Afrique du Sud/Thalès: l’avocat Sooklal accuse Sarkozy et Chirac de pression
En Afrique du Sud, un avocat a formulé cette semaine des accusations contre deux anciens présidents français.
Ajay Sooklal, c’est son nom, travaillait pour la société française Thalès, à laquelle il prodiguait des conseils en matière juridiques. Lundi dernier 5 février, il a accusé Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy d’avoir fait pression respectivement sur Thabo Mbeki et sur Jacob Zuma pour que ce groupe français d’armements ne soit pas poursuivi dans une vaste affaire de corruption en Afrique du Sud.
Ajay Sooklal avait déjà formulé de graves accusations par le passé. Cette fois, l’ancien intermédiaire entre Thalès et les autorités sud-africaines va plus loin : il accuse directement Jacques Chirac d’avoir fait pression en 2004 sur le président de l’époque Thabo Mbeki pour qu’il empêche le parquet sud-africain d’enquêter sur le groupe français. Selon ses dires, Nicolas Sarkozy serait lui aussi intervenu en février 2008 auprès de Jacob Zuma, le tout nouveau président de l’ANC, un entretien auquel il dit avoir assisté. RFI a recueilli le témoignage de cet ancien intermédiaire et l’entourage de Sarkozy réagit pour la première fois à ces accusations.
« Le président Sarkozy a demandé à rencontrer le nouveau président de l’ANC au Cap. J’ai accompagné le président Zuma à cette réunion et j’ai rencontré le président dans sa suite au Westing Hotel du Cap. J’étais dans la pièce quand le président Sarkozy a effectué une demande similaire de faire retirer les charges contre la filiale française de l’entreprise française Thalès. » Une demande que Nicolas Sarkozy aurait réitérée quelques mois plus tard à l’occasion d’une visite de Jacob Zuma à Paris.
« Le président Zuma m’a raconté que le président Sarkozy avait dit qu’il espérait que les charges contre les deux sous-traitants français de Thalès soient abandonnées », affirme Ajay Sooklal.
Pour le camp Sarkozy, ces accusations « ne tiennent pas la route ». Dans l’entourage de l’ancien président français, on estime d’abord que « Jacob Zuma n’avait aucun pouvoir » en février 2008. Ensuite, on assure que « le groupe Thalès n’était pas demandeur d’une démarche quelconque, car les accusations à son encontre étaient » soi-disant « très faibles ». Enfin, on avance qu’une telle « intervention aurait été totalement contre-productive » vu le système judiciaire sud-africain.
rfi Afrique