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PDCI-RDA: la longue marche de la jeunesse pour le pouvoir total. 

Tentative de submersion avortée en 1959, intégration absorption plombée en 1980, échec du mouvement des rénovateurs en 1990. Puis le 22 décembre 2023, la jeunesse a pris le contrôle du PDCI-RDA. Le plus vieux parti politique du pays est désormais dirigé par le plus jeune des présidents des quatre partis significatifs du Pays. 

Certaines langues avaient développé la thèse qu’il était impossible à un « jeune » de moins de 65 ans de diriger le parti des vieillards. Dans cette vision erronée, l’on n’oublie très souvent de faire mention de la place très privilégiée accordée par ce parti aux jeunes dynamiques et intellectuellement bien formés. Comme toute jeunesse a l’esprit baladeur, celle-ci a plusieurs fois tenté en vain d’imposer sa vision, parfois contraire à celle du principal fondateur Félix Houphouët-Boigny. 

Après la création en 1946, le PDCI-RDA a connu sa première secousse par l’avènement de la JRDACI en 1959. Cette année-là, les premiers hauts diplômés formés en France métropolitaine décidaient de créer le premier mouvement de jeunesse au sein du PDCI-RDA. Avec à sa tête le médecin Amadou Koné de Madinani et ses camarades Ernest Boka, Jean Konan Banny, Charles Bauza Donwahi et autres. Dans les résolutions de leur congrès tenu ils exigeaient la sortie du ministère d’Etat Félix Houphouët-Boigny du gouvernement français pour venir prendre les commandes du pays. Recevant l’écho de cette préoccupation le PDCI-RDA l’endosse et l’intègre dans les résolutions de son congrès.

Rentré donc au pays en qualité de 1er ministre de la Côte d’Ivoire dans la communauté franco africaine, Houphouët-Boigny forme son gouvernement avec un savant malaxage de jeunes et des anciens. Ce sera le début d’une pratique dont il fera constamment usage à chaque fois que le besoin politique se fait sentir. 

En 1980, ainsi compris la volonté des jeunes sur rapport de la tournée mémorable du secrétaire général du Parti monsieur Philippe Grégoire Yacé en 1978 dans à l’intérieur du pays, il décide  l’intégration des jeunes à des postes électifs pour calmer les ambitions. Ce sera l’avènement du pluralisme des candidatures à  l’intérieur du parti unique. Au haut niveau du parti,  il dissout le secrétariat général qu’il remplace par un secrétariat exécutif de 10 membres composé de 5 jeunes dont Le médecin Djédjé Mady, le vétérinaire Balla Keïta,  Gilles Laubouet, l’énarque Jean Jacques Béchio…et les doyens, Camille Aliali, Lanzeni Coulibaly, Jean Konan Banny et autres. 

Dix ans après, en 1990 le tumulte des rénovateurs a provoqué la colère du président FHB qui a argué: << si vous tenez tant à appliquer vos idées, allez créer votre parti >>. 

C’est peut-être de ce côté là aussi que l’on doit chercher, entre autres justifications, les sources de l’énergie de monsieur Djeny Kobenan leur leader,  pour créer le RDR après avoir échoué de plomber le parti au congrès extraordinaire électif qui a porté Bédié à la tête du PDCI-RDA

Cette fois, profitant du décès brutal du président Bédié, la jeunesse a réussi une OPA parfaite en plaçant à sa propre initiative un jeune  qui  a pris le pouvoir, et totalement. Ainsi donc monsieur Tidjane Thiam, jeune militant de luxe, âgé seulement de 61 ans, dont on ne connaît aucun passé de militant actif, a été élu le 22 décembre 2023, président du PDCI-RDA. 

Le troisième du rang après le père fondateur Félix Houphouët-Boigny et son successeur Aimé Henri Konan Bédié. Les circonstances ont été favorables et la jeunesse en a profité. 

En effet, si dès les premières minutes les anciens ont désigné l’un des leurs pour assurer l’intérim du président conformément aux textes, ils se sont mélangés les pédales à travers de nombreuses réunions sans communiquer,  ni sur les obsèques du président Bédié ni sur le mode opératoire selon la pratique du parti. Or la question fondamentale animait les mémoires. Qui pour diriger le PDCI-RDA et le conduire pour les élections de 2025 ? 

Et c’est en ce moment que des jeunes dont le militantisme pour les plus anciennes remontes à partir de 1990, ce sont concerté pour aller persuader Tidjane Thiam de venir se présenter à l’élection à la présidence du PDCI. Lui qui était venu seulement il y a un an régulariser son militantisme en s’acquittant de 24 ans de cotisations annuelles d’arriérés. Il a le profil de la fonction dit-on. Vraiment ?

Qu’importe, les jeunes ont mis la pression et la vieille garde a cédé. Et que pouvait-elle faire ? Dans ce parti qui a fait le choix de jouer pour ne pas perdre plutôt que de jouer pour gagner, et qui s’est ainsi fait rouler dans la farine dans tous les arrangements politiques avec le FPI tout comme le RDR, les anciens n’ont pas trouvé comment contrer la jeunesse. Nul ne doute que si l’intérim avait duré trois mois de plus Thiam aurait pu gagner les élections. C’est vraiment dans la pure tradition des Offres Publiques d’Achat (OPA) en bonne et due forme que la jeunesse a procédé. 

Le chemin a été long mais la jeunesse vient de prendre les commandes du plus vieux parti du parti. Et maintenant ? 

That is the question, et, wait and see!

Doumbé Zongo 

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