Liesse populaire de la jeunesse africaine contre la CEDEAOA LA UNE AFRIQUE 

AES / CEDEAO : Divorce consommé, quelle répartition des biens communs ?

Depuis l’annonce de la sortie de l’AES de la CEDEAO, Alliance des États du Sahel, comprenant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, je constate étonnement une sorte de levée de boucliers, un tollé général, une clameur populaire au sein de la diaspora burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, tendant à fustiger les autorités burkinabè à travers les réseaux sociaux.

Certains tendent à qualifier la décision des autorités des trois États de tous les noms d’oiseaux et accablent les auteurs de la décision de tous les péchés d’Israël

Bien qu’aucune autorité ivoirienne ne s’est encore officiellement ou officieusement prononcée sur la question, le constat amer de la révolte de certains membres de la diaspora présageant des allégations de représailles de divers genres contre les siens, totalement infondées et fausses interpellent plus d’un de la difficile équation sur l’impérieuse marche triomphale de la deuxième révolution burkinabè.

Ces sorties hasardeuses et insidieuses insinuantes dénotent du fait que certains burkinabè, de l’intérieur comme de l’extérieur, notamment une bonne partie de la diaspora fidèle à la philosophie politique de fatalisme néocoloniale et néo impérialiste du régime COMPAORÉ et nostalgiques de certains avantages et privilèges privés émiettés du système occidental s’accommodent difficilement avec l’agenda de rupture enclenché par les États de l’AES.

Ces semblants d’inquiétude liés au plausible retour du bâton de la carte de séjour pour les non membres des États de la CEDEAO dénotent également soit de la mauvaise foi, de l’hypocrisie ou tout simplement de la méconnaissance des règles des relations bilatérales entre les nations.

Initialement l’instauration de la carte de séjour pour résidents étrangers dans leurs pays d’adoption ou de résidence permanente est une fabrique occidentale et des pays africains dont ceux de la CEDEAO l’ont adopté y compris la Côte d’Ivoire avec l’avènement du Premier Ministre Alassane OUATTARA, actuel Président de la République pour des questions économiques dans les années 90.

Jugée non rentable parce que entre-temps passée aux mains de réseaux mafieux, elle était passée de réforme en réforme au niveau des prix et de sa durée sans toute fois trouver matière à rentabilité, elle était aussi politisée pour amplifier une politique de stigmatisation, de tracasseries administratives et policières ainsi que de création de tensions communautaires et de clivages de certains ivoiriens indexés comme étrangers, la carte de séjour a également contribué négativement à la fraude massive sur la nationalité ivoirienne, certains ivoiriens, des légions remplies de vaillance mais d’arrogance, ivoiriens de la 25ème heure sont bien pour la plupart des fiers artisans de la triche identitaire que de la grandeur de la terre d’espérance, pays de l’hospitalité et de la vraie fraternité.

Face à ses nombreux cas de violations des droits humains, de tracasseries diverses et de tous les abus malgré les liens historiques de fraternité et les excellents rapports bilatéraux qui existent entre les deux nations frères et leurs peuples frères siamois, la communauté burkinabè vivant en Côte d’Ivoire avait sollicité et obtenu des autorités ivoiriennes d’alors sa supression. Le Président Laurent GBAGBO grand tribun et pragmatique qui avait donc accédé à cette requête avait également étendu sa dérogation à l’ensemble des ressortissants membres de la CEDEAO sans qu’aucun instrument d’intégration africaine n’a réussi nulle part dans aucun pays à l’exempter de ses membres.

Aujourd’hui le prix de la carte de séjour pour les ressortissants non membres de la CEDEAO et non français s’élève à 300.000 F pour deux ans de validité, les ressortissants de la CEDEAO étant exempts et les français payant un forfait spécial de 50.000Fau regard de facteurs d’appréciation préférentiels échappant à notre connaissance.

Pour l’avoir instaurée en tant que Premier Ministre dans les années 90 pour des questions économiques et qui a malheureusement contribué à amplifier les dérives identitaires et les tracasseries policières et administratives dont ont été victimes ses cousins burkinabè et ses partisans politiques du RDR mais supprimée par son ex adversaire et rival politique Laurent GBAGBO jugé pourtant nationaliste et xénophobe par certains de ses sympathisants, Alassane OUATTARA ne devrait donc pas se coller une mauvaise étiquette politique en instituant le retour de la carte de séjour contre ses cousins par représailles comme le craignent certains burkinabè de la diaspora.

La CEDEAO créée en 1975 avait pour objectif plusieurs volets de la coopération économique mais aussi de l’intégration africaine sous régionale, elle s’est vue se muer en un véritable syndicat des Chefs d’États en fonction que d’un instrument de fusion communautaire, une CEDEAO des peuples comme souhaité par les uns et chanté par les autres. Également certaines questions de fond concernant l’indépendance réelle, la souveraineté nationale, monétaire, politique et militaire ne font pas partie de la priorité de l’agenda de cette institution dans ses différents mécanismes et instruments. Elle est plutôt vue par bon nombre d’observateurs comme un outil subtil et subliminal de prolongement du néocolonialisme avec  des instruments économiques et d’intégration de façades.

Aussi vieille que les indépendances nationales, la CEDEAO en un demi siècle d’existence n’a pratiquement pas pour ainsi dire, pu toucher les questions de fond notamment la réforme du FCFA, la présence militaire étrangère sur ses sols avec carte blanche à tous les abus de confiance et de pouvoir, les accords coloniaux esclavagistes, véritables plafonds de verres juridiques qui entravent gravement tout processus de développement endogène.

Avec sa charte et ses plusieurs conventions et annexes additionnelles pour la promotion de la démocratie, de la bonne gouvernance, de la promotion des droits humains et du développement économique de ses membres, la CEDEAO est devenue l’ombre d’elle-même, producteur de communiqués de condamnation de coup d’État dont les auteurs ou les bénéficiaires finissent par gonfler ses beaux rangs après de lâches simulacres d’élections démocratiques avec des processus électoraux biaisés, des listings électoraux irréguliers, des intimidations politiques de tout genre, des achats de conscience d’électeurs et de technologies électorales frauduleuses éhontées.

La plupart des coups d’État militaires opérés dans sa zone contre ses membres l’ont presque toujours été avec la complicité d’un des leurs sous le parapluie protecteur providentiel du véritable maître occidental malgré des condamnations hypocrites.

Pour rappel le tombeur du Président burkinabè Rock Marc Christian KABORE, démocratiquement élu et réélu a été pourtant accueilli et accepté par ses pairs de la CEDEAO et a pris part à l’Assemblée générale de l’ONU en costume, jumelée à une réunion importante de la CEDEAO à New York pour fustiger et condamner le pauvre  » putschiste  » ,  » Président de la junte militaire au Mali » alors que son successeur  Ibrahim TRAORÉ est presque vomi comme un malpropre malgré le soutien populaire dont il bénéficie de la part des populations burkinabè.

La création de l’Alliance des États du Sahel devient donc comme une bonne réponse alternative pour l’aboutissement du combat d’émancipation sociale, politique, culturelle, économique, intellectuelle et spirituelle hautement mené de bonnes et de hautes luttes par nos devanciers et pionniers révolutionnaires.

La sortie de l’AES de la CEDEAO était donc prévisible, elle est logique et compréhensible dans la mesure où elle répond à un agenda de rupture que la CEDEAO n’a malheureusement pas inscrit dans le sien, c’est notamment la question d’indépendance et de souveraineté.

Elle ne remet aucunement en cause les rapports humains entre les communautés encore moins les relations bilatérales étroites entre les nations dont chacune est responsable de ses engagements face aux intérêts de son peuple.

La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso entretiennent particulièrement des relations fraternelles historiques depuis de longues dates et cette sortie du Burkina Faso de la CEDEAO ne remet aucunement en cause ces rapports historiques qui ont accouché depuis 2008 de plusieurs dizaines d’accord signés lors des 9 traités d’amitié, de fraternité et de coopération dans les principales capitales économiques et politiques des deux pays jusqu’en 2021. Ces plusieurs dizaines d’accords portent essentiellement sur tous les secteurs de coopération et tous les segments sectoriels de l’écosystème économique notamment l’énergie, le développement des infrastructures routières, l’agriculture, l’environnement, les télécommunications, la sécurité, la défense, la promotion culturelle et sportive, la promotion de la femme et de la jeunesse entre autres dont la libre circulation des personnes et des biens, objet de toutes les hantises de certains membres de la communauté burkinabè vivant en Côte d’Ivoire.

Le divorce presque déjà consommé, irréversible selon le Capitaine TRAORÉ, l’un des trois signateurs de l’acte dont le conjoint réfute le process, l’heure semble être maintenant dédiée à l’épreuve de rétribution des biens communs et comme le brexit londonien, le brexit ouest africain présente d’énormes avantages et inconvénients pour les deux parties, l’AES et la CEDEAO.

KABRE Yamba

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