Côte d’Ivoire: les ivoiriens ont cru qu’avec la mise en place de la plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC), ils auront la liberté d’expression
Septembre 2011, a été la date de naissance de la plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC).
La plateforme de lutte contre la cybercriminalité: quels objectifs?
Cette plateforme a vu le jour suite à une convention bipartite, à une émanation de la volonté commune de l’ATCI (Agence des Télécommunications en Côte d’Ivoire) et de la police nationale pour répondre aux menaces que représente cette nouvelle forme de criminalité.
Créée pour combattre les « brouteurs » qui avaient commencé à sévir, tout le monde y a cru. Les brouteurs continuent de procéder par d’autres moyens pour arnaquer toujours des novices. Au lieu de jouer son rôle, elle est venue ballonner la liberté d’expression. On laisse de côté ces délinquants, et ce sont les animateurs sur les réseaux sociaux, que le pouvoir traque. Combien d’ivoiriens ont été convoqués par cette PLCC, mis en examen puis déférés à la MACA (maison d’arrêt et de correction d’Abidjan), sans aucun procès?
Comme si elle avait été créée pour masquer les malversations des membres du gouvernement et de leurs familles respectives, la plateforme de lutte contre la cybercriminalité, s’est substituée à la police et du coup, il y a une confusion. Les réseaux sociaux qui permettent à tout le monde de s’exprimer librement, en Côte d’Ivoire, pour peu qu’on jette un regard critique sur les failles du gouvernement, c’est la police qui se rend à votre domicile, pour vous arrêter sans aucun mandat. Et ce sont en longueur de journée, des communiqués émanant de cette plateforme, qui embastillent les pauvres citoyens ivoiriens.
La plateforme de lutte contre la cybercriminalité: une confusion totale dans sa mission
Voyant le diable partout, le pouvoir confond, les animateurs des réseaux sociaux aux opposants. Comme il ne supporte pas la critique et la contradiction, c’est sur ces pauvres ivoiriens, qu’il déverse, sa dictature. Même la toile est devenue un céphalé pour le pouvoir ivoirien. Comment s’y prendre?
Mais aussi, la jeunesse qui ne veut pas se laisser compter, ne peut pas abandonner les réseaux sociaux, qui constituent leur seule voie d’expression. Comme dirait, un français: « même Macron, on critique, ce n’est pas un chef d’état africain, qu’on ne peut pas critiquer, encore souvent, c’est dans son intérêt ».
Dans le mois de septembre 2019, nous assistions à l’arrestation d’un photographe reporter journaliste du nom de GUY LASME KOUAME. Ce reporter est un proche du Député Alain LOBOGNON. Celui-ci étant lui-même est un proche de Soro Guillaume. Il a été enfermé à la MACA pour avoir écrit ce qui suit : « SORO avait remis 30 millions à Palenfo, proche du pouvoir, pour ses soins après l’attentat du 29 Juin 2007. Où Charles Lopez Gnahore a mis cet argent ? » Tel est le libellé de la publication de Guy, Président CNDH.
Nous avons aussi le cas de Diana Blé, arrêtée par la PLCC sous l’ordre du Ministre Ahmed Bakayoko parce qu’elle a publié les photos et la vidéo de la profanation de la tombe de DJ Arafat. Après plusieurs tractions, l’étudiante a recouvré la liberté. Les tentatives d’influence et d’oppression, sont devenues, le quotidien de la jeunesse ivoirienne. Heureusement que Diana Blé est sortie de prison, sinon, pour cette étudiante, comment allait-elle faire pour ses études. Même si elle est devenue, un martyr du système, le régime doit pouvoir comprendre ses limites.
La chasse aux ivoiriens continue
Dans le mois d’octobre 2019, c’est OKA qui en a fait les frais de la PLCC. Sous un fallacieux prétexte, d’une modification d’information diffusée sur le net, il est ciblé. Elle concerne l’arrestation des auteurs de la profanation de la tombe de Dj Arafat. Pour illustrer, il a mis la photo d’une personnalité du pays.
En janvier 2019, pour avoir évoqué les difficultés de Jacques Ehouo, le député Alain LOBOGNON, a été écroué par la PLCC. Il écrivit sur tweeter que le maire élu, Jacques Ehouo, doit-être installé. La PLCC, l’a fait condamner parce que son tweet aurait provoqué des contestations populaires dans plusieurs quartiers d’Abidjan, occasionnant des troubles graves.
La plateforme de lutte contre la cybercriminalité serait-elle est un instrument de confiscation de la liberté d’expression ?
Les attributions de la PLCC, sont-elles similaires à celle de la police politique secrète roumaine sous l’ère communiste ?
Alassane Dramane Ouattara a monopolisé les medias d’état, la RTI. En dépit de la baisse croissante de l’audimat de ces médias d’état, les ivoiriens, ne veulent pas non plus se laisser faire. Une bataille qui ressemble à une opposition s’est ouverte en Côte d’Ivoire. Les réseaux sociaux, qui ont remplacé la liberté d’expression, libèrent la parole. Mais cette parole est inéluctablement sacrée pour qu’un pouvoir s’en accapare.
Si le pouvoir pense ou croit, que ces intimidations peuvent, effrayer la jeunesse ivoirienne, il fait fausse route. A la guerre, comme à la guerre, c’est la fin qui justifiera le combat.
Avec la maîtrise de cet outil d’information, si les campagnes de 2020, s’ouvrent, les jeunes l’utiliseront pour communiquer et faire passer leurs différents mots d’ordre.
David Kouamé