Côte d’Ivoire: Où est passée la députée Yasmina Ouégnin?

J’interpelle la députée nationale Yasmina Ouégnin, la fille du célèbre chef de protocole du président Félix Houphouet Boigny, M. Georges Ouégnin et pour cause. Je voulais lui adresser une lettre ouverte, mais j’ai préféré, cette forme pour l’appeler à assumer les responsabilités qui sont les siennes dont elle oublie.

En effet, à la veille des candidatures aux législatives, le peuple ivoirien a montré ce que l’on a appelé par le passé, l’ivoirité à l’égard de cette jeune dame, remplie de dynamisme, d’espoir et de défi. Dans les états majors des partis politiques, des armes s’affûtaient et des coups se jouaient. Tous les partis politiques engagés dans cette course politique pour représenter le peuple au perchoir, s’organisaient et les prétendants attendaient d’avoir l’onction, les armoiries, le logo, la permission de leur parti politique pour aller sur le terrain.

Période d’injustice, de favoritisme, les ivoiriens en ont vu des vertes et des pas mûrs. C’est dans cette turbulence que la jeune Yasmina Ouégnin et son père, se voient exclus de leur parti politique, le PDCI RDA. Les raisons sont jusque là, dans les placards et le peuple en a décidé autrement.

Décriée comme une grosse injustice face à l’histoire politique ivoirienne, la jeune députée sortante, s’est vue comme une traînée de poudre, adoubée par tous les ivoiriens sans exception parce qu’elle était face à une ministre en exercice, parachutée dans sa commune pour la défier et au demeurant, la narguer; le peuple a dit:« non, ça suffit » et la suite, elle en sort victorieuse. Même si je n’ai pas eu échos qu’elle ait organisé, une grande fête pour remercier ceux qui l’ont portée à cette victoire historique et écrasante, je retiens, qu’elle a été élue, n’en déplaise.

Qu’est-ce que le pouvoir n’a pas mijoté pour retourner la victoire en faveur de sa concurrente, qui était sa candidate pour la bouter hors du jeu politique? Mais, comme un sursaut national, car il faut bien le dire, la campagne et la victoire de Yasmina, a été un sursaut national. Des jeunes de tous bords, surtout, les militants étudiants des pro-gbagbo, militants de son propre parti politique, le PDCI RDA et nombreux qui luttent contre le pouvoir de Ouattara, s’étaient lancés dans cette eau boueuse pour repêcher la candidate, dont ils voulaient en faire, un symbole. Mais, où est-elle?

Ceux qui l’ont portée au perchoir, parce que sa présence seule, à l’assemblée nationale, les rassurait de décrier des tares, l’injustice, ne voient plus leur championne qui semble se mêlée à la foule et se faire emporter par le courant. Oui, beaucoup, de ses partisans commencent à perdre goût à ce premier élan qui en a été, une grande démonstration de défi face au pouvoir. Yasmina seule, constituait un grand fleuve d’espoir. Mais où est-elle? Yasmina ne sait-elle pas que le système, envoie des sidéens dans les prisons pour abuser des prisonniers politiques pour qu’à leur sortie ou étant dans ces prisons, ils crèvent?

Madame la députée, ne sait-elle pas que M. Ouattara, n’a rien à foutre des ivoiriens et que les jeunes se mettant derrière elle, souhaitaient la voir bouillir de l’intérieur de l’hémicycle pour que dehors, ils continuent d’avoir de la voix pour lui venir au secours si et seulement, elle était dans les cordes? Où est-elle, leur championne? Qu’elle vienne leur rapporter ce qui se passe et décrier ces injustices qui divisent les ivoiriens! Sait-elle aussi, qu’un député, peu importe, sa circonscription appartient au peuple?

Les jeunes qui ont porté sa candidature à la victoire, ne l’ont pas fait pour qu’elle aille de cérémonies en manifestations, ils l’ont fait pour qu’elle dénonce et prenne position de la dictature des Ouattara, afin que le monde entier se rappelle encore du cas de ce pays qui paie pour son hospitalité.Où est Yasmina, l’espoir de toute cette jeunesse que le pouvoir rend en martyr? Et le futur, l’avenir qu’en pense-t-elle?

Il n’est pas encore trop tard, elle peut se rattraper, l’actualité dans son pays lui donne des autoroutes de prise de position. Le pouvoir des Ouattara laisse les gens mourir. La Côte d’Ivoire sous nos yeux disparaît et Yasmina, qui est le porte-flambeau de toute cette jeunesse se tait et ce n’est pas normal. Je ne voudrais pas que demain, les mêmes qui se sont portés garants pour sa victoire, la prennent pour une traîtresse. Quand un peuple est aux antipodes de la dérision et du désespoir, sa sentence est immédiate et irrévocable.

Yasmina, prendre position de l’injustice, la justice vous le revaudra un jour. Les Hommes passent, mais le pays demeure.

Joël ETTIEN