factures d'électricité de Côte d'IvoireINVESTIGATION 

Côte d’Ivoire : Le délai du paiement des factures d’électricité est arrivé et l’argent se fait rare.

Nous tendons vers la fin du délai du paiement des factures de l’électricité du mois d’avril et les marches vers les bureaux de la compagnie de l’électricité sont jonchées de lourdeurs et d’interrogations.

Les ivoiriens ne sont pas contents, mais ils font un semblant de survie. Aucun foyer ne se sent heureux de sa facture d’eau et d’électricité, mais la vie semble suivre son cours normal. Ce matin, dans certains quartiers comme Yopougon, c’est le dernier délai pour le règlement des factures trop salées de la consommation de leur électricité. Madame Sylla, dans sa longue robe, un cure-dent à la bouche, tient dans sa main, sa facture et se dirige vers le bureau de la CIE (compagnie ivoirienne d’électricité), non loin du camp de la gendarmerie de Yopougon toit rouge, en marmonnant des paroles. Elle parle seule à sa descente du taxi. Pendant ce temps, elle voit un attroupement devant ce bureau. Elle, qui a laissé ses enfants à la maison, qui croyait aussi qu’elle finirait vite pour les rejoindre, se voit attendre longtemps.

Le rang est trop long car certains y étaient depuis 4h du matin dans l’espoir d’être servis en premier. Madame Sylla va devoir attendre car si elle ne patiente pas, le lendemain, le compteur qu’elle a acheté, lui sera retiré et elle sera dans l’obligation d’aller doublement renégocier pour son compteur qu’elle a acheté. En Côte d’Ivoire, on vend le compteur de l’électricité et d’eau aux foyers, mais une fois que la facture n’a pas été réglée à temps, au lieu de suspendre la fourniture de l’électricité, on vient leur arracher le compteur qu’ils ont acheté. C’est-à-dire que vous allez au marché pour acheter votre assiette et un matin, le commerçant vient vous la retirer parce qu’il n’est pas content.

Il faut faire très attention sur ces détails importants qui peuvent avoir des conséquences graves car la docilité d’un peuple, on ne sait jamais ce qui peut déclencher une colère collective. Les ivoiriens sont soumis à trop de contraintes qui plombent leurs charges et ils ne vivent plus, mais survivent, étant dans leur propre pays. Ils vivotent. Un peuple qui ne vit plus, qui ne voit plus le bout du tunnel pendant qu’une minorité s’engraisse sans honte, sans solidarité, un matin, le peuple peut lui crier dessus. On peut contenir une colère familiale, mais nous ne pensons pas qu’on peut le faire quand tout le peuple se met en colère. C’est pourquoi, si le pouvoir veut véritablement se rapprocher de son peuple, doit libéraliser ces secteurs clés, comme l’eau et l’électricité pour créer la concurrence qui pourra influencer sur le coût. 

Les compagnies qui ont le monopole de l’électricité et de l’eau en Côte d’Ivoire vont créer des remous sociaux car sans tenir compte du pouvoir d’achat trop faible des consommateurs, un matin, leurs clients leur manifesteront leur ras-le-bol. Dans ce cas de figure, ce ne sont pas elles qui paieront le lourd tribut mais le pouvoir qui deviendrait fragile et souvent ces manifestations peuvent provoquer leur départ. Pourtant, le président Ouattara avait fait la ferme promesse qu’il ferait tout pour ouvrir la concurrence, où en est-on?

Nous avons pris, l’exemple de la vieille Sylla, mais ils sont nombreux ceux que nous avons vu, le visage serré, qui refusent souvent de décrocher leur téléphone quand ils sonnent, parce que non seulement, ils doivent attendre longtemps pour payer des factures trop salées et aussi payer des factures trop salées. On peut séparer la palabre entre deux personnes, mais à plusieurs, il faut être un magicien.

                             Joël ETTIEN

     Directeur de publication : businessactuality.com

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