Corruption à AbidjanA LA UNE AFRIQUE 

Quel avenir politique en Côte d’Ivoire ? 

Pour les élections à venir, particulièrement l’élection présidentielle de 2025, objet de toutes les spéculations, des alliances contre-nature pourraient s’opérer. Ce qui signifierait la « fin des idéologies », des croyances et convictions politiques. Nouer des alliances pour combien de temps ? Des gouvernements de coalition ne tiendront pas, faute de consensus sur un idéal commun de gouvernance, un problème lié aux  valeurs sociétales. Avec ce que nous avons comme classe politique, la raison et la conviction ne peuvent être au rendez-vous de notre histoire dispersée, pour le moment.

L’immédiat ne semble pas rassurant, en raison de la faiblesse des efforts communs de concertation à divers niveaux notamment politiques. En réalité, depuis 1995 la politique nationale ivoirienne a pris la forme d’un imbroglio juridique et institutionnel aux conséquences funestes. La solution devrait donc se trouver dans une réelle volonté de rénovation nationale, qui aurait dû s’opérer en 1990 (retour au multipartisme).Celle-ci va au-delà du simple renouvellement éventuel, voire hypothétique, du personnel politique. Elle reste d’actualité  et exige une participation concrète, enthousiaste et généreuse des jeunes et des femmes, dans un élan d’espérance en un avenir commun, à construire en conscience et responsabilité. L’optimisme est permis si une prise de conscience habite, enfin, les esprits à la base comme au sommet.

Le dépassement de soi, dans l’intérêt supérieur de la nation, commande que chacun, quelle que soit sa place dans la société politique ou l’appareil d’État, mette du sien avec humilité. Il s’agit de construire un État  impartial et protecteur, qui favorise le sentiment d’appartenance à une communauté solidaire.

L’État est un produit de la raison et de l’histoire, une invention des hommes à toujours améliorer. Son évolution harmonieuse est sujette à la promotion d’un esprit d’efficacité institutionnelle collective. Le comprendre et l’intégrer permettent de concevoir des politiques publiques raisonnées et de procéder à des réformes politiques et institutionnelles appropriées (État et décentralisation).

Des ajustements seront nécessaires et même indispensables au niveau des gestionnaires des institutions et des grandes administrations. Des hommes et des femmes  capables de se dépasser et se surpasser au-delà des opinions politiques différentes , seront utiles pour le plus grand bien  de la nation.

Un départ nouveau pour le pays est donc  possible, en adoptant des paradigmes sociopolitiques qui allient enracinement et ouverture, authenticité et modernité, audace et sagesse. Pour réussir, il faudrait remettre la discipline au cœur de notre vie nationale. La discipline consiste à être à la fois libre et responsable, pour pouvoir prendre des initiatives tout en répondant de ses actes, dans un système lui-même structuré, organisé et ordonné, autour de valeurs fortes. En effet, tout cela doit s’effectuer dans un environnement de transparence et d’élévation de la conscience citoyenne,  pour l’amour du pays !

Après des parenthèses douloureuses à conjurer, rendons ensemble à la Côte d’Ivoire, notre cher pays, son Histoire conçue et bâtie par le Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY et ses valeureux compagnons sur les principes et la pratique de la fraternité, l’hospitalité et la paix  par le dialogue.
                    

Décembre 2022
                     Pierre AYOUN N’DAH
                     Docteur en Droit public 
           Ancien professeur à l’ENA Abidjan 

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