France-Afrique: Qu’on arrête d’infantiliser les africains.
C’est à partir de la gestion du coup d’état du Niger, que nous nous sommes rendus compte que pour les politiques français, les noirs africains ne sont pas capables de disposer de leur propre intelligence pour se défendre ou s’affirmer, s’ils ne s’appuient pas sur d’autres comme Poutine. Pour ces européens, ils n’ont pas remis leur logiciel à jour qui continuent de considérer les noirs toujours comme des esclaves, incapables de prendre leurs propres responsabilités.
La France aurait dû prendre son sang froid pour résoudre ce conflit. Mais la précipitation avec laquelle Macron a agi, il n’aurait pas pu le faire, même les animaux dans un enclos ont un peu de dignité.
La manière peu orthodoxe et précipitée que Macron tente de gérer le coup d’état qui vient de lui échapper, on a tout compris, que depuis plus de 600 ans, ceux-là croient encore de nos jours, que les noirs ne sont pas capables de réfléchir et d’agir par leur propre intelligence. En d’autres termes, dès qu’il avait appris la nouvelle de ce coup d’état, il aurait pris tout son temps et son calme, à la rigueur envoyé des émissaires peu importe des chefs d’état africains ou des français pour se rendre à Niamey pour rencontrer les nouvelles autorités militaires. Mais non, monsieur depuis son palais décide de tout avec à l’appui de ces présidents africains dans leur club d’amis de la CEDEAO, d’intimer l’ordre à ramener le président Bazoum aux pouvoir.
Ils sont allés se donner en spectacles, car à partir de ce coup d’état, on vient de comprendre que la CEDEAO est un machin dans lequel les présidents africains se retrouvent sous l’extrême pression de cette France qu’il n’a aucun égard pour les noirs.
A partir de cet instant où le mépris, la morgue, l’irrespect, ont prévalu, il faut que la France fasse ses valises pour partir de son pré carré africain. Est-ce que le président du Nigéria peut-il accepter qu’une fois assis sur le trône présidentiel, en deux jours, on lui intime l’ordre de le quitter, il le ferait? Pourquoi ce que les autres ne veulent pas, ils le commandent aux africains ?
Les positions se sont déjà radicalisées et leur ordre normal basé sur leur démocratie à l’européenne, ne fonctionnent pas. Intervenir par la force aussi au Niger, n’est pas la solution qui va actionner et réveiller l’instinct de survie et de solidarité africaine.
En plus, ce n’est pas pas parce qu’il vient de se tenir un sommet Russie-Afrique que c’est Poutine qui serait derrière ceux des militaires nigériens qui font leur coup d’état. Comment on peut comprendre qu’après plus de 60 ans de pillage de l’uranium, le Niger se retrouve à la mendicité ? Comment comprendre qu’après plusieurs décennies de présence sur le sol nigérien, des terroristes et djihadistes continuent de semer la terreur dans le pays, alors que ces forces militaires étrangères sont supposées y ramener l’ordre ?
Il y a un long chapelet de drames que vivent les nigériens. Macron peut-il comparer les français aux nigériens qui leur donnent tout et qui vivent l’enfer ? Pourquoi la souffrance des noirs doit-être anodine et acceptable par tous les européens et dès que ces victimes réclament justice, cela devient un crime ? Pour les Macron, jamais de leur mémoire, le noir ne peut pas agir de lui-même quand il sent le poids de la souffrance et de l’ignominie. Encore pour dire non à la souffrance imputée aux nigériens, c’est Poutine qui serait caché derrière cet éveil de conscience ? C’est du mépris pur et simple et jamais, aucun peuple ne l’accepterait.
Il faut accélérer la solidarité entre les peuples africains et c’est bien, la réaction des présidents du Burkina, du Mali, de la Guinée-Conakry, de la Mauritanie, de l’Algérie qui s’opposent à ces décisions inexorables et inhumaines prises à la hâte par des africains contre leurs frères africains pour faire plaisir à des européens.
Si la France veut encore opérer par la force, c’est parce que pour elle, les noirs ne sont pas des êtres pensants, réfléchis et autonomes de disposer d’eux-mêmes de ce qui peut leur profiter et les arranger, elle se met le doigt dans l’œil et cela s’appelle, le mépris.
La gestion de ce coup d’état va ouvrir la voie à d’autres coups d’état, si c’est par ce biais qu’il faut régler les problèmes. Nous ne sommes plus à l’époque de l’esclavage. Chaque chose a son temps et chaque temps a sa chose.
Koné Bintou
Afrique de l’Ouest
