Etats-Unis: Investiture de Donald Trump: à Indianapolis, l’inquiétude des migrants africains
L’entrée en fonction de Donald Trump suscite l’inquiétude d’une partie des noirs américains et des migrants originaires d’Afrique subsaharienne.
Choses entendues dans les rues d’Indianapolis, douzième ville des Etats-Unis avec plus de 800 000 habitants, et qui a donné ses voix à Donald Trump à la dernière élection présidentielle.
La famille Omeeboh a quitté le Nigéria, il y a dix ans pour s’installer aux Etats-Unis. Les six membres de la famille ont la nationalité américaine. Infirmière, la mère de famille, Clara, a voté pour Hillary Clinton. Sa fille Leslie est étudiante. Les deux femmes témoignent.
Âgée de 20 ans, Leslie Omeeboh étudie à l’Université les neurosciences et le Français et se destine à devenir médecin. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump l’inquiète. « En tant que jeune femme africaine qui habite Indianapolis, moi je pense que c’est inquiétant. J’étudie à l’université de Notre-Dame qui est majoritairement républicaine. Alors oui, c’est difficile ! »
Clara Omeeboh, sa mère, a elle déjà noté des changements. « Ce que j’ai vu dès la victoire de Donald Trump, c’est le Ku Klux Klan venir en jubilant à l’école, s’en prenant aux Noirs leur demandant de se taire, de faire ceci, cela … et ça n’est pas normal ».
Dans ma famille, on blague en disant que l’on va émigrer au Nigeria, renchérit Leslie. « C’est une blague, mais bon… ». Une blague qui illustre comme une crainte.
« Gérer un pays et gérer un business c’est pas la même chose »
Le Baobab African Market est le rendez-vous des Africains d’Indianapolis, en quête de produits alimentaires en provenance d’Afrique. L’élection et maintenant l’entrée en fonction de Donald Trump y sont diversement appréciées. Si certains s’en inquiètent, d’autres pensent que ces promesses électorales ne se réaliseront jamais.
A la caisse du Baobab African Market d’Indianapolis, Foester Gomis s’occupe de la clientèle de son magasin. « Moi je voulais pas qu’il soit président, mais bon… C’est la vie ! » Sénégalais vivant aux Etats-Unis depuis dix ans, Foester Gomis est détenteur de la Green card. Il n’est pas encore citoyen américain, mais les quatre prochaines années ne l’inquiètent pas vraiment. « Je ne pense pas qu’il va refouler tout le monde comme il l’a dit, ce n’est pas possible. Il ne peut pas faire ça parce que je pense que l’économie des Etats-Unis [est ce qu’elle est] grâce aux immigrants. »
Foester Gomis a des clients d’origine africaine qui ont voté pour Donald Trump. « J’étais quand même un peu déçu : pourquoi, en tant qu’Africain, tu votes pour quelqu’un qui parle mal de ta race ? » Pourquoi alors un tel vote ? Selon eux, « il a dit toutes ces bêtises pour être président mais que ça va être le meilleur président au monde… Il était successfull sur le business… mais gérer un pays et gérer un business c’est pas la même chose. Un pays c’est pas un business ! »
L’Indiana, l’Etat dont Mike Pence était gouverneur, a élu Donald Trump avec 57% des suffrages. C’est un Etat conservateur mais qui peut élire un président démocrate comme en 2008 avec Obama. Lors de ce scrutin, la classe ouvrière a massivement rallié le milliardaire car pendant toute la campagne, il a dénoncé les délocalisations qui frappent cet état du Midwest.
RFI AFRIQUE