Madagascar: les baobabs citernes, la réponse du peuple Mahafaly à la sécheresse

A Madagascar, le grand sud est régulièrement touché par des vagues intenses de sécheresse. L’alimentation en eau est donc un enjeu crucial pour les populations, souvent livrées à elles-mêmes.

En 2006, des chercheurs ont découvert dans un village du sud de l’île l’existence d’une pratique unique à Madagascar : le creusage des troncs de baobabs pour en faire des réservoirs d’eau de pluie. Une doctorante en sciences sociales à l’université d’Antananarivo en a fait l’objet de sa thèse. Pendant quatre ans, elle a étudié les codes et coutumes de ces habitants.
Aux environs d’Ampotaka, à 7 h de route au nord-est de Tuléar, ils sont plus de 120 Adansonia Za, les baobabs de Madagascar, fièrement dressés sur le plateau Mahafaly, à avoir leur tronc creusé par la main de l’homme. Le but ? En faire des baobabs citernes. Cette pratique, qui repose sur un savoir-faire transmis de génération en génération, daterait des années 1920, selon la chercheuse Minah Randriamialisoa.

« C’est un moyen de stockage d’eau de pluie indispensable pour les Mahafaly, c’est une question de survie. La gestion des baobabs citernes est extrêmement codifiée et rythme la vie du village. Ils sont devenus experts en économies d’eau, explique-t-elle. Ils utilisent à peu près deux seaux d’eau par jour par famille d’environ cinq personnes. C’est donc une mise en valeur extrême de la ressource. »

Une ressource non monnayable. Les villageois ont interdit la vente de cette eau. Chaque famille possède au moins un baobab et en cas de manque, la communauté lui vient en aide. Une fois remplies d’eau, les cavités peuvent contenir près de 9 m3 de la précieuse ressource. De quoi assurer les besoins en eau d’une famille pendant trois mois, ce qui reste toutefois insuffisant.

« La pression démographique dans les zones rurales est énorme, analyse la chercheuse. A long terme, il n’y aura pas de baobab citerne pour tout le monde. Donc il faut développer d’autres alternatives. Par exemple, il existe des citernes en plastique. Mais ces solutions-là n’ont pas encore convaincu les villageois. Ils préfèrent largement l’eau contenue dans le baobab citerne. »

Malgré cette alliance incroyable entre l’homme et l’arbre, il est grand temps de trouver de vraies solutions, car les deux grosses pluies par an dans la région ne suffiront bientôt plus à assurer les besoins vitaux de la population.

rfi Afrique

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