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Bénin: L’honorable Guy Mitokpè s’attaque au président de l’Assemblée Nationale

Le secrétaire exécutif national du parti « Restaurer l’Espoir », l’honorable Guy Mitokpè n’a pas fait cadeau au président de l’Assemblée nationale lors du débat qui a suivi la présentation du rapport d’activités de ce dernier.

Si l’honorable Guy Mitokpè a voté jusque-là favorablement le rapport d’activités présenté par Me Adrien Houngbédi, président de l’Assemblée nationale, il n’entend pas cette fois ci donné sa caution à celui qui dit-il oeuvre « rageusement » pour enterrer la démocratie béninoise.

En effet, dans sa prise de parole après la  présentation du rapport d’activités de l’institution parlementaire, l’honorable Guy Mitokpè ne s’est pas montré tendre avec le « pépé » qui préside la destinée de l’Assemblée nationale. Il l’accuse ouvertement d’avoir comploté contre la démocratie béninoise, fruit de hautes luttes et de sacrifices de certains dignes fils de ce pays.

«La période citée est une période noire […] au cours de laquelle vous aviez participé à la mise en terre de notre démocratie »s’insurge t-il

En prenant la parole, l’honorable Guy Mitokpè a d’abord rendu hommage à la doyenne d’âge de l’Assemblée nationale, l’honorable Rosine Soglo pour sa déclaration. A le croire, il est totalement en phase avec cette déclaration dont le contenu est totalement proche de ce qu’il voulait dire.

» Monsieur le président de l‘Assemblée nationale. Je voudrais vous remercier infiniment pour la parole que vous m’accordez parce j’étais rentré un peu après l’heure d’enregistrement des noms. Je crois qu’il va falloir, c’est une doléance, que nous puissions insérer dans nos habitudes au sein de l’Assemblée nationale, à des moments donnés, des barouds d’honneur parce que franchement cette prise de parole de la présidente Rosine Soglo mérite quand même un baroud d’honneur. Je crois que après sa prise de parole, j’aurais bien voulu me taire. Elle a été totalement en phase avec ce que je compte dire. » indique t-il.

 

Pour Guy Mitokpè, la période du 1er Avril au 30 Septembre 2018 est une période apocalyptique pour le parlement béninois. C’est la période au cours de laquelle, précise t-il, la majorité mécanique au parlement a mis en exécution tous les plans machiavéliques conçus par l’exécutif pour mettre en sac la démocratie béninoise.

« C’est une période extrêmement noire pour notre démocratie parce que tout le plan qui a été conçu par l’Exécutif avec sa majorité mécanique à l’assemblée nationale a été aisément mis en exergue au cours de cette période. C’est au cours de cette période que nous avons fait échouer le deuxième assaut sur notre constitution et c’est curieusement au cours de cette période que la majorité ayant vu ses échecs répétitifs sur notre constitution, a décidé d’introduire un certain nombre de loi, ce que j’ai appelé des lois de contournement. » se désole t-il.

Il en veut pour preuve la taxe sur les réseaux gsm pris par le gouvernement. A le croire, c’est parce que l’assemblée nationale a démissionné de sa mission constitutionnelle que l’exécutif se donne toutes les libertés.

 « Cette 7ème législature est quand même remplie de personnes assez sages et assez bien instruites, en la personne même d’abord de vous-même monsieur le président de l’assemblée nationale. Vous n’êtes pas des moindres. Vous faites partie des hommes de loi les plus respectables de notre pays. Mais malheureusement, l’assemblée nationale au cours de  cette période s’est complètement fourvoyée et l‘assemblée a été détournée de ses objectifs. Tout à l‘heure, lorsque le premier vice-président de l’assemblée nationale a pris la parole, il était revenu un peu sur les rôles de l’assemblée nationale à savoir consentir l’impôt, voter des lois et contrôler l‘action du gouvernement.

En ce qui concerne le fait que l’assemblée nationale consente l’impôt, nous avions été surpris de voir le 25 juillet dernier, un décret qui a été signé du président de la République qui comptait augmenter les tarifs sur les Gsm. Si nous étions une assemblée nationale qui joue réellement son rôle, je pense que ce décret ne devrait pas être pris sans que nous ne puissions être concertés parce que nous consentons l’impôt. On ne peut pas augmenter comme on veut, rendre difficile comme on veut la vie des citoyens tout en oubliant que nous sommes dans une République et que nous sommes dans un système démocratique. » martèle t-il.

Il a par ailleurs accusé le président Adrien Houngbédji d’avoir avec la majorité mécanique qui l’accompagne fait de notre pays une ploutocratie  c’est-à-dire une démocratie qui a pour carburant l’argent, l’argent et beaucoup d’argents. Et l’histoire retiendra, poursuit-il  que c’est au cours de cette période de la 7ème législature, c’est-à-dire du 1er avril 2018 au 30 septembre 2018, que l’assemblée nationale a concédé ces faits à l’exécutif. Il va plus loin en affirmant que la terreur est installée dans le pays pour empêcher les gens d’exprimer leur ressenti.

« Aujourd’hui, tous ceux qui veulent parler dans le pays, monsieur le président, ont peur sauf ceux qui veulent louanger ou ceux qui veulent être des laudateurs du régime(…) au cours de cette période, le parlement a protégé certains qui méritent qu’on les interpelle parce que ayant été déjà ministres dans des gouvernements passés, et pendant ce temps, le parlement a livré ceux qui ont eu le courage de ne pas faire la louange de l’Exécutif et ceux qui ont eu le courage de dénoncer des faits de l’Exécutif. Nous sommes tous des prisonniers en sursis, du moins, ceux de la minorité parlementaire. Nous sommes de potentiels prisonniers ; à tout moment, on peut nous prendre. Désormais les magistrats ont peur parce que à tout moment, on peut les radier. Les avocats ont peur, à tout moment on peut leur faire des redressements fiscaux. Nous même notre immunité parlementaire n’est plus respectée parce que lorsque vous parlez, vous constatez que des gens vous font des clins d’œil pour dire, ‘’mon petit, tu parles un peu trop’. Donc, c’est ce que notre démocratie est devenue. » précise t-il.

Après avoir exprimé sa déception pour tout ce qui a été tramé durant la période considérée contre la démocratie béninoise, l’honorable Guy Mitokpè affirme sa désolation de ne pouvoir accompagner cette destruction de la démocratie en accordant sa caution au bilan  d’activité présenté par le président de l’institution.

« Monsieur le président de l’assemblée nationale, je suis un peu meurtrie dans mon âme parce que depuis que j’ai fait mon entrée dans cet hémicycle, à part le vote du dernier rapport où j’étais absent, j’ai eu l’habitude d’apporter ma caution à votre rapport d’activités. D’abord parce que j’ai beaucoup d’estime pour votre connaissance et pour votre personnalité, et j’ai toujours pris cela comme un privilège pour moi d’être dans un hémicycle pour lequel vous êtes le président mais malheureusement aujourd’hui, je ne pourrai pas apporter ma caution à ce rapport parce que la période citée pour moi est une période noire, la période citée est la période au cours de laquelle vous aviez participé à la mise en terre de notre démocratie. Cette démocratie comme le Christ, ressuscitera et j’en suis convaincu. C’est pour cela que nous travaillons. Nous travaillons afin que cette démocratie enterrée par vous-même et la majorité ne puisse pas rester en terre » conclut-il.

Relayé par 3A.N

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