Cissé Bacongo et les atchansCÔTE D'IVOIRE 

Abidjan: Est-ce que le peuple Atchan va-t-il survivre d’ici quelques années?

Nous avons tous lu sur la titrologie ivoirienne que le ministre-gouverneur Cissé Bacongo s’est entretenu avec les responsables Atchan qui seraient d’accord avec des primes à l’appui (90 véhicules, assurance d’un an, carburant annuel). Cependant nous sommes inquiets pour l’avenir de ce peuple.

Avec toutes ces agressions qui se traduisent en démolition des maisons, est-ce que le peuple Atchan pourra-t-il tenir la route? C’est une question qui nous taraude l’esprit et nous avons voulu vous la faire partager. Le peuple ébrié, appelé Atchan, pourrait-il exister d’ici, 50 ans?

Au départ, la ville d’Abidjan était peuplée d’un mélange de Akyé et de Atchan. Ils avaient leurs villages comme Anono, Abobo, Anoukoua Kouté, Yopougon, Locodjro, Attécoubé, ect et les autres qui sont confinés à cause de l’expansion de la ville et allez y faire un tour à Locodjro, derrière l’hôtel Ivoire, c’est suffoquant. Les habitants se marchent dessus et les rues ne peuvent plus contenir les voitures par manque d’espace de stationnement, à cause de la progression de la ville qui avance inexorablement vers eux et tôt ou tard, ils seront contraints de libérer le plancher. Où iront-ils? 

Peuvent-ils se mettre en cause à force de vendre leurs terrains ou simplement, ils n’ont pas vu venir le danger de leur disparition? Pourtant, ils étaient hermétiquement fermés sur eux-mêmes au point où on les taxait de tribalistes. Ils se mariaient entre eux. Ils vivaient en autarcie, on ne les fréquentait qu’à l’occasion de leurs fêtes de génération. C’est un peuple mythique. Alors qu’est- ce qui n’a pas marché?

Aujourd’hui, on a cette impression que tout est fait contre ce peuple le plus hospitalier des ethnies riveraines de l’océan et de la lagune. On a beau les déplacer, mais à la fin, ils n’auront plus d’espace d’expression sous toutes les formes, comme base culturelle pour un peuple qui fête chaque week-end, ses générations.

Nous sommes très inquiets pour ce peuple. Une grande partie de la commune d’Adjamé sera rasée parce que la nouvelle route dite Y, passera par là pour atteindre le grand rond-point de l’Indénié dans sa progression. Si, le président Ouattara ne veut plus à la tête du gouvernorat un de leur fils, c’est par manque de courage d’agir. Comme il veut aller vite et passer à la vitesse supérieure pour que cette route qui a déjà quitté Yopougon et doit logiquement faire partie de ses travaux titanesques réalisés, il est obligé de faire agir. A la fin de ces réalisations, il le comptabilisera parmi ses acquis. Ainsi donc, ce que fait le ministre-gouverneur Adama Bacongo, répond à des consignes formelles. On les pousse tous les jours, ces ébrié et ils sont obligés de libérer les espaces. On ne peut jamais faire d’omelette sans casser les œufs.

Sur ce coup, le modernisme ne fait pas bon ménage avec la tradition. Le régime veut que la ville d’Abidjan ressemble à Paris, Manhattan sachant bien que comparaison n’est pas raison.

Les ébrié, appelés Atchan vont disparaître d’ici, une vingtaine d’années s’ils ne prennent pas conscience de ce qui leur arrive. Ils n’ont plus d’endroit où organiser leurs cérémonies festives ou traditionnelles. Un matin, nous avons pris notre temps pour sillonner la commune d’Adjamé où les transporteurs refusent de partir et créent le désordre. Les abords des rues sont occupés par des garagistes avec des voitures tout au long des trottoirs, des petits commerçants qui vous traquent, empêchant les bus et autres voitures de circuler et ce sont les bouchons à n’en point finir pour des petites distances. 

Les voitures en guise de dédommagement, remplaceront-elles leurs lieux d’habitation?

                                Joël ETTIEN 

        Directeur de publication : businessactuality.com

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