Pourquoi avoir honte de sa double nationalité africaine?
Nous allons aborder un sujet qui semble capital et important, avoir la double nationalité. Pourquoi c’est offensant quand on dit qu’on est ivoirien d’origine malienne, burkinabè, nigérienne alors qu’on est fier, quand on est français, canadien, américain, belge, italien d’origine ivoirienne?
Pourquoi avoir ce complexe de s’afficher fièrement de sa double nationalité? Il n’y a pas de honte à cela car, le monde est ouvert de sorte qu’ un jeune qui a parcouru cent villages et est l’égal du vieux qui a vécu cent années, dit l’adage, mais si on ne voyage pas, pour aller voir ailleurs, à quel moment on pourra s’émanciper et se développer? Il n’y a pas de honte à être africain avec la nationalité d’un autre pays africain.
A Abidjan, j’emprunte un taxi et le conducteur est guinéen de Conakry. Il dit venir à Abidjan quand il avait 20 ans et quand on se croisait, il en avait plus de 50 ans qu’il vit et travaille à Abidjan. Comme chauffeur de taxi, mais dès que je lui demande s’il a pris la nationalité ivoirienne, c’est comme si je venais de me saisir d’un cailloux pour lui fendre la tête. Et il est ivoirien d’origine guinéenne, mais l’assumer devient un crime. Pourtant s’il était américain, français, canadien d’origine guinéenne, il allait être fier de le dire et de l’assumer. Où est la honte d’être adoubé d’une autre nationalité africaine qui te permet de trouver la qualité de ta vie et se conformer aux lois et règles du pays?
Je reviens à Paris et je me retrouve au service consulaire, à l’ambassade, sise à la rue Raymond Poincaré, dans le 16ème arrondissement, plus de 98% des demandeurs de visas sont des français d’origine ivoirienne et là, il n’y a aucun complexe à se faire, mais dès qu’on arrive en Afrique, pour afficher sa double nationalité africaine, devient une honte. Pourquoi ce complexe? Ceux des ivoiriens qui ont pris la nationalité de là où ils travaillent, pour aller chez eux, sont obligés de prendre un visa, ce qui est plus contraignant qu’en étant en Afrique.
Non, il faut plutôt être fier de vivre chez les autres et gagner sa vie, fonder une famille. À Yopougon, dans le secteur du toit rouge, toutes les petites boutiques sont tenues par des étrangers et qui y vivent avec leurs femmes qu’ils sont allés épouser chez eux dans leur pays d’origine, la cohabitation est pacifique, mais il suffit de leur poser la question de savoir s’ils ont la double nationalité, cela devient palabre. Non, il ne le faut pas. Il faut assumer ce choix important dans sa vie. Ils emportent tous leurs gains dans leur pays d’origine sans coup férir, mais pourquoi se dire qu’on est guinéen, burkinabè, nigérien d’origine poserait problème.
Pourquoi, devenir par la force des choses, ivoirien d’origine nigérienne, burkinabè, malienne et autres serait un poids à peser des frustrations? Savez-vous qu’en France, quand on prend la nationalité du pays, on vous propose même des prénoms français pour marquer votre adhésion et patriotisme au pays?
Alors, si tu es burkinabè, malien, nigérien, et autre et que tu as choisi d’être ivoirien, affiche-toi, c’est plutôt un honneur car tu n’auras pas vécu inutile. J’adore les frères qui ont plusieurs nationalités et dont ils en jouissent. Honneur à vous!
Joël ETTIEN
Directeur de publication : businessactuality.com