Côte d’Ivoire: Pourquoi le président Bédié fait durer les alliances ?
Le président Bédié finira par enlacer ses prétendants qui veulent son alliance. Il fait durer le plaisir et quand c’est comme ça, le doute peut planer sur eux et des reculs stratégiques peuvent s’opérer. De toutes les façons, les ivoiriens sont habitués aux trois. Ce trio qui, pour se venger de l’autre, se rapproche de l’un et forme une alliance, rien que pour faire mal à l’autre mais pas sincère.
On a tous vu la formation du front républicain. Rien que pour faire mal au président Bédié, Gbagbo et Ouattara se sont mis ensemble. Ça n’a rien donné à la fin. Pour faire tomber Gbagbo, il y a eu le RHDP, Bédié et Ouattara étaient les maîtres d’ouvrage et Gbagbo a été déporté à la Haye.
Aucun des deux ténors du RHDP, ne pensait le revoir revenir dans la vie politique et Gbagbo est là. Il ne se tait pas et mène tambour battant son jeu, se positionne ou cherche à positionner un dauphin. Les deux le voient venir à grands pas. Que faire ? Ouattara sait qu’il lui sera très délicat et même difficile d’approcher Gbagbo pour lui demander une alliance, pour ce que son accession au pouvoir lui a causé comme tort, celui qui reste, c’est Henri Konan Bédié seul qui peut faire l’affaire de Ouattara, mais cela a un prix, le respect de la parole donnée qu’il n’a pas retrouvé chez son jeune frère Ouattara.
Comme aucun des deux ne savait que Gbagbo allait atterrir, tous les plans sont mélangés. Celui qu’eux-tous ont surnommé le boulanger est arrivé et il a encore sa boulangerie qui a changé de nom, ce n’est plus le FPI, mais le PPA-CI. La boulangerie est neuve et produit de bons pains. Gbagbo compte, alors que faire de lui ? Celui avec qui, il peut lâcher du lest, c’est le vieux Bédié, même si ce dernier avait été contraint de danser à la déportation de son frère Gbagbo, il n’avait pas de choix de toutes les façons, à cette époque, mais l’eau a coulé sous le pont.
Face aux enjeux, il y des salives qu’on peut avaler et d’autres qu’on peut cracher. A ce niveau, seul le président Bédié décide, mais l’ombre du Quais d’Orsay peut encore venir compliquer ce choix. S’ils ont encore choisi Ouattara pour rempiler un autre mandat, alors le vieux n’a pas de choix que de s’aligner derrière son jeune frère Ouattara. Le PDCI RDA est un parti de droite qui a trop d’histoire avec la France, de ces accointances historiques et ça aussi, Gbagbo le sait. Bédié sera dans l’obligation avec assez de regret de pencher pour Ouattara.
Gbagbo sait qu’il est orphelin dans ce jeu politique franco-ivoirien, sauf s’il a pris la mesure de se tourner vers les BRICS qui arrivent avec des bonnes propositions de sortie de cet esclavage chronique pour en finir avec la France-Afrique. La jeunesse africaine le crie et sera avec celui qui ira vers ces pays émergents.
Le président Bédié doit vite se décider. S’il va avec Ouattara, cela ne surprendrait guère Gbagbo qui se dit orphelin et dont il peut se rapprocher d’un bon tuteur qui sont les BRICS.
Dans chaque QG de campagne, on avance tout en regardant derrière pour ne pas être surpris des dernières décisions. Ces temps-ci, les journaux proches du PDCI RDA font la part belle aux cadres du PPA-CI en relayant certaines de leurs déclarations, mais rien n’est joué, parce que nous sommes en politique où les rapports de force peuvent à tout moment, tout remettre en cause, mélanger les calculs et c’est pour ça qu’on dit que le vieux Bédié est comme un rat face à la mer. Mais tout ça aura une fin et c’est cette fin que nous attendons.
Joël ETTIEN
Directeur de publication: businessactuality.com
