Comment suis-je née avec mes premiers pas?
Il est 12h45 min, un vendredi 7 août, les préparatifs de la fête nationale, battaient leur plein, lorsque les cris d’un bébé se firent entendre à la maternité de Yopougon, une banlieue proche d’Abidjan. Quelle joie, pour cette mère qui venait de mettre au monde, son 8e enfant. Les quelques jours de surveillance passés à la maternité et nous rentrons à la maison.
De retour à la maison, les gens vont et viennent pour contempler, admirer et toucher du doigt, cette enfant qui a choisir de naître un 7 août, le jour de la commémoration de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, avec des présents pour lui souhaiter la bienvenue sur la terre des Hommes. Étant née un vendredi, dans la tradition baoulé, les parents décident de me donner le prénom Aya ce qui signifie en langue baoulé celle qui est née un vendredi.
Quelques années plus tard, mes parents m’inscrivent au cours primaire élémentaire première année, le cp1 et c’est avec succès que je passe en classe supérieure. J’aimais les études si bien que j’ai fait un parcours sans faute jusqu’à ce que je sois admise à mon entrée en 6e. Voulant toujours faire la fierté de mes parents, je me donne corps et âme à mes études car, ma seule joie était de voir le sourire de mes parents. Toujours dans cette même optique, je passe en classe supérieure jusqu’à ce que j’arrive en classe de 3e. A quelques jours de mon examen, je tombai malade. Très soucieuse, je me demandai si je pouvais encore une fois de plus faire la fierté de mes parents.
Aya! me dit mon père, je te sais intelligente et je crois en tes capacité de réussir au BEPC, ma fille je sais que tu seras parmi les admis. Mon père me poussa en ces paroles. Je me suis sentie honorée, à relever ce défi.
Le jour de l’examen arriva et je fus accompagner par mon frère aîné, Kouassi qui tentait tant bien que mal de me mettre en confiance. J’y arriverai grand frère lui dis-je, sois sans crainte car malgré la maladie, je ferai de mon mieux pour relever ce défi, faites-moi confiance et je ne vous décevrai pas. Comme si je n’avais jamais été malade, je me mis au-dessus de la maladie et je passai mon examen, haut les mains.
Le jour de la proclamation des résultats arrive, je me lève tôt le matin et décide d’y aller seule prendre mon résultat. Je trouve, la cour pleine d’élèves, certains en joie et d’autres pleurant comme des vaux, parce qu’ils ont échoué, en compagnie de leurs parents. Mon cœur bat à la chamade, mais j’avance quand-même. Courageuse, je fonce dans la salle et on me tend, mon relevé, l’enveloppe. Je l’ouvre, je suis admise. J’avoue que j’ai failli, tomber dans les pommes, mais je suis seule. Les autres me regardent et je leur offre, un petit sourire, car ce n’est pas leur avis que je cherche, mais celui de mes parents. Joyeuse, je marche sur ma victoire. Moi, qui souffrais la veille et dont, personne ne pouvait miser sa chance, je viens d’être admise à mon brevet d’études secondaires, le BEPC.
Arrivée à la maison, je suis trop sereine et ne manifeste guère ma joie. Ce n’est pas grave me dit ma mère si tu as échoué à ton examen, certainement que l’année prochaine sera la bonne, même ma propre mère, en doute et me projette pour l’année suivante, mon Dieu. Voyant la déception sur le visage de celle-ci, je me mets à pleurer en lui disant, maman, cette mine que tu vois là, ne justifie pas mon échec, réjouis-toi car je viens d’être admise à mon BEPC. Quoi ? Cria-t- elle en la fixant droit dans les yeux, maman, oui ma seule mère tu as bien entendu, je suis admise. Viens dans mes bras et elle sort, ses seins comme il est de coutume, pour les mettre dans ma bouche, en guise de bénédiction et de joie extrême, ou que je te mette au dos mon enfant me dit-elle en criant de joie et elle alerte toute la cour. Encore une fois, je viens de faire la fierté de mes parents. Quand on arrive ce stade, on devient grand et les gestes ne sont plus suivis par les parents.
Quelques mois plus tard, je fais la connaissance d’un jeune homme voisin, koffi qui coïncide avec mon orientation en seconde. Mon Koffi aussi, venait fraîchement de sortir de l’école de gendarmerie, ainsi commença une histoire d’amour entre nous qui va durer trois ans. Je venais d’une famille modeste quant à Koffi, le 2e fils d’une famille aisée. Nous habitions tous les deux, le même quartier et sommes des voisins. De ma maison, on voit la sienne. Lorsque quelques temps plus tard, ces parents apprirent que nous sortions ensemble, ils vont s’opposer radicalement, une fin de non-recevoir à notre amour. Ils avaient d’ores et déjà, réservé, une fille à leur fils. Me voici, dans une autre lutte, à laquelle, je ne m’étais pas préparée. Sa mère, ne voulait vraiment rien entendre, car celle qu’elle veut comme belle-fille, ce n’est pas moi. Le choix des parents de mon Koffi, était porté sur une autre fille, ouf, comment mener ce combat ? Ma mère, ne me voyait pas épouse si jeune et sitôt. Alors, là, je n’ai aucun appui. Ma maman, ma confidente, ma force, ne me voyant pas dans un mariage de sitôt que je comprends, n’est pas prête à me soutenir. Je ne pouvais donc pas aller me blottir dans sa consolation. Quant à mon Koffi, il ne pouvait, non plus et en aucun cas, désobéir au choix de ses parents. Nous nous aimons, il le sait et je le sais. Quand nous nous voyons, nos regards suffisaient pour tenir bon. Il venait ainsi, de déclarer la guerre à sa famille. Koffi était beau, intelligent et généreux. Jaloux comme tout homme aimant sa fiancée, il ne voulait pas me voir, avec quelqu’un d’autre, mêmes mes amis du lycée. Mon Koffi, savait que je n’étais pas portée sur le sexe et que lui, seul me suffisait. Je me battais sur ce plan, pour le pousser à tenir face à ses parents.
Toujours sous la pression de ceux-ci, mon Koffi décide de mettre fin à notre relation. Moi qui étais si brillante, si attachante à mon Koffi, voilà que, je viens de perdre mon Koffi, dont la seule odeur me remplissait de joie. Sa seule présence, me sécurisait. Il était tout mon espoir, et je n’avais connu que lui seul. Cette rupture va jouer pleinement sur mes études et entraîne mon échec au baccalauréat. Je ne voyais plus mon Koffi car il m’évitait tout le temps. Mes appels téléphoniques, ne lui faisaient aucun effet, diantre. Il raccrochait automatiquement quand il entendait ma voix. Comme, sur un chemin long à parcourir, je me retrouve seule, sans aide, sans secours, mes sentiments se vidaient dans mon sac, à chaque pas, sous le soleil, la pluie. Mon Koffi, oui, mon seul Koffi, celui sur qui, je posais ma tête, quand je me sens fatiguée, il est parti, loin de moi.
A suivre…