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Côte d’Ivoire: Un dimanche, ne fréquentez pas les ivoiriens.

Dimanche 11 septembre, à Yopougon. Il est 6h du matin. Les rues sont vides et les quelques rares passants sont bien habillés, chacun, une bible à la main. Les taxis municipaux se font rares. Nous avons rendez-vous à 7h sur l’autoroute du nord. C’est ainsi que tôt ce matin, nous nous retrouvons dans les rues de cette commune deux fois plus grande que la capitale de la Guinée-Bissau.

De là où nous quittons pour attendre les taxis, il y a une petite bonne distance à parcourir à pied et le constat que nous faisons, est ahurissant. Les ivoiriens sont des croyants ou du moins, des chrétiens. 

Une grande dame d’un certain âge, se trouve au bord de la route pour attendre le taxi qui doit l’emmener à son lieu de culte et son téléphone sonne et elle décroche.

  • Allo, Sandrine, bonjour
  • Bonjour maman, tu viens au culte ou pas ?
  • Oui, ma fille, il faut garder ma place habituelle s’il te plait.

Cette dame fidèle à ses cultes fait même sa réservation. Elle a l’air d’une retraitée intellectuelle, puisque son français est clair. Pour avoir sa place à l’église, il faut qu’elle parte tôt et sans doute qu’elle a quitté sa maison aux environs de 5h du matin.

Ne partant pas dans la même direction, elle trouve son taxi avant nous et elle part, très pressée de ne pas rater sa place à l’église.

C’est ainsi qu’elle attire notre attention et aiguise notre regard. Quelques minutes après, le nôtre arrive et nous embarquons. En chemin, nous voyons beaucoup de passants dans les rues, bien endimanchés dans leurs plus belles parures avec à la main, leur bible et c’est dimanche matin tôt. 

Ce Dieu que tous ces ivoiriens prient sans cesse, est-il attentif à leurs prières ? La société ivoirienne traverse des moments difficiles, mais ils continuent de prier leur(s) dieux, sans trouver de solutions à leurs innombrables problèmes. On ne blasphème pas, c’est un constat que nous faisons.

Ce dimanche, beaucoup ont coupé leur sommeil pour être très tôt devant leur sanctuaire pour espérer que tous leurs problèmes trouvent les premières solutions. C’est ainsi les journées dominicales en Côte d’Ivoire. Ils se bousculent dans les églises pour venir chez eux commettre les mêmes péchés. Il est 9h, dans les ruelles et rues de cette même commune, à chaque 100 mètres, des églises sont ouvertes et le décibel monte. Chaque église a sa chorale et les choristes doivent chanter très fort pour attirer l’attention de leur dieu à se tourner vers leurs prières.

En face du quartier Toits Rouges, une grosse voiture se gare et c’est le pasteur de l’église qui descend, avec une grosse bible à la main. Une femme assez dodue et trois enfants suivent sa cadence. Nous le suivons et à l’entrée, des hôtesses habillées en corsage blanc une cravate rouge et une jupe bleue marine. Elles se prosternent devant la famille pour l’escorter à ses bureaux où l’attendent ses diacres et autres responsables de son église. Non loin de là, une autre église bat le plein des sons de leur musique. 

Il y a bien des riverains qui habitent dans le secteur, mais ils semblent être habitués aux sons stridents que leur profèrent ces églises. 

Les dimanches matins, il ne faut pas rendre visite à un habitant de Yopougon. Il ne sera pas disponible à te recevoir car, comme une dette, celui qui n’a pas été au culte risque de se voir punir par ses dieux.

Pourtant, leur quotidien ne varie pas, c’est toujours les mêmes tracas, les mêmes tralas. Quand nous avons commencé à en parler au chauffeur, il nous a dit qu’il ferait le culte de l’après-midi car pour lui, c’est obligation de se rendre à l’église pour prier.

Il va nous faire remarquer que dans la commune de Yopougon, on ne peut pas compter le nombre d’églises, et qu’elles sont toutes bondées de fidèles.

Dimanche matin, si tu vois un passant bien habillé dans les rues de Yopougon, ne te pose aucune question, il cherche le chemin de son église pour aller prier son dieu.
Ils sont tous croyants et comme disait l’écrivain français Pascal:” croyez en dieu, s’il existe, vous avez tout gagné et s’il n’existe pas, vous n’avez rien perdu”.

                                                Atchory Alexandre

                                   Correspondant à Abidjan

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