Arrestation de Gbagbo 11 avril 2010A LA UNE AFRIQUE 

Côte d’Ivoire: Ce que nous relève le 11 avril.

11 avril 2010. Il y a plus de 12 ans en arrière et c’est maintenant que mes souvenirs remontent. Nous avons lu divers témoignages sur cette date, haut combien triste et douloureuse, mais elle est passée, cette date. A-t-elle pu enseigner ses conséquences, mais apparemment, il me semble que tout le monde n’y a rien tiré comme leçon.

Pourquoi nous revenons sur cette date? La guerre battait son plein et nous qui sommes à Paris, ne dormions pas et les pavés nous servaient de marche-pied. On ne tenait pas compte des intempéries, mais on y était pour lutter. La crainte au ventre, j’étais sur la Rue de Rivoli, quand mon téléphone a sonné. C’est Jacky, une sœur. J’entends encore sa voix dans mes oreilles jusqu’à ce jour. Joël, Joël, Joël, ils ont attrapé le président, ils ont pris le président oh, Joël; elle sanglotait et je cherche à me garer, difficile de trouver un endroit pour garer ma voiture. Mes pieds tremblent. Le feu devant à quelques 30 mètres s’allument rouge et je suis dans la file. Il revient au vert. Je suis bloqué. J’entends des Klaxons et deux policiers viennent toquer à la portière de ma voiture et je réalise que je suis dans la rue. Un contrôle vite fait de ces deux policiers qui ont été gentils avec moi et je file chez moi à Nanterre. Aujourd’hui, j’ai la force d’en parler et même d’égrener quelques notes écrites. 

La voix de Jacky me revient encore comme si c’était hier. Une date dans une nation sert toujours à ses ressortissants d’en tirer des leçons, mais ici en Côte d’Ivoire, les ivoiriens passent et repassent, on dirait qu’ils n’en ont jamais vécu. Soit, ils veulent y passer l’éponge ou soit, ils ont dans le cœur d’en découdre si une occasion leur était donnée.

Je rentre chez moi, et les images de cette arrestation passent en boucle sur toutes les chaînes de télévision. Gbagbo Laurent et sa suite viennent d’être capturés avec l’atrocité visuelle qui va avec. Que faut-il faire en ce moment précis ?

Ce n’est pas parce qu’une voiture a tué ton parent que tu ne veux plus emprunter de voiture, c’est cette réflexion qui vient taper sur ma décision. Ne souhaitons pas à notre pire ennemi, ce que nous avons vécu, de près ou de loin et cette arrestation réveilla en tous les ivoiriens, l’esprit patriotique. Chemin faisant, ceux pour qui on menait la bataille pour donner à la raison de vivre dans sa justice, sont libérés, innocentés et se trouvent sur leur terre natale. Waoo, donc il y a un Dieu ? Remercions-le. Merci Dieu.

Mais Gbagbo est où? Ce Gbagbo qui a failli fendre le cœur de Jacky, il est où ? Il est sorti, mais où est-il ? Gbagbo, ton arrestation a failli donner la mort à Jacky à Neuilly/sur/Seine et j’ai failli prendre une amende si ces deux policiers n’avaient pas été compréhensibles, tu es où Gbagbo ?

Sans compter les morts, les amputés, les orphelins, les veuves et veufs, Gbagbo chacun a eu son histoire dans ton histoire, tu es où? Jacky est à Paris, tu aurais dû y faire un tour pour nous remercier, même si de loin, on te voit sur une estrade en train de nous parler, et à la fin nous dire merci pour notre combat, j’allais revoir le sourire de Jacky qui est tellement émotive et sensible que des larmes de joie et de récompense allaient perler sur ses deux jolies joues. Gbagbo tu es où ?

En plus, elle n’est pas la seule, mais j’ai pris son cas pour faire une généralité. Des femmes noires se mettaient presque à poil pour maudir et conjurer le mauvais pour te purifier de tous ces gestes que les blancs découvraient pour la première fois dans leur pays et ça marché. Gbagbo tu es où?

Mais il ne faudrait plus souhaiter que cela arrive encore. Nous avons tellement de souvenirs de cette période triste qui venait d’écrire de nouvelles pages de l’histoire politique de notre pays, mais hélas, la pilule n’est pas passée. Les intellectuels qui devraient en faire leur dada, pour réveiller cela dans l’esprit ont tous démissionné pour devenir des acteurs politiques.

Les élections approchent, il ne faudrait pas que ces appétits, ses envies insatiables, les ivoiriens vivent encore ces choses.

Nous avons tellement de souvenirs de cette date uniquement mais si nous voulons tout relater, on vous retiendra pour longtemps, alors que vous ne lisez plus.

Ivoiriens faites tout, mais plus jamais de 11 avril, 30 septembre, 30 octobre, plus jamais ça. Le couteau, le fusil tuent, mais c’est avec eux qu’on vit, quand on sait les utiliser. Faites prévaloir le vrai amour, sans ça, tout sera vain. 

                                   Joël ETTIEN 

             Directeur de publication: businessactuality.com

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