Libye: à leur tour, des ONG pointent du doigt l’UE sur sa gestion des migrants
La communauté internationale est montrée du doigt en Libye pour son incapacité à protéger les migrants. C’est l’ONU, pourtant partenaire de l’UE dans la gestion des migrations, qui a fait ce constat terrible.
Le dirigeant du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Zeïd Raad al-Hussein, dans un communiqué d’une rare violence, accuse l’UE de fermer les yeux sur les « horreurs inimaginables » subies par les migrants en Libye. Un constat très dur qui n’a pas été très apprécié du côté de Bruxelles et qui a donné lieu mercredi à une mise au point à Genève, entre la délégation européenne, la présidence estonienne de l’UE, l’ambassadeur italien et le bureau des Nations unies.
Pour de nombreux observateurs des questions migratoires, l’Union européenne est, elle-même, responsable de la dégradation de la situation pour les migrants en Libye, et ce, à cause des accords signés avec les autorités libyennes. Des accords qui visent aussi à bloquer les migrants à la frontière méditerranéenne via la formation de garde-côtes libyens.
Pour protéger ses intérêts, l’Union européenne ne veut pas savoir ce qui se passe pour ceux qui sont interceptés et envoyés dans des camps de rétention. C’est le constat que font plusieurs organisations telles que Médecins sans frontières, comme l’explique Hassiba Hadj Sarahoui, responsable du plaidoyer pour MSF : « A MSF, on a d’abord pensé que l’Union européenne ne savait pas, donc on a beaucoup partagé d’informations avec l’Union européenne en leur disant ce qui se passe, les témoignages que nous recueillons, ce que nous voyons, ce que nous entendons. Clairement, ça ne suffit pas et on voit une espèce de fuite en avant de la part de l’Union européenne ou l’on vous dit « on va améliorer les conditions de détentions » mais c’est un jeu de dupe, c’est surtout s’assurer que personne n’arrive en Europe ».
Plusieurs ONG dénoncent aujourd’hui l’argent versé notamment par le gouvernement italien à des milices qui régulent le flux des traversées. Des milices qui contrôlent aussi les centres de rétention et maltraitent les migrants qui deviennent alors otages d’une situation qu’ils ne contrôlent plus.