Somalie: Mohamed Abdullahi Farmajo élu président
L’ex-Premier ministre Mohamed Abdullahi Farmajo a été élu 9e président de la Somalie.
Il a été désigné par 184 parlementaires sur les 328 réunis sous haute sécurité dans un hangar de l’aéroport de Mogadiscio ce mercredi 9 février. Agé de 54 ans, Mohamed Abdullahi Farmajo fut éphémère Premier ministre entre octobre 2010 et Juin 2011. Technocrate populaire, il remplace Hassan Cheikh Mohamoud qui l’a félicité. Son élection est une surprise.
Il s’appelle officiellement Mohamed Adbullahi Mohamed et les Somaliens le surnoment « Farmajo », ce qui signifie fromage. Un surnom en forme de compliment dans la bouche des habitants de Mogadiscio. Farmajo est en effet populaire. Agé de 54 ans, cet homme longiligne aux petites lunettes carrées à passé une grande partie de sa vie aux Etats-Unis, il possède d’ailleurs la nationalité américaine. Il a exercé durant des années des fonctions administratives dans l’Etat de New York.
Farmajo s’est attiré une belle popularité lors de son passage au poste de Premier ministre durant 7 mois entre 2010 et 2011. Il a réduit drastiquement le nombre de portefeuilles ministériels, et engagé un début de lutte contre la corruption. Il n’a cependant pas eu le temps d’aller très loin, victime des réglements de compte politiques entre la présidence et le Parlement de l’époque.
Sa popularité tient aussi à son discours nationaliste, très opposé au fédéralisme devenu pourtant la pierre angulaire de la nouvelle Somalie. Et c’est là où les analystes s’interrogent. Saura-t-il s’adapter aux nouvelles conditions politiques ? Les provinces ont acquis un poids important dans les décisions nationales et toute remise en cause de leur légitimité serait très mal vécu. Farmajo a aussi de multiples défis à relever.
De nombreux défis dans un pays ravagé par 25 ans de guerre civile
Stabilité, renforcement de l’armée nationale, et lutte contre la corruption. Le nouveau président a un programme chargé, difficile à mettre en place. Tout dépendra de la nomination du Premier ministre, explique Abdi Barud, de la plateforme citoyenne Wakiil. Il faudra qu’il fasse l’unanimité entre les différents clans. Le nouveau président est issu du clan des Darods, tandis que Mogadiscio est majoritairement Hawiye.
Pour relever le défi sécuritaire d’abord. Les jihadistes shebabs ont multiplié les attaques d’ampleur à Mogadiscio ces derniers mois. Autre menace : la famine. Plus de la moitié de la population somalienne a aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire d’urgence selon les Nations unies.
Mohamed Abdulahi Farmajo, réputé nationaliste, devra travailler avec les gouvernements des différents Etats fédéraux somaliens, mais aussi avec les hauts fonctionnaires proches de l’ancien président. Pour l’instant, il bénéficie du soutien populaire et de l’armée nationale somalienne. Et le bilan positif de son passage à la primature entre 2010 et 2011 est susceptible de rassurer la communauté internationale. « Mais s’il représente un réel espoir de changement, conclut un analyste, il sera difficile de transformer les paroles en actes. »