samedi, janvier 25, 2025
FICTIONS

Pierre donne la mort à son meilleur ami.

Si Joseph savait qu’il n’allait plus revenir chez eux à la maison, il n’allait jamais oser inviter son meilleur ami d’enfance Pierre à prendre un pot après plusieurs années d’absence. L’histoire qui va suivre, un fait réel qui s’est passé fraîchement dans un village agni dont nous taisons le nom.

Joseph est un jeune agni d’un trentaine d’années. Il a eu la chance d’aller étudier en Europe et après l’obtention de ses différents diplômes, il décide de revenir au pays pour mettre son expertise pour le développement de celui-ci. Ainsi, à plus de 7 ans, il n’était pas au pays. Parmi ses amis d’école, il y a Pierre qu’il affectionne tant et pour qui, il cherchait par tous les moyens pour le rencontrer et réchauffer les liens. Dès qu’il a foulé le sol ivoirien, le premier pour qui, il voulait avoir de ses nouvelles, c’est bien lui, Pierre et il se trouve que ce dernier, n’ayant pas fait de longues études, est retourné au village où il chôme. Il flâne dans les ruelles du village.  Le vendredi d’une forte chaleur, Joseph apprend le décès d’un grand frère et que sa levée de corps est prévue pour ce vendredi. Joseph, pressé, s’inscrit sur la liste de ceux qui allaient partir en groupe par un convoi.

Il paie son transport et le matin vers 10h, le rendez-vous est pris devant un supermarché de la commune d’Abobo. Rassemblés, le chauffeur met le cap sur le village et en route, ce sont des convois mortuaires comme pour dire qu’il y a trop de décès, Joseph était quant à lui, pressé de revoir son ami Pierre. Pour matérialiser sa joie, il lui a fait une petite valise pleine d’habits, une belle montre et deux paires de chaussures. Pierre ne savait pas que Joseph faisait partie du convoi. À 14h, le car fait son entrée dans le village qui est plein de monde car, ce vendredi, il y avait plus de 5 corps et chez les agni, on enterre les corps de décembre avant la fête des ignames. Nous sommes en fin d’année du mois de décembre. 

Dès qu’il arrive chez eux à la maison, le premier qu’il veut voir, c’est bien Pierre. Il court dans leur cour familiale et on lui dit qu’il est sorti, mais très vite, il revient et ce sont des cris de joie, de bonheur et de retrouvailles. Pierre est devenu maigre et Joseph en embonpoint. Après que les deux se soient donné les accolades, Joseph invite son meilleur ami chez lui à la maison. Les deux ne savent plus par où et par quoi, commencer dans leur conversation. Joseph est devenu grand et on lui attribue une chambre. C’est à l’intérieur de cette chambre qu’il va remettre la valise pleine d’habits et une belle montre. Après cette étape, les deux sont sortis pour aller prendre un pot et Joseph demande après Bertine sa copine d’enfance. Elle est mariée et mère de deux enfants lui répond Pierre.

En route, ils font la rencontre de deux amis qu’ils invitent. Arrivé dans le maquis, Joseph commande 5 bouteilles de bière, 3 tournées de liqueur. On les installe et tout allait bien. La bière est servie et chacun devant son verre, ils ont commencé à papoter en évoquant les bons vieux souvenirs, ceux qui ont connu Joseph viennent le saluer chaleureusement en guise de retrouvailles. Au beau milieu de la réception, Joseph sent le besoin d’aller s’oxygéner et demande à son ami de garder son verre. Dès qu’il s’est levé et enfoui dans les toilettes du maquis, Pierre se sert du verre de son ami et y met une poudre, sans que les autres qui sont assis à la même table ne s’en rendent compte. Joseph revient et sans savoir qu’il va prendre rendez-vous avec la mort, il prend son verre et boit une gorgée.

Au bout de quelques minutes, il ressent des douleurs dans son ventre, il demande à son ami de l’accompagner à la maison car il ne sent pas bien. Il ne peut plus marcher et on fait appel à un tricycle pour l’amener à la maison et en cours de route, la douleur devient très intense. Il a commencé à vomir du noir. À peine, son ami Pierre demande au conducteur du tricycle de faire demi-tour pour prendre le chemin de l’hôpital. Les parents de Joseph sont informés et l’affaire fait le tour du village. À peine arrivé à proximité du centre de santé, le cou de Joseph se tord et sa respiration s’est interrompue. Le médecin constate malheureusement la mort par empoisonnement du jeune benguiste, qui voulait tellement revoir son meilleur ami et ce dernier, sans perdre un seul temps et piqué par une jalousie qu’il va regretter, tue celui-ci. La nouvelle fait le tour du village et c’est l’émoi.

Des interrogations fusent de partout et ceux qui étaient dans le maquis, ont commencé à soupçonner Pierre qui était resté à côté du verre quand son ami s’est levé pour aller aux toilettes. Les parents saisissent la gendarmerie qui est venue juste à temps, parce que ce qui allait se passer entre les deux familles, celle de Pierre et de Joseph, était prévisible des affrontements. Joseph vient de rendre l’âme, lui qui est venu aux obsèques d’un parent profitant pour réchauffer ses liens avec son ami, ce dernier, vient de lui donner la mort par empoisonnement, du coup, la cour familiale de Joseph est bondée de monde, mais le corps se trouve au centre de santé et on cherche à le transférer à la morgue de Bongouanou.

Joseph n’est plus et on informe sa copine qui n’était pas trop pour ce voyage, mais que son chéri l’a convaincue qu’il en profiterait pour voir son meilleur ami PIerre dont il n’a de cesse de vanter son amitié sincère. Sa copine tombe dans les pommes et son cas est aussi grave car les deux se sont rencontrés à Paris pendant les études de Joseph où elle prenait aussi des cours de droit international. Aujourd’hui, tous leurs projets sont tombés à l’eau, Joseph décédé.

Les morts par empoisonnement sont devenus récurrentes et il faut se méfier. Quand on est devant des amis en train de boire et que le besoin de s’oxygéner vous prend, partez avec votre verre ou de retour, ne buvez pas votre vin ou bière dans votre verre. Les jaloux et jalouses ne perdent plus leur temps, pour éliminer les autres.

La mort n’est plus loin et ce sont les amis proches qui abrègent la vie. Si je savais, n’a pas de queue, dit l’adage, il faut être prudent.

C’était juste pour attirer notre attention, en plus nous nous approchons des fêtes de fin d’année, il faut être prudents et vigilants. Il ne faut pas vous laisser aller dans des émotions qui peuvent laisser des failles et des atteintes. Joseph a été empoisonné par celui qu’il considérait comme son meilleur ami, à qui, il revenait de lui remettre une valise d’habits et une belle montre en guise de cadeau. Josep n’a pas pu se marier pour laisser au moins un enfant, son ami, l’a tué.

C’est ce qui tombe dans le ventre qui tue ou qui donne la vie, faisons attention à ce que nous consommons et avec qui, nous buvons.

                                  Joël ETTIEN  

  Directeur de publication : businessactuality.com

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