Afrique: Les vœux des chefs d’état africains
Un rendez-vous convenu pour tous les chefs d’Etat du monde, celui des voeux pour l’année qui s’ouvre pour leur peuple.
Les présidents en exercice du continent africain, du vétéran camerounais Paul Biya au Congolais Joseph Kabila qui a présenté ses voeux juste avant la signature de l’accord de paix samedi soir, tous se sont livrés à l’exercice entre bilan de l’année écoulée et perspectives pour l’année qui s’ouvre. Morceaux choisis.
En RDC, le président Joseph Kabila a présenté ses voeux à la Nation juste avant la signature de l’accord. Trois défis attendent le pays, selon lui, en 2017 à commencer par «la consolidation de la paix, la sécurité et la stabilité politique». « J’en appelle au sens de la responsabilité de chacun et à l’engagement sincère de tous à créer de véritables conditions de paix et de stabilité sur toute l’étendue du territoire national en vue de permettre… de finaliser les listes électorales en vue de la convocation de l’électorat. Je m’assurerai que chacune des institutions concernées fasse sa part et que plus rien ne nous distraie de cet objectif. En effet, seul notre peuple, dans sa souveraineté, devra demeurer la source du pouvoir dans notre pays par la voix des urnes », a assuré le président Kabila.
Afrique centrale toujours, dans son message de vœux à la Nation, le président congolaisDenis Sassou Nguesso a décrété 2017 « année de la rigueur et de la vérité ». L’année à venir sera plus difficile au plan économique que 2016, marquée par une grave conjoncture due à la baisse des cours du pétrole. « L’effort collectif que nous avons engagé tout au long de l’année 2016 doit être poursuivi en 2017. Rigueur pour le gouvernement qui doit donner l’exemple, parce que la situation économique et financière de notre pays sera assurément plus rude en 2017 qu’elle ne l’a été en 2016.
2017 sera de ce fait l’année de la rigueur et de la vérité, pour l’adoption des mesures économiques plus fortes susceptibles d’accélérer la mise en œuvre sans atermoiement des réformes portées par la marche vers le développement ».
Au Cameroun, dans son discours de vœux à la Nation, Paul Biya est longuement revenu et pour la première fois, sur les émeutes de novembre dernier dans les deux régions anglophones du pays. Ces manifestations, à l’origine portées par les avocats et les enseignants, ont rapidement dérivé sur des appels au fédéralisme et à la sécession. En réponse, Paul Biya a tranché net : le Cameroun est un et indivisible. « Par le fait d’un groupe de manifestants extrémistes, manipulés et instrumentalisés, des Camerounais ont perdu la vie. Des bâtiments publics et privés ont été détruits. Les symboles les plus sacrés de notre Nation ont été profanés.
Que l’on se comprenne bien. Il n’est pas interdit d’exprimer des préoccupations dans la République. En revanche, rien de grand ne peut se construire dans la surenchère verbale, la violence de rue et le défi à l’autorité. Le Cameroun est un pays un et indivisible », a martelé Paul Biya.
En Centrafrique, le président Touadéra a appelé au rassemblement. « J’ai, depuis mon élection, montré le chemin de la paix et du relèvement économique qui passe par le DDRR, le dialogue, la cohésion sociale, le vivre-ensemble et la réconciliation nationale. La mise en place de la Commission Vérité Justice Réparation et Réconciliation devient donc une nécessité pour apporter des réponses aux victimes innocentes de la crise et jeter les bases d’une paix durable en République centrafricaine. Je vous exhorte à la vigilance et à la retenue. Notre pays tente de sortir du gouffre dans lequel il a été plongé. La cendre est encore chaude pour y approcher toute substance inflammable sans risques. J’ai pleinement confiance dans nos capacités de résilience ».
Au Gabon, Ali Bongo Ondimba est naturellement revenu sur les violences post-électorales qui ont éclaté dans le pays dès l’annonce de sa réélection le 31 août dernier. Pour réconcilier les Gabonais Ali Bongo Ondimba a annoncé qu’il organisera un dialogue politique après la CAN 2017, pour réformer les institutions et les lois électorales. « L’année 2016 a été difficile du fait d’une campagne électorale marquée par des discours de haine et par une situation post-électorale qui atteint des niveaux de tension inacceptables pour notre peuple. C’est pourquoi j’ai instruit le Premier ministre de réunir très rapidement les conditions d’un dialogue politique… qui devra aborder toutes les questions relatives à la vie institutionnelle de notre pays. Pour ce faire, je souhaite la participation de tous. Cela passe par l’amélioration de notre système électoral qui comporte trop de risques de division et d’affrontements ».
Rigueur et sacrifices au Tchad
Au Tchad, il faudra se serrer la ceinture. Le message de fin d’année du chef de l’Etat a été marqué par l’austérité, alors que l’administration publique est paralysée par une grève depuis quatre mois. « L’année 2016 qui s’achève a été particulièrement éprouvante pour notre pays, a reconnu Idriss Deby. Il n’y a pas d’argent. Ce n’est pas seulement au Tchad que l’argent est rare. L’argent est rare partout. Nous allons nous serrer la ceinture. Quand nous avons eu l’argent du pétrole, nous avons accordé des augmentations. A présent qu’il n’y a pas d’argent, nous devons accepter des efforts et des sacrifices pour ne pas aggraver nos déficits et des efforts pour rétablir les équilibres dans notre économie. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que nous pourrons espérer faire redémarrer la machine ».
Dans son message de fin d’année, le président nigérien, Mahamadou Issoufou appelle les jeunes Nigériens au sein de la secte Boko Haram à déposer les armes et à se ressaisir. L’Etat, a-t-il dit, leur garantira la sécurite et la réinsertion socio-économique. Mahamadou Issoufou s’est réjoui des « succès enregistrés dans la lutte contre Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad » et a lancé « un appel à tous ceux qui se sont laissé entraîner dans la voie de l’égarement par Boko Haram et d’autres organisations terroristes, à se ressaisir et à déposer les armes. Nous leur garantissons l’intégrité physique ainsi qu’une réinsertion digne dans la vie socio-économique ».
Au Mali, le président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé le renforcement des capacités de défense du pays pour faire face au terrorisme, mais il a également annoncé la tenue en mars 2017 d’une conférence d’entente nationale pour évoquer la crise du Nord. « Mers chers compatriotes, un jalon important dans la réhabilitation de la cohésion sociale et du vivre ensemble au Mali sera posé, avec la tenue au mois de mars 2017 de la Conférence internationale, ainsi que cela est spécifié dans l’accord pour la paix et la réconciliation. Cette Conférence doit permettre un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne, sur les causes profondes du conflit au nord du Mali. C’est donc à un exercice décisif pour notre devenir que sont conviés, sans exclusive aucune, les fils et les filles de ce pays. Personnellement, je fonde un très grand espoir sur les échanges qui vont s’instaurer et sur les conclusions de la Conférence. Cette dernière devra notamment produire une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation ».
Au Burkina, une année «éprouvante»
Au Burkina, le président Roch Marc Christian Kaboré a dressé le bilan de l’année écoulée. « Une année éprouvante » pour les Burkinabè. «L’année 2016 qui s’achève charrie avec elle nos joies et nos peines. Elle aura été une année éprouvante pour nous au plan sécuritaire, politique, économique et social. La liste des attaques terroristes perpétrées à Ouagadougou et à l’intérieur de nos frontières ont marqué profondément les familles des victimes. C’est le lieu de rappeler aux populations l’impérieuse nécessité de coopérer avec l’armée et nos forces de sécurité et d’être beaucoup plus vigilantes que par le passé, pour dénoncer nos ennemis et nous permettre de mieux les traquer.
L’année 2017 nous ouvre ses portes avec des perspectives heureuses pour la relance de l’économie nationale. Toutefois, je voudrais rappeler que nos combats en 2017 s’appellent : ardeur au travail, probité, justice et sécurité pour tous, engagement en faveur du renforcement de la culture démocratique et de la prospérité partagée ».
En Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara s’est réjoui de l’adoption de la nouvelle Constitution consacrant ainsi la IIIème République qu’il veut attachée aux droits Humains, au vivre-ensemble et aux principes de démocratie. 2017 sera donc l’année de la mise en place et du renforcement des institutions de cette nouvelle République. «Nous pouvons être fiers de l’évolution démocratique de notre pays ! Je suis convaincu que ces évolutions institutionnelles renforcent la stabilité politique de notre pays et offrent un cadre propice à la poursuite de notre marche vers l’émergence. A présent, des échéances importantes nous attendent en 2017 car il nous faut procéder à la mise en place des institutions de la 3ème République. Dès le début de l’année la nouvelle Assemblée nationale sera installée.
Par ailleurs, conformément à l’article 79 de la Constitution, je procèderai à la nomination du vice-président de la République. Enfin, nous procèderons à la mise en place du Sénat. L’objectif de tous ces changements institutionnels est de moderniser notre pays pour atteindre l’émergence à l’horizon 2020 ».
En Gambie, le coup de menton de Yahya Jammeh
« Nous sommes prêts à défendre le pays contre toutes agressions », c’est ce qu’a déclaré samedi soir Yahya Jammeh, le président sortant gambien. Dans son très attendu message du 31 décembre, diffusé à la télévision nationale, Yahya Jammeh a prévenu la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest, la Cédéao. Si l’organisation ouest-africaine intervient militairement pour faire respecter le résultat des présidentielles du 1er décembre dernier, lui aussi répondra par les armes. « Je vais être clair : nous sommes prêts à défendre ce pays contre toute agression et nous ne ferons aucun compromis sur ce point… Ce qui est incontestable, c’est que la perception qu’a la Cédéao de la situation et sa volonté de faire respecter les résultats de l’élection du 1er décembre par tous les moyens possibles sont totalement illégales, car cela viole le principe de non-ingérence dans les affaires internes des états membres. En réalité, c’est une déclaration de guerre et un affront à notre constitution. Si une solution juste n’est pas recherchée dans le cadre de la constitution gambienne et le terme « usage de la force » ne disparaît pas de la position prise par la CEDEAO, le blocage continuera, avec le risque d’une escalade vers une confrontation militaire ».