, et dans laquelle on retrouve des Dogons, mais aussi des gens qui ne seraient pas maliens pour Amadou Nassrou Dicko, le président de l’association Andal Pulaako Mali, un des organisateurs de la marche : « La situation est très grave. Et de jour en jour, ça s’aggrave. Aujourd’hui, il y a une milice appelée Dozo, qui est descendue dans le centre et qui est en train de descendre dans les villages tuer les gens n’importe comment. Ils arrêtent même des voitures pour faire descendre les gens des voitures et les égorger. Ils brûlent les cases, ils tuent les animaux des Peuls. C’est très grave ! C’est une milice fabriquée. On ne sait pas qui tire les ficelles, mais ce qui est sûr c’est que cette situation-là n’est pas claire. Et ça risque de contaminer toute la région entière. Aujourd’hui, c’est Koro. Hier, c’était à Djenné. Demain, on ne sait pas si ce ne sera pas Douentza, chez nous, à Bankass ou Bandiagara ».

Qui tire les ficelles et a intérêt à monter les communautés les unes contre les autres ? C’est la question qui revient souvent. Contrairement à d’autres violences qui ont opposé les Dogons sédentaires aux éleveurs peuls, la racine des dernières exactions n’est à priori pas celle-là. Mais le risque de vengeance communautaire existe lui bel et bien. C’est ce que rappellent les Peuls aujourd’hui.

rfi Afrique

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