Algérie: procès de l’assassin présumé d’Ali Tounsi, sept ans après les faits

En Algérie, l’ancien patron de la sûreté nationale algérienne, Ali Tounsi a été abattu en 2010. Sept ans après, quasiment jour pour jour, le procès de son assassin présumé, Oultache Chouaïb, s’est ouvert ce dimanche 26 février devant le tribunal criminel d’Alger.

Le prévenu, un ancien colonel de l’armée de l’air, doit répondre d’homicide volontaire avec préméditation. Les faits remontent au 25 février 2010. Ce jour-là, au siège de la Direction générale de la sûreté nationale, doit se dérouler une séance de travail, en présence de tous les directeurs centraux. A l’autre bout du couloir, le chef de la police est assassiné dans son propre bureau.

Selon l’arrêt de renvoi, c’est Oultache Chouaïb, chef de l’unité aérienne, qui a ouvert le feu avec son arme de service, après une altercation entre les deux hommes concernant sa gestion.

A-t-il été pris d’ « une crise de démence », comme le suggère le ministère de l’Intérieur ? Est-ce un acte isolé ? La famille du défunt n’y croit pas et s’interroge. Cet assassinat est-il vraiment le résultat d’une lutte d’intérêts entre les deux hommes ou n’y a-t-il pas des commanditaires restés dans l’ombre ?

La défense dénonce des irrégularités dans l’instruction et affirme, pour sa part, qu’Oultache Chouaïb a seulement blessé la victime qui le menaçait avec un coupe-papier, mais que d’autres « l’ont achevé ».

Oultache Chouaïb a déjà été condamné à une peine de cinq ans de prison ferme dans une affaire de détournement de deniers publics en relation avec le meurtre d’Ali Tounsi.

Luttes internes

Pour Rachid Tlemçani, professeur de sciences politiques à l’université Alger III, cette affaire est liées aux luttes de pouvoir au sein de l’appareil sécuritaire. « Cet assassinat démontre clairement qu’il y a un problème sérieux au sein de l’appareil sécuritaire. Ce sont des luttes de pouvoir et ces luttes se sont aiguisées ces derniers temps avec le rétrécissement de la rente pétrolière, analyse-t-il. Il y a toujours eu relation entre la condition politique et les assassinats. Il y a un pouvoir mafieux dans nombre de pays non démocratique. »

Le chercheur doute donc fortement que la lumière soit un jour faite sur cette affaire. « Je ne pense pas qu’on aura toute la vérité dans ce dossier. On a juste un bout de la vérité. Sur une affaire aussi importante que celle-ci, la question de la transparence se pose. Il y a toujours une question d’opacité lorsqu’on évolue dans un système non démocratique. Il y a toujours des dossiers qui restent dans la boîte noire. »

Related posts

Leave a Comment