Peut-on lutter contre les rackets ?
Peut-on en finir avec les rackets des forces de l’ordre de Côte d’Ivoire ? Il sera très difficile de venir à bout des rackets en Côte d’Ivoire pour diverses raisons. Si nous produisons ce constat, c’est ce qui nous revient d’observer sur les routes que nous empruntons pendant nos déplacements. Même en pleine ville, les policiers soutirent de l’argent aux chauffeurs surtout les taxi municipaux.
On les voit avec des petits carnets dans les mains où ils inscrivent les plaques d’immatriculation des voitures qu’ils ont payées pour la journée et quand ils finissent de les racketter, ils disparaissent pour revenir le lendemain. C’est une pratique qui nous semble loin de prendre fin.
A l’intérieur, ce sont les gendarmes qui font la loi, avec les mêmes méthodes de racket. Ils sifflent les voitures et les chauffeurs descendent avec des billets de banque cachés derrière leurs pièces et à peine, ils arrivent à leur hauteur qu’ils retournent prendre le contrôle de leur voiture.
On parle souvent de lutte contre la corruption, ces rackets n’en font-ils pas partie? C’est vrai que souvent, le commissaire du gouvernement Ange Kessi, se rend sur le terrain pour démasquer certains, mais nous en déduisons que c’est juste pour montrer que cela existe et qu’il sera difficile d’enrayer.
Si pour passer le concours d’entrée à la police ou à la gendarmerie, il faut débourser de l’argent, souvent les parents vont contracter des crédits, et que le salaire ne suffit pas de tout rembourser, les policiers et gendarmes sont obligés de passer par ces rackets pour espérer soulager la ponction, le remboursement.
Un policier que nous avons rencontré sur les faits, nous dit que souvent, leurs patrons leur demandent une certaine somme d’argent et qu’ils sont obligés de les réunir en rackettant les pauvres chauffeurs dont beaucoup n’ont pas les pièces au complet. Un chauffeur de gbaka, mini car de transport de personnes, nous dit que c’est un contrat à vie entre les forces de l’ordre et eux et que cela ne peut jamais finir. Si tu es pressé, donne vite, c’est leur slogan.
Sur les routes de l’intérieur, à chaque dizaine de kilomètres à parcourir, les gendarmes sont cachés avec des appareils souvent vétustes pour justifier les rackets.
Si cela est érigé en mode normal de fonctionnement, pourquoi alors, on fait croire aux usagers qu’elles sont proscrites et condamnées, ces pratiques ?
Atchory Alexandre
Correspondant permanent à Abidjan