Décès de Pr Wodié: Pourquoi ce conflit générationnel entre les vieux et les jeunes ?
Que retenir de la mort du plus grand constitutionnaliste africain de son époque, M. Francis Wodié ? Voilà des grands intellectuels africains qui s’éteignent d’eux-mêmes. Ils sont pleins qui ont abandonné la lutte et qui veulent que tous les matins, le peuple se rende chez eux pour les vénérer comme des papes et comme cela ne vient pas, ils meurent tous dans le chagrin.
Paul Akoto Yao est mort, sans bruit et pourtant il avait des choses à prouver comme témoignages. Tout ce qu’on retient de lui, c’est qu’il a été un référent pour l’équilibre de l’éducation nationale et après ?
Ils sont nombreux ces monuments ivoiriens qui dorment chez eux et qui se laissent manger par le chagrin. Dans chaque parti politique, on en trouve, des monuments qui ont encore à apporter dans le débat afin d’insuffler leur savoir et leur sagesse dans ce jeu, pas seulement politique mais dans tous les domaines. Ils ont fui.
Même au niveau des immortels dans les autres domaines de la vie ivoirienne. Planteurs, artistes, sportifs et j’en passe qui peuvent vraiment être utiles pour la société, mais on ne peut pas aller les tirer de leur salon pour les inviter à intervenir. On ne peut pas accuser les médias, mais aucun responsable de ces médias ne peut refuser que ceux-là, leur envoient leurs services de communication pour venir intervenir sur certains problèmes de la nation.
Ce sont eux qui ne veulent plus être utiles à la nation. Comment un grand intellectuel comme le doyen Francis Wodié, peut rendre l’âme de manière incognito ce matin? On ne sait les raisons qui l’ont poussé à rendre son tablier de son poste, il est parti avec son mystère.
Il y a un autre, qui a servi à tous les postes de la nation et qui s’est isolé, l’ancien premier ministre Daniel Kabran Duncan. On n ‘a aucune nouvelle de lui. Il ne veut voir aucun journaliste. Il trie ses fréquentations et attend que le soleil s’endorme pour aller se coucher pour un grand sachant.
Les exemples du genre, on peut vous en citer des tonnes, mais qu’est-ce que cela peut apporter, si les concernés eux-mêmes ont quitté le navire. Le vieux Camille Aliali, grand collaborateur du président Houphouët Boigny, vit encore, la direction de son parti qui traverse tant de turpitudes ne nous a jamais montré le doyen d’âge pour qu’il donne publiquement son point de vue sur l’actualité et un matin, on va apprendre qu’il s’en est allé.
Quel est ce conflit générationnel qui tue le passage de témoin dans ce pays ? La jeunesse est livrée à elle-même, le vent se retourne contre les ivoiriens. Ils sont tous assis chez-eux, dans la solitude la plus criarde. Leurs enfants n’ont pas grandi ici, ils ont tous élu domicile là où, ils les ont scolarisés avec tous les moyens de réussite et en grandissant, ils n’ont pas eu cet amour patriotique et sont devenus des citoyens des autres, avec de nouvelles nationalités.
Ils sont tous en train mourir en emportant tout ce riche héritage du pays. Pourtant, certains sont valides, avec la mémoire phénoménale à léguer des souvenirs, mais ils ont abandonné, démissionné nous laissant dans le vide qui bouffe le quotidien.
Il est où M. Auguste Mimérond ? Ils sont où tous ces sages qui ont fait ce pays ce qu’il est devenu aujourd’hui et dont on a besoin de leurs lègues pour construire la société?
Adieu le plus grand constitutionnaliste africain qui n’a laissé que son nom sans le meubler de documents pour nous servir d’héritage et c’est vraiment dommage.
Eugène Diè Kakou, mon Dieu, nous a donné faim.
Joël ETTIEN
Directeur de publication: businessactuality.com
