RDC: les mesures de décrispation appliquées dans les délais prévus?
En République démocratique du Congo (RDC), les premières mesures prévues par l’accord vont-elles être appliquées dans les délais prévus ? Rien n’est moins sûr.
Au titre de l’accord signé, le 31 décembre, des mesures de décrispation devaient être prises. Le gouvernement annonce le retour de l’opposant en exil Roger Lumbala, ce weekend du samedi et dimanche 15 janvier, mais Moni Della, lui, croupit toujours dans la prison de Makala.
A 14 jours de la signature de l’accord, toutes les radios fermées par des mesures administratives – y compris RFI, à Kinshasa, coupée depuis plus de deux mois – devaient être rouvertes mais, pour le moment, rien de concret.
Le non-respect de ces dispositions peut-il constituer une violation de l’accord ? Joint par RFI, Maître Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj), membre de la société civile dite « non-signataire », proche de l’opposition, estime qu’il n’y a aucun doute.
« C’est une violation flagrante de l’accord que, déjà, nous déplorons. Aujourd’hui, nous pensons attirer l’attention des uns et des autres pour que la question de l’évaluation de la mise en œuvre de toutes les mesures de décrispation soit rapidement évaluée. Nous voulons interpeller les uns et les autres qui ont pris les engagements », a-t-il déclaré, à RFI.
A la question de savoir ce qu’il répondait à ceux qui disent qu’avant la signature de l’arrangement particulier, l’accord ne s’applique pas, le président de l’Acaj affirme que c’est faux.
« Non, je ne crois pas qu’un juriste bien formé puisse dire cela ou qu’une partie prenante, animée de bonne foi, puisse le dire parce qu’ils savent que dans l’accord, il y a déjà des mesures qui doivent déjà s’appliquer, notamment la réouverture de tous les médias proches de l’opposition ou encore tous les autres qui sont victimes de fermeture arbitraire, dont RFI, pour ne citer que ce média », a tenu à souligner maître Georges Kapiamba.
« Une preuve de bonne volonté »
Au sein de la tendance adverse, Marie-Madeleine Kalala, de la Société civile dite « signataire du précédent accord », il ne s’agit pas d’une violation.
« Je pense que ce ne sera pas une violation de l’accord, peut-être une faiblesse. Nous sommes en politique et je pense qu’il faut relativiser les choses. Le fait que nous soyons en train de siéger pour parler de l’arrangement particulier est l’une des preuves que les choses continuent. En effet, l’arrangement particulier, ce sont les modalités de mise en œuvre de l’accord que nous devons fixer et, parmi les points que nous devrons discuter, il y a le chronogramme. Par conséquent, le chronogramme n’étant pas encore discuté, je ne vois pas en quoi nous sommes en train de violer l’accord. C’est vrai que nous avons mis des chiffres mais là, c’était vraiment dans l’exaltation, je pense. Les réalités nous rattrapent et il faut faire avec, à mon avis », a-t-elle déclaré à RFI.
A la question de savoir à quoi a-t-il servi de signer l’accord, le 31 décembre, si, de facto il ne s’appliquera pas tant que ces signatures-là ne seront finies, Marie-Madeleine Kalala apporte des précisions.
« Il fallait lire justement. Nous, nous en avions conscience parce qu’on a quand même dit que l’arrangement particulier faisait partie intégrante de l’accord, mais c’était une preuve de bonne volonté pour tous les Congolais. On voulait leur montrer un témoignage de volonté commune de faire les choses ensemble, d’aller ensemble aux élections », a précisé, à RFI, Marie-Madeleine Kalala.
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