Côte d’Ivoire:  Bédié aura 84 ans!

Des débats stériles jasent sur les médias et les réseaux sociaux faisant état de plusieurs malversations et des tortures politiques, qui font masturber ses auteurs. Loin d’être un défenseur de M. Henri Konan Bédié, je me sens interpellé parce que je suis cadre militant de son parti politique, le PDCI RDA.

Déjà, à 84 ans bientôt, je vois mal le « vieux » aspirer à un poste de président de la république. A cet âge pour ceux qui ont la tête, c’est le retour à l’ascenseur et non le maintenir à sa hauteur. M. Konan Bédié, je ne pense pas qu’il aurait encore cette envie de revenir au pouvoir. Mais, il y a une chose que je sais de lui, son manque de communication et Dieu merci, à la faveur de séjour européen, il commence à s’ouvrir à des médias qui le titillent à sortir de lui, pour donner sa part de vérité sur ces fallacieuses accusations.

Depuis un certain moment, des donneurs de leçons et des loufoques l’indexent d’être l’argentier de la rébellion qui s’est muée en guerre civile qui continue de fragiliser le pays et qu’aucun effort, ne peut atténuer. Heureusement, que le Sphinx de Daoukro a écouté les conseils des uns et des autres pour sortir de son silence.

Qui, mieux que lui, peut livrer encore son pays, en l’état où, les armes circulent comme des vélos, si rien n’est fait? La Côte d’Ivoire, n’est pas un pays de violents et d’assassins et malheureusement, c’est ce que la France de Sarkozy et sa bande d’hommes d’affaires lui ont servi comme plat, qui hélas est empoissonné. N’étant pas dans le secret des diables, je ne pense pas que lui, Bédié veuille s’adonner aussi facilement à ces jeux.

Pourquoi, je le dis? Pendant son séjour forcé dû au coup d’état de 1999, je l’avais approché, dans sa résidence privée de Paris pour lui faire des propositions de riposte, il m’avait rétorqué que non, la vie de ses compatriotes qui n’avaient jamais vécus de telle atrocité, valait mieux qu’une vengeance. J’avais tellement insisté à plusieurs reprises, mais j’avais fini ne plus jamais, le revoir, tellement j’étais outré. C’était dans la douleur du désordre et de cette atrocité que je demandais cette vengeance. Et, pourtant, l’occasion était belle pour un tel projet. Il ne l’avait pas fait.

En  plus, à Marcoussis, c’est le même Bédié qui avait sauvé le fauteuil du président Gbagbo, demandant à la France de Chirac d’alors, de le laisser terminer son mandat. Tous ceux qui étaient à cette table ronde, pour ceux qui sont honnêtes, le diront.

Moi, je l’ai critiqué sévèrement, le jour de la naissance de leur RHDP, en avril 2005 sur les bords de la seine. Et depuis, je n’ai pas varié. J’ai été encore plus strident d’attaques et de critiques, quand il avait lancé son fameux appel dit de Daoukro. Bédié ne communique pas.

Mais, après moult réflexions, j’ai fini par comprendre que toutes ces sorties, avaient un sens de sauvetage. Je peux me tromper, mais c’est parce que le président du PDCI RDA ne communique pas et c’est ça aussi, son défaut. Heureusement qu’il le fait maintenant. La France qui l’avait contraint au béni oui oui, cette France, est plus puissante que son petit pays. Alors, il m’a semblé qu’il voulait l’âne donc il a fait le foin.

Nous, ivoiriens, avions souvent dans l’émotion, la passion, le fanatisme, la mémoire courte et cela, ne nous arrange pas du tout. Et les autres le sachant, ils s’en serviront toujours pour réduire notre liberté à leurs fins stratégiques de tout nous ravir. Ils ont encore les armes. A un moment, l’ONU avait accusé Soro Guillaume de posséder plusieurs tonnes d’armes, qui a levé le petit doigt? Était-ce encore le même Bédié qui lui avait remis sa fortune de les acheter? Quand un forcené rentre dans une cour, je ne crois pas qu’il faille lutter contre lui quand on n’a pas les mêmes armes que lui. Négocier.

C’est encore, le même Bédié qui s’est mué en amitié avec Soro, son petit fils,  pour le dissuader d’en faire usage. Est-il facile à un rebelle de vivre sans son arme? Que faut-il faire pour l’en dissuader d’en faire usage? La pédagogie. Ce qui manque à bon nombre d’ivoiriens. Je crois que s’il y avait plusieurs comme lui, à approcher, échanger, dialoguer avec ces tenanciers d’armes, le pays serait déjà, libéré. La Côte d’Ivoire est encore et reste occupée, divisée, meurtrie, fragilisée, qui ne le sait pas? Que fait-on quand on a le doigt dans la bouche de quelqu’un? Entre eux et nous, il n’y a aucune approche, on fait comment pour leur demander de déposer les armes? Bédié, me semble-t-il, joue ce rôle.

Mais, il y a une seule chose dont je suis sûr, son parti politique, le PDCI RDA n’aura pas besoin du quitus du RHDP pour reconquérir le pouvoir d’état. A la rigueur, si, c’est une stratégie, les milliers de militants, n’en font pas leur dada si et seulement, on procède à un vrai désarmement, à un vrai recensement de la population, à la refonte de la commission électorale indépendante, la libération de tous les prisonniers sans exception, le retour de tous les exilés, la remise des biens expropriés à leurs propriétaires et le dégèle des avoirs . Si ces données-là, sont réglées, le PDCI RDA n’a pas besoin d’alliance pour reprendre ce pouvoir qui fait plus de mal, de tort, de douleurs que de biens aux ivoiriens. Alors, j’attire l’attention du président sur ce qu’il nous faut pour libérer véritablement le pays.

A force de lancer des cailloux en direction de la jarre dans la chambre de la vieille qui nous sert d’eau fraîche, on finira par la casser. Alors où irons-nous pour nous abreuver? Dans cette crise qui frappe le pays, tout le monde a sa part de responsabilité, alors arrêtons de fustiger les uns et les autres pour nous voir toujours souffrir. Depuis que cette crise dure, quel remède nous a guéri, dites-le moi. En plus, on n’a pas le choix dans cette situation de blocage, on fait comment?

Nous avons la chance d’avoir encore dans nos rangs, des lucides, profitons-en.

 Joël ETTIEN