Remplacer les grévistes par de nouveaux enseignants est une fuite de responsabilité.
Nous avons été sidérés d’entendre un communiqué lu à la RTI où le ministère de l’éducation nationale lance un recrutement des enseignants volontaires parce qu’il se sent floué dans son orgueil à la suite d’une grève des enseignants. Ainsi, vouloir remplacer les grévistes par de nouveaux enseignants, est une fuite de responsabilité.
Non, quand on est au pouvoir, on n’agit pas dans la chaleur et les grèves existent partout dans le monde. C’est quand les négociations en interne ont échoué que le personnel fait recours à la grève, alors si pour peu, on occulte les fondamentaux et qu’on cherche à renvoyer tous les grévistes par des nouveaux, ceux qui arrivent pour les remplacer, auront quelle formation? Gros cœur ne mange pas de riz chaud.
À quel moment et pendant combien de temps, ceux qu’on va recruter seront formés pour remplacer ceux qui ont la formation? Une grève est l’expression populaire du mécontentement d’une corporation et les dirigeants se doivent de trouver des solutions, mais de là, à vouloir taper sur la table pour remplacer tout ce monde, nous ne pensons pas que le président de la république aurait cautionné de telle forfaiture, de tel désaveu?
Si on déplore la qualité de l’éducation nationale en Côte d’Ivoire, en grande partie ce sont de tels actes qui la mettrait en danger. Les diplômes sont faux et ça se voit dans les ministères et le niveau scolaire est trop bas. Saviez-vous qu’aucun diplôme ivoirien n’est crédible nulle part? Non, ceux qui ont pris cette décision de remplacer les grévistes par des vacataires, vont conduire l’éducation dans le bas fond. Quand une situation se présente, on ne panique pas, on s’énerve pas, on cherche des solutions. Les grévistes réclament le paiement de leurs primes, où est le problème de les sanctionner en les remplaçant par des novices pour rétrograder le niveau déjà dans un piteux état. C’est ce que madame Kandia Camara avait fait en son temps pour défragmenter tout le système éducatif.
Qui ne sait pas que certains ivoiriens s’arrogent des sommes faramineuses à ne rien faire si ce n’est pour les inciter à injurier des opposant sur les réseaux sociaux, cet argent ne peut-il pas servir à contenter ceux qui ont entre leur main et leur responsabilité, l’éducation des enfants? Il faut arrêter de se faire peur, la Côte d’Ivoire ne va pas continuer tout le temps à reculer parce que des ministres se seraient sentis floués dans leur orgueil. Un chef, c’est celui qui mange sa barbe, ce qui veut dire que devant certaines situations, il est obligé de faire profil bas. Nous sommes à quelques mois des examens de fin d’année, à quel moment ceux qui arrivent pour remplacer les sachants, vont se former pour relever ce défi?
Quand on n’a pas ses enfants dans les écoles sur place, il ne faut pas envoyer ceux des autres à l’abattoir. Donc, c’est vrai que certains proches du président Ouattara aimeraient faire la promotion de la médiocrité? Ce n’est pas partout qu’il faut appliquer la chicote. Ailleurs, on cherche des solutions et non des brimades. Il s’agit tout de même de l’éducation nationale.
Non, il faut toujours négocier avec les grévistes et surtout, cette violence qui consiste à faire des enlèvements, ne donne pas une bonne image du pays. Il faut libérer la parole car l’intimidation, la violence qui débouchent sur la prison, ne sont pas des méthodes de gestion, mais de la dictature. Si on n’y prend garde un matin, tout risque d’imploser parce qu’il s’agit de la vie d’une population qui se plaint de sa condition de vie, à ne pas botter en touche. Il faut surseoir à ce recrutement, et négocier avec les grévistes ce qui ne veut pas dire qu’on se rabaisse.
Joël ETTIEN
Directeur de publication : businessactuality.com