Cambodge: le Premier ministre Hun Sen refuse de briguer un troisième mandat et cède sa place à son fils Hun Manet
Au Cambodge, trois jours après le scrutin législatif du dimanche 23 juillet, fin du suspense et grand chamboulement à la tête du gouvernement. Hun Sen, au pouvoir depuis 38 ans, vient d’annoncer qu’il ne briguera pas de nouveau mandat de Premier ministre et confirme le passage de témoin à son fils aîné Hun Manet. Une transition qui fera certainement l’objet de débats, mais un vrai moment historique pour les Cambodgiens.
C’est la fin d’une ère politique au Cambodge et le début d’une dynastie politique à la tête du gouvernement. Une page d’histoire qui se tourne aussi. Imaginez : 70 % de la population a moins de 40 ans et n’a jamais connu d’autre chef de gouvernement que Hun Sen.
Dans une allocution de 49 minutes, l’homme qui dirige le Cambodge d’une main de fer depuis 38 ans a mis fin aux spéculations. Son fils aîné Hun Manet prendra bien sa suite comme Premier ministre lorsque le nouveau gouvernement prêtera serment le mois prochain.
Dans cette monarchie parlementaire, l’annonce a peu de chance d’être contestée. Le parti au pouvoir s’est acquis 120 des 125 sièges à l’Assemblée nationale le dimanche 23 juillet dans un scrutin sans opposition viable. « Je voudrais demander à la population de faire preuve de compréhension en annonçant que je ne resterai pas Premier ministre », a-t-il déclaré lors d’une allocution diffusée à la télévision d’Etat. Avant d’ajouter que son fils, Hun Manet, « deviendra Premier ministre dans un peu plus de trois semaines ».
Une succession préparée de longue date
Lors de ce scrutin sans suspense , le Parti du peuple cambodgien (PPC) de Hun Sen n’avait pas de réel adversaire. Le seul rival crédible, le Parti de la bougie, avait en effet été exclu de la course quelques semaines avant le vote, au prétexte qu’il ne s’était pas enregistré correctement auprès de la commission électorale.
Le PPC a donc, sans trop de surprise, eu le loisir de revendiquer une victoire sous forme de « raz-de-marée », avec 82 % des voix. Ce qui lui a permis de rafler 120 des 125 sièges de l’Assemblée, selon les médias locaux. Les cinq sièges restants reviennent au parti royaliste Funicipec (Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif), autrefois au pouvoir. Créé dans les années 1980 par Norodom Sihanouk, il n’était plus représenté à l’Assemblée depuis une dizaine d’années.
Arrivé au pouvoir en 1985, Hun Sen – qui a aujourd’hui 70 ans – va donc officiellement tirer un trait sur près de quatre décennies de pouvoir. Mais son retrait est tout relatif. Car il n’a jamais caché, alors qu’il parle de transmettre le pouvoir à son fils depuis un an et demi, qu’il avait toujours l’intention d’exercer une influence, même après son départ. Il restera donc en partie aux manettes dans l’ombre de son fils aîné, élu député, à 45 ans, pour la première fois dimanche.