BENIN: Interdiction des exportations d’ananas coloré à l’éthéphon
Les autorités béninoises veulent redorer l’image de leur ananas.
Bloqué l’an dernier aux frontières européennes pour excès d’éthéphon, l’ananas béninois serait-il soumis à un produit qui accélère la coloration extérieure du fruit.
Le Bénin interdit les exportations d’ananas coloré artificiellement à l’éthéphon. Une mesure radicale annoncée par le gouvernement béninois pour redorer l’image de la filière. L’éthéphon est un éthylène de synthèse parfaitement autorisé en Europe pour accélérer la croissance et la coloration de beaucoup de fruits et légumes. C’est sans doute pour l’ananas qu’il est le moins dangereux puisqu’il reste à la surface de la peau épaisse de ce fruit. L’éthéphon est d’ailleurs très utilisé pour colorer uniformément en jaune ou jaune-orangé le fruit tropical, qu’il vienne du Costa Rica ou d’Afrique.
Mais en quantité excessive il peut être cancérigène ou corrosif pour les muqueuses. Le Bénin a dépassé à maintes reprises la limite de résidus autorisés en 2015-2016. Au point que les autorités sanitaires européennes ont bloqué et détruit tout un lot d’ananas béninois au moins de juin dernier, rappelle les chercheurs du Cirad, dans leur revue FruiTrop.
L’ananas du Bénin est une petite niche en Europe, loin derrière les autres origines africaines : Côte d’Ivoire, Ghana et Cameroun. Mais l’ananas béninois n’en a pas moins une place de choix, celle de l’ananas mûr à point, expédié par avion, beaucoup mieux rémunéré. En particulier la variété Pain de sucre, à la chair pâle et sucrée. Le problème est que la peau du Pain de sucre reste souvent très verte, beaucoup plus que le Cayenne, même si le fruit est mûr. L’abus d’éthéphon pour colorer l’ananas au Bénin est sans doute lié à cette particularité variétale, mais aussi à la structuration encore imparfaite de la filière béninoise. Artificiellement dopée, la couleur jaune-orangé peut en outre être trompeuse, puisqu’elle peut cacher un manque de maturité du fruit.
Balayer tous les soupçons au sujet de l’ananas béninois, c’est sans doute ce que cherche le ministre de l’Agriculture à Porto-Novo, en interdisant d’exporter les ananas artificiellement colorés. Mais il va falloir habituer les consommateurs européens aux ananas dont la peau est encore un peu verte. La communication des importateurs a jusqu’à présent échoué à les convaincre.