Comment et pourquoi les suicides en Côte d’Ivoire ?
Comment et pourquoi on doit se pencher sur le cas des suicides récurrents en Côte d’Ivoire ? Nous ouvrons à partir d’aujourd’hui, une rubrique qui sera consacrée à des gros dossiers de la société pour justement permettre aux dirigeants et aux ayants droits de savoir ce que leur réserve l’avenir.
En Côte d’Ivoire, le manque de perspectives crédibles et rassurantes, pousse au désespoir et on assiste à longueur de journée à des suicides, surtout en milieu scolaire et universitaire, au point où la Côte d’Ivoire occupe la troisième place en Afrique et la 26ème dans le monde. C’est effrayant.
Selon l’unité de la médecine légale du service d’anatomopathologie du chu de Treichville, la Côte d’Ivoire occupe la 3ème place en Afrique du janvier au 31 décembre 2013, sans comptabiliser, les cas récents. Ainsi, sur 24 000 décès, on en dénombre plus de 101 de suicides, 1500 de décès suspects, 5276 cas de morts violentes et tous ces décès sont de sexe masculin dont l’âge oscille entre 20 et 29 ans.
Qui peut se suicider pour excès de bonheur ?
Il y a un gros malaise dans la société ivoirienne qui pousse les jeunes à se donner la mort. Le manque de visibilité, d’espoir car on leur sert de discours que d’actes. Ce phénomène presque revu à la hausse en milieu scolaire et universitaire, est la résultante d’une politique à sens unique, tournée essentiellement vers des clans et des réseaux qui se partagent les dividendes et les partages de la richesse du pays. Les autres qui ne sont pas braqués par ces phares, s’étouffent, se donnent la mort. Au lieu que leurs parents le fassent à leur place, ce sont eux, les élèves et étudiants qui abandonnent la vie sur terre, en libérant la souffrance de leurs parents et en évitant les regards. S’il y avait autant de bonheur partagé, est-ce quelqu’un qui est rassasié peut se donner la mort ?
La responsabilité des dirigeants
La plupart des jeunes qui ont fui le pays à leurs risques et périls en France, il y a plus d’ivoiriens, comment cela s’explique ? On ne nourrit pas une jeunesse par de faux espoirs et de discours pompeux, mais des faits concrets, des mesures concrètes. Tantôt, dans les discours politiques, on fait croire que le taux est passé de 7%, etc, mais sur quoi, ce calcul est fait pour voir des jeunes mourir et fuir cet eldorado?
Le manque de bonne foi et de sincérité politique des dirigeants pousse les jeunes à aller mourir ailleurs pour éviter les courroux et le désespoir de leurs parents qui ont investi sur leur avenir et que celui-ci revient impayé.
Les causes de ces suicides
Quand dans une société, on fait planer la médiocrité comme éléments de bonne moralité et rabaissant les vraies valeurs, ce n’est pas tout le monde qui supporte cette politique de dépravation. L’abandon social auquel certains, les plus faibles sont livrés, les plus faibles se suicident et se donnent à des morts violentes.
Les causes sont multiples, mais les plus récurrentes, c’est le manque de perspectives crédibles, une visibilité sincère. Un élève qui a plus de 15 de moyenne, qui, à la fin de ses efforts, se retrouve en train de vivre à la criée par une cabine téléphonique, quel espoir se nourrira-t-il si ce n’est d’abandonner la vie ?
La corruption galopante devenue, un mode d’accession sociale qui entraine ses lots de dépravations ( prostitution, drogue, vols, viol..), pour tenter de servir son pays, il faut payer de l’argent et quand on est admis à des concours administratifs, le salaire ne suffit pas à rembourser ce crédit, le malheur frappe à la porte et c’est la mort violente.
Quand la rue devient le lieu de l’éducation et que la pauvreté contraint les parents à l’abandon, qu’est-ce qui reste à ces jeunes ?
Quelque solutions
Il faut arrêter de berner les jeunes par des discours pompeux. On ne parvient pas au pouvoir pour rêver, mais il faut avoir des rêves avant. Les conséquences de tels mensonges se traduisent directement sur les jeunes. On peut mentir à une partie du peuple, mais on ne pas mentir tout le temps à toute la grande partie des jeunes. Il faut créer de l’emploi, mais il se trouve qu’en chemin, ceux des jeunes qui n’ont pas pu parvenir à l’université, on ne fait rien pour les aider et du coup tout le monde veut devenir des docteurs pour marcher dans les rues pour se faire humilier. Si la politique de l’éducation et de la formation ne répond plus, il faut changer de paradigme. Il faut aussi que les médias jouent un réel rôle d’éducation et d’orientation, pour promouvoir des talents, des génies et non promouvoir la mendicité et la médiocrité, comme c’est le cas. L’état n’a plus le contrôle de la ligne éditoriale de ces médias qui profilèrent et vantent du nul.
Conclusion
Ce dossier n’est qu’une prise de conscience aux victimes, aux parents et aux dirigeants. On ne tue des valeurs. On ne mange pas les œufs qui produisent des poules et des poulets. On ne ment pas quand on n’a pas de solutions sincères à proposer. Dans les différents consulats européens, le taux de demande de visas des jeunes ivoiriens est le plus élevé en Afrique. L’école ne produit plus de valeur calquée sur le modèle français qui lui-même a changé et évolutif. Depuis plus de 70 ans ce sont toujours les mêmes méthodes qu’on impose à la jeunesse, qui apprend et finit sa course intellectuelle dans les ravins sociaux. Il faut servir de bons plats à la jeunesse. Les discours creux les poussent à l’abandon et ce sont des raccourcis, si ce n’est pas la dépravation, ce sont des suicides.
Cette année 2023, est leur année en Côte d’ivoire, quels serait le contenu de cette prise de conscience subite ?
Ce dossier n’est pas exclusif, mais interpelle les autorités sur la gravité des suicides dont elles savent comment y remédier, parce qu’il existe des experts qui peuvent se pencher sur ces dérapages sociaux pour préconiser des réelles solutions.
Dossiers réalisé par: Joël ETTIEN
Directeur de publication: businessactuality.com