FICTIONS 

Sur le quai de la ligne 13, direction Châtillon.

Ce matin de ce beau dimanche en plein hiver, je suis assis sur le quai du métro de la ligne 13, direction Châtillon à attendre mon oncle Ané Roger, qui me demande de l’accompagner dans une banlieue qu’on appelle La Verrière, dans le 78.

Assis donc à l’attendre patiemment, mon regard se balade sur les mouvements des montées et descentes de ces parisiens qui déambulent leurs pas vers leurs destinations. Je suis à la gare de Montparnasse-Bienvenüe. 

Il est 12h30 et nous devrons nous retrouver à 13h. Mon oncle est radical sur les rendez-vous et je l’attends. Un couple peu ordinaire me dépasse, je suis assis sur un des fauteuils réservés à cet effet, les blancs, ils prévoient tout. L’homme est plus âgé que la femme, d’un grand écart d’âge et la jeune fille, se sentant heureuse en sa compagnie, lui tenait par le bras, en guise d’une vraie partenaire.

Je lis le dernier ouvrage du Pr Nicolas Agbohou, les solutions salvatrices de l’Afrique, prospérité et liberté des peuples, aux éditions Solidarité Mondiale A.N., que je vous recommande, parce que justement, je dois lui accorder une interview sur les crises de séparation dans le bloc des pays sahéliens et surtout du franc CFA.

De temps en temps, mon regard triche les passants et tous les gestes m’inspirent, c’est ainsi que je sors ma feuille et commence à gribouiller ce qui peut constituer mon récit-ci.

Le couple composé de la jeune fille et de son vieil homme me retient et je les suis. Ils sont passés devant moi et la jeune fille, qui n’est pas sa fille, puisqu’il l’embrasse copieusement au passage, était dans son manteau fourrure très beau et lui, dans son manteau tout le monde. Ils se font des câlins et je me rappelle qu’ils sont tous les deux des noirs, mais je ne peux certifier s’ils sont africains ou antillais. Ils étaient tous les deux mignons malgré la différence d’âge ou peut-être de sa fille, mais ils m’ont laissé sur le quais et se sont fondus dans la masse et ont disparu de mon regard.

je suis assis et de temps en temps, je me plonge dans la lecture, mais ce n’est pas facile de lire dans ces conditions à cause des mouvements des passagers par centaines et personne ne s’occupe de personne sauf moi, qui les regarde en me faisant des idées. La ligne 13 a deux destinations, Asnières-Saint Dénis, dans le sens inverse, moi assis dans le sens de Châtillon.

Pour le moment, j’ai de la chance parce que parmi tous ces passagers, personne ne reconnaît pour me demander ce que je fais ce matin sur ce quais, cela me donne l’attitude de réfléchir et produire ce récit.

Il y a vraiment beaucoup de noirs à Paris. Tous ceux qui descendaient et qui montaient, beaucoup étaient des noirs, mais ils étaient tous beaux et coquets. 

Ce métro qui rentre en gare, klaxonne et ça me fait sursauter car ce n’est pas courant. S’il savait qu’il transporte des milliers des passagers, dont des amoureux, des anxieux, des complexés, des penseurs comme moi, il est 12h45.

Je prends soin d’appeler mon oncle Ané Roger et il me confirme qu’il est à deux stations de moi et je range mon livre dont la perturbation des gens ne m’a pas permis de me concentrer pour le parcourir.

Tel que je suis habillé, un jeune blanc s’approche de moi et me demande si je vais à l’église et je lui réponds pourquoi, sans me répondre, il continue sa route et c’est après que j’ai réalisé qu’il avait raison parce que la plupart des noirs bien mis les dimanches, breaucoup vont à l’église, mais quant à moi, si je me suis bien mis, c’est parce que je vais voir un grand frère malade et opéré à l’hôpital de La Verrière.

C’est rare aussi que je sorte les dimanches, ils ont raison, mais j’en ai ressenti du chagrin et du remords qu’ils me confondent à un croyant des dieux blancs, alors que c’est faux. J’attends mon oncle Ané Roger sur le quai.

Un autre couple, ces deux-là, sont atypiques. La femme est noire et marche difficilement avec un troller à la main accompagné d’un vieux blanc qui me dépassent et cherchent sur les cartes leur destination. Je les suis du regard. Ils ont fini par se renseigner et ils venaient de rater leur sens, c’était de l’autre côté, direction Asnières-Saint Dénis, ils me dépassent pressés de rattraper le prochain, mais ces deux, sans doute qu’ils allaient à l’église parce que la plupart des églises des noirs, se trouvent dans ces banlieues, où ils transforment des entrepôts en lieux de culte. Ils m’ont traversé et sont partis.

j’étais dans les rêves quand je vois mon oncle sorti à la tête du métro et il met fin  aux effets qui chatouillaient mon regard. Il sera très surpris de ce récit, mais je ne perds jamais mon temps quand j’attends, je trouve toujours quelque chose à faire, surtout à écrire. 

Mon oncle Ané Roger, cet élégant monsieur, très savant et éloquent, un jour, s’il me donne l’autorisation, je vous parlerai de lui, surtout de son savoir illimité sur tous les sujets et à cause moi, il suit l’actualité africaine de très près. C’est un homme cultivé et riche, bon, solidaire, adorable et il vit avec sa femme française de peau blanche depuis plus d’une trentaine d’années et ils sont toujours amoureux l’un envers l’autre et je m’inspire beaucoup sur sa stabilité maritale pour construire ma vie de couple.

Au revoir, il est arrivé et comme avec lui, je ne m’ennuie pas, mon regard de ces souvenirs de parisiens sortant du métro, prend fin comme une boutique, il se ferme. Je vais l’ouvrir bientôt.

                                    Joël  ETTIEN 

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