samedi, février 8, 2025
CÔTE D'IVOIRE

Pensée, action et trajectoire de développement de la Côte d’Ivoire: Où en sommes-nous?

Pensée, action et trajectoire de développement de la Côte d’Ivoire: Où en sommes-nous? Avec tout le respect que je dois aux uns et aux autres, les débats par les acteurs politiques sur les indicateurs socio-économiques ne s’accompagnent pas souvent d’analyse en profondeur sur la politique économique et la politique de développement. 

Cela n’engage que moi, notre pays ne se développe pas à la manière et au rythme qu’il faudrait. Le Gouvernement manque d’ambition. Cela transparaît quand il rappelle le plus souvent, dans une certaine autosatisfaction, la position économique et les performances socio-économiques de notre pays, en comparaison à d’autres pays africains, notamment dans la sous-région. 

La trajectoire de développement de notre pays pose question, en comparaison à celles qu’ont eu certains pays pris comme référence de réussite dans l’émergence économique. Le Gouvernement prend bien souvent, comme référence les pays qui sont aussi en retard de développement que le nôtre, pour apprécier et comparer les performances socio-économiques de notre pays. 

Le pays n’est pas véritablement sur la voie de l’émergence socio-économique, ni sur celle du développement, quand bien même l’IDH augmente. D’ailleurs cet indicateur ne connaît pas le rythme d’augmentation qu’a connu chacun des pays qui a émergé récemment, notamment les pays asiatiques. 

Loin de moi l’idée de suggérer de copier des trajectoires de développement ou d’émergence de certains pays. Des études sur l’émergence socio-économique des pays ont montré qu’aucun n’a copié la trajectoire d’un autre quand bien même il y ait quelques ressemblances.

Ce qui freine le bon élan de développement, c’est une conjonction de facteurs, notamment notre approche, la pensée du développement qui nourrit l’action publique, notre culture et notre configuration encore impropres au développement. 

Aujourd’hui, à titre personnel je m’interroge sur l’approche et le cadre dans lequel s’inscrit notre développement: planification rationaliste classique, échéance sur 5 ans, matrice détaillée des actions, absence d’évaluation ou d’ajustement en temps réel ou à très court terme, cadre ou pensée de développement imposé par l’extérieur.

Tout changement stratégique se mène avec un changement organisationnel approprié, notamment au niveau de la culture et de la configuration (structure). Notre pays n’a pas réalisé l’essentiel des défis d’un point de vue culturel et configurationnel.

Les défis culturels et configurationnels sont, pour une large part, institutionnels.

Par exemple, il y a un déficit dans la culture d’évaluation et dans les relations entre les différentes institutions, notamment entre le Parlement et l’Exécutif. Dans le cadre de mise en œuvre du Plan National de Développement (PND), en 15 ans, le Parlement, le Sénat et l’Assemblée Nationale, n’a produit aucun rapport d’évaluation de la politique de développement à travers le PND. C’est contraire aux pratiques modernes de management public.

Quelle pensée nourrit véritablement l’action publique pour le développement de notre pays? 

La transformation structurelle apparaît beaucoup dans le discours et dans la stratégie du développement. La réflexion économique sur le développement nous apprend que la pensée du développement a évolué dans le temps. Elle a connu plusieurs écoles de pensée. Par exemple, la dépendance a été une des problématiques soulevée par une de ces écoles. On observe que beaucoup de pays, dont les pays asiatiques qui ont émergé récemment, ont pris la mesure de la problématique. C’est aussi une des raisons qui expliquent leurs succès dans leurs trajectoires de développement.

Dans cette année électorale, après plus d’une décennie de planification du développement autour de 3 plans quinquennaux (PND 2012-2015, PND 2016-2020, PND 2021-2025), il apparaît judicieux et nécessaire de poser un débat approfondi sur la pensée, l’action et la trajectoire de développement portés par l’État. À travers ce débat, ce doit être également l’opportunité de débattre sur les propositions des partis politiques.

C’est la Côte d’Ivoire qui doit gagner. 

Franck Assi 

Consultant Ingénieur-Manager IT

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