Côte d’Ivoire: des militaires contre l’accord entre les autorités et les mutins

Une délégation des mutins de janvier dernier a demandé pardon à la nation et au président Alassane Ouattara, jeudi 11 mai, annonçant au passage renoncer à toutes revendications financières.

C’est pourtant des arriérés de primes promises et non versées qui avaient mis le feu aux poudres l’hiver dernier. Cette annonce est loin de faire l’unanimité dans leurs rangs, alors que la situation économique est très compliquée dans le nord du pays.

Après cette annonce des mutins, la réaction ne s’est pas fait attendre. Des tirs se sont fait entendre dans la nuit à Korhogo au nord du pays et ce matin à Bouaké et Abidjan, où des tirs sporadiques ont retenti au camp Gallieni au plateau et au ministère de la Défense. Des tirs en l’air de militaires qui, visiblement, n’acceptent pas le discours prononcé par leurs camarades. Plus de peur que de mal puisqu’aucun blessé n’est à déplorer. Certains axes routiers ont par ailleurs été plus ou moins bloqués, notamment à Bouaké.

Ces militaires refusent apparemment de renoncer aux revendications financières de 12 millions de francs CFA. Une somme qu’ils ont déjà partiellement touchée à hauteur de 5 millions de francs CFA. Depuis plusieurs semaines, le ministère de la Défense, l’état-major des armées avaient multiplié les rencontres avec les mutins en compagnie également des chefs traditionnels et des autorités religieuses. Entretiens qui avaient abouti, semble-t-il, jeudi soir, à un modus vivendi entre les deux partis.

Situation financière du pays difficile

D’une part, le gouvernement s’est engagé à faire des efforts sur les promotions en grades plus fréquentes, sur les taux attribués aux militaires pour leurs logements, sur la qualité générale de leur équipement, d’autre part les 8 400 mutins, comprenant la situation financière compliquée du pays, ont accepté de revoir leurs prétentions.

« Je pense que les militaires qui se sont engagés ont compris eux-mêmes que ce n’est pas dans leur intérêt, dans l’intérêt de la nation d’avoir ce genre de mouvement. Parce que finalement qu’est-ce qu’ils veulent ? Donner une image de la Côte d’Ivoire, ralentir les investissements alors qu’on a une conjoncture économique difficile, tout le monde comprend qu’il est temps de tourner la page. Je pense qu’au-delà du sacrifice, le gouvernement réussi à leur faire comprendre que dans leur intérêt, il faut une Côte d’Ivoire stable et prospère », explique Arthur Banga, spécialiste des questions de défense, joint par RFI, jeudi soir, après l’annonce des ex-mutins.

Visiblement, plusieurs mutins n’ont pas la même analyse de la situation et continuent de revendiquer le paiement de la totalité de leurs primes. Ils se disent « furieux de s’être fait doubler » par certains de leurs collègues. Pendant ce temps, la population rencontre des difficultés similaires à celle de militaires dont ils sont parents, mais qui en plus, eux, sont soumis à la peur des tirs de kalachnikovs. Reste à savoir comment le gouvernement parviendra à se sortir de cette impasse.

rfi Afrique

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