Côte d’Ivoire: Quel avenir pour ce pays ?
J’ai tellement écrit et parlé sur ce pays la Côte d’Ivoire que j’ai la nette impression de prêcher dans un grand désert, pourtant bondé d’arbres, d’herbes géantes pouvant étouffer et qui étouffent même le cri des cœurs de tout un peuple aux abonnés absents. Dois-je continuer ? Si oui, avec qui ? Mais à des moments, le devoir me rappelle à l’ordre comme si j’étais le seul ivoirien qui observait ce qui s’y passe.
Il est 1h30 de ce 31 décembre 2017, je ne dors pas et quelque chose me pousse à encore écrire. Tout le monde dort autour de moi, j’ai le sommeil qui s’éloigne de moi. Quel avenir pour cette Côte d’Ivoire en proie à des conflits jamais abordés et qui risquent encore d’exploser ? Le jeu trouble de certains de ses leaders politiques, pourtant assis sur d’immenses fortunes et de réserves d’argent, enlève souvent le goût de la vie dans cette vie de bon nombre des compatriotes.
Je refuse de faire partie de ces intellectuels apathiques qui préfèrent sacrifier le droit à la vérité au profit d’un silence coupable et complice, qui cachent mal l’hypocrisie, la lâcheté, et la paresse intellectuelle. Dire la vérité ne veut pas nécessairement dire juger ou prendre partie. Un jour et ce jour est arrivé où les ivoiriens voudront savoir la vérité de ce qui leur est arrivés et le reproche qu’on lui fait. En ce moment où tout le monde est vivant, il serait opportun que le courage nous anime de laisser à la postérité, la vérité et consigner dans nos mémoires et celle des générations à venir, le ciment d’une vraie alliance entre les ivoiriens.
J’en veux pour preuve à des personnalités comme M. Bédié, le jeune Soro qui se bat à tort ou à raison pour que la réconciliation soit effective, Affi N’guessan, Abdramane Sangaré, Mamadou Koulibaly qui souvent donne l’impression d’en savoir trop et qui vit politiquement en solo et à M. Banny le dépositaire de toutes les souffrances des victimes de cette guerre qui n’a pas encore fini d’écrire sa propre histoire. Ils sont nombreux qui tirent des avantages de ce qui mine la cohésion nationale.
Comme disait un serviteur d’un homme politique africain, et je cite : « la force d’une société ou d’une civilisation réside dans la qualité des valeurs qui régissent cette société et, surtout, dans le respect de ses valeurs par tous les citoyens, en commençant par les dirigeants ». Or la société ivoirienne est aujourd’hui sans valeurs morales : l’adultère, la prostitution, le mensonge, le viol, les assassinats, le vol, le détournement des deniers publics, le clientélisme, le tribalisme, la gabegie, la peur et la vengeance sont devenus des valeurs morales. A quoi bon mentir ? Depuis 1999, date à laquelle, le pays a sombré, la victime de cette époque, le PDCI RDA par manque de courage, s’est rangé du côté du faux, avec ses bourreaux pour des intérêts qui ne leur bénéficieront même pas à long terme. Pour permettre à ceux qui sèment la terreur de couvrir leur méchanceté, ils créent encore de nouveaux partis politiques comme si ceux qui existaient déjà manquaient d’éclairage, d’ambition et à force de pousser leur malice, aucun ivoirien ne croit en eux, encore moins à la politique. Le PDCI RDA, la victime étourdie des années 1999, joue avec une amnésie et une cécité politique dans une équipe où il n’a pas sa place. A force de le lui dire tous les jours, on a fini par me taxer d’anti-Bédié, ce mortel alors que l’entité PDCI RDA est immortelle et doit-être protégée.
La fin de ce grand parti est proche. Alors, je demande à M. Banny, le président de la commission dialogue et vérité, le propre piège de Ouattara, de nous sortir les résolutions de leurs immenses travaux. Tout est pourtant clair dans la crise où les bourreaux se bombent le torse dans la furia. Là encore, il lui faut ce courage pendant que le peuple l’attend. Pourquoi, garder autant de secrets pour alourdir son cercueil ?
Si c’étaient Gbagbo et son système qui posaient le problème, alors cela plus de 10 ans que les mêmes les ont écartés. La logique aurait voulu que le mal et la souffrance du peuple ivoirien disparaissent et qu’il débute immédiatement sur la prospérité avec le nouveau sauveur de Ouattara. Pourtant, ce n’est pas le cas. Les ivoiriens continuent de souffrir de la faim, de la misère, de l’injustice, de détournements des fonds publics, de tribalisme, de favoritisme, du trafic d’influence, de l’intolérance, de la dictature, du népotisme, de l’insécurité…. Pourquoi ?
Le régime se bat à se faire plaisir et l’étaler à ses amis au détriment des besoins élémentaires du peuple, soins de santé, sécurité, liberté d’expression, l’école, les routes qui s’évaporent à chaque érosion et j’en passe. Pourquoi s’entêter à construire ce qui n’est pas urgent, capital et prioritaire comme le métro, pendant que les besoins criards sont sans tuteurs ? Maintenant, c’est la création d’un parti unifié qui devient de facto, la priorité et avec qui ? Le PDCI RDA dont le président semble le pousser au suicide.
Soro Guillaume, qui devrait opérer par un courage le changement en prenant l’assemblée nationale à témoin pour lancer son mot d’ordre de réconciliation, s’est mué dans un silence coupable. Où sont donc ces partis d’opposition qui devraient se mettre ensemble pour parler d’une même et seule voix ? Le pouvoir, connaissant leur faiblesse, l’argent, les a tous achetés et ils font croire au peuple qu’il est à leur charge. Mensonge !
Quel sera donc l’avenir de cette Côte d’Ivoire si tous les fils fuient sa plaie ?
Joël ETTIEN
Directeur de publication de : www.businessactuality.com