Visite du président djiboutien en France: priorité à la défense
La visite officielle du président djiboutien en France s’est achevée mercredi soir 1er mars, une visite tournée vers les questions économiques et de défense.
Mercredi, Ismail Omar Guelleh a rencontré (avec une délégation de ministres et chefs d’entreprises) le patronat français au siège du Medef avant de s’entretenir avec le président du Sénat français puis avec le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, l’occasion de s’assurer du maintien du partenariat franco-djiboutien.
Présente à Djibouti depuis plus d’un siècle et demi, l’armée française s’y maintient depuis l’indépendance par un accord de coopération militaire. Un accord revu à plusieurs reprises, avec récemment une réduction des effectifs, mais qui comprend toujours une clause d’assistance automatique en cas de déstabilisation du régime.
Depuis une décennie la France réduit ses dépenses militaires. En 2004 il y a 3 000 soldats français à Djibouti. Paris souhaite descendre en dessous du millier d’hommes, mais un rapport parlementaire s’y oppose et le chiffre est fixé à 1 350 pour 2017. La 13e demi-brigade de la Légion étrangère rejoint Abou Dhabi, l’hôpital militaire Bouffard est rétrocédé à Djibouti mais les bases aériennes et navales sont maintenues ainsi que le 5e régiment interarmées (héritier du bataillon des somalis), quatre hélicoptères Puma, une Gazelle et quatre Mirage 2000-5.
Pour les députés, il s’agit d’honorer l’accord de défense entre les deux pays. La France assure le contrôle de l’espace aérien et doit intervenir en cas de déstabilisation du régime comme en 2008 lors du conflit avec l’Erythrée.
Par ailleurs, à Djibouti les conditions sont extrêmes, semblables à celles que l’on rencontre au Sahel où est déployée l’opération Barkhane. La France y forme donc ses propres soldats, l’armée djiboutienne et parfois ses alliés comme les Etats-Unis ou encore le contingent ougandais de l’AMISOM.
Un territoire qui suscite des convoitises
Les intérêts stratégiques vont bien au-delà du petit pays, car Djibouti est un véritable pivot pour se déployer sur le continent, vers l’océan Indien et au Moyen-Orient. Les forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) ont été déployées récemment en Centrafrique, en Irak, au Yémen et au Mali. Djibouti, c’est aussi un poste décisif pour sécuriser le commerce d’hydrocarbure, et le point d’entrée des câbles de communication vers l’Afrique de l’Est.
Le territoire suscite donc bien des convoitises. Les Etats-Unis y ont aussi une base d’où ils déploient leurs drones vers le Yémen. Djibouti abrite également l’opération européenne Atalante qui lutte contre la piraterie, la seule base japonaise hors de l’Archipel et la toute première installation militaire chinoise en Afrique.
Face à la concurrence, Paris décide de conserver sa base opérationnelle avancée. Le terrain est loué à l’Etat pour un montant annuel de 30 millions d’euros auxquels s’ajoute l’aide au développement sous forme de prêts mais aussi de dons. Les opposants accusent Paris de « financer » un régime qu’ils jugent « dictatorial ». Les loyers des bases américaine (4 000 hommes) et chinoise seraient respectivement deux et trois fois supérieurs.