Côte d’Ivoire: Le pays a-t-il perdu sa laïcité ?

Nous suivons tous l’actualité sociopolitique ivoirienne. Récemment, un monseigneur catholique a tenu des propos qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salives, en se prononçant sur cette actualité. Hier dans toutes les mosquées, les prêches ont été tournés vers la politique car tous les imams se sont prononcés sur les risques des élections à venir.

Si la Côte d’Ivoire est un pays laïc, c’est-à-dire que la séparation des pouvoirs, et la différenciation des religions et les pouvoirs politiques, nous craignons le pire de ce qui peut advenir demain. En Europe surtout en France, cette séparation a été obtenue de hautes luttes au point où les religieux ne se mêlent jamais de politique.

Si tout le monde est inquiet de l’issue incertaine des élections à venir, c’est simple, tout le monde connaît les causes de la débâcle de ces élections. Les partis politiques ont démissionné de leurs premiers rôles et de ce manque de formation politique, ils vont tous conduire un jour le peuple ivoirien dans une guerre religieuse fratricide qui aura des conséquences dramatiques.

Hier c’était les catholiques qui ont pris position sur cette actualité politique et hier c’était les musulmans. La Côte d’Ivoire est outrée entre deux grandes religions qui veulent se la partager. Si d’ici quelques années, une de ces religions se déclare être majoritaire pour imposer sa vision à la population, et la future minorité, veut protester, ça sera l’explosion et la cohésion sociale prendra fin.

Le peuple n’est pas formé politiquement et si ceux qui les incarnent se préparent à une domination qui ne dit pas son nom, il ne faudrait pas que les uns et les autres soient surpris de la future déchirure. L’islam va se dire qu’elle est majoritaire et le christianisme aussi va protester, la suite, c’est la guerre, alors tout peuple qui tombe dans ce travers, ne s’en sort jamais, l’exemple en Israël nous édifie au quotidien.

Il appartient aux politiques de faire le forcing pour que les élections soient sans incidents, en exigeant que la liste électorale soit propre et sans forfaiture, le découpage soit équitable, des personnes neutres pour présider au destin de la commission électorale indépendante, le rôle des religions c’est de sensibiliser leur adeptes à bien se conduire dans la société.

Nous attirons l’attention de tous de ce que les politiques ne jouant pas leurs rôles, les religieux s’en servent comme moyens de conscientisation de leur fidèles. A la fin, les différentes religions vont se peser sur le terrain. 

Pourquoi quand les chrétiens font leurs fêtes, les musulmans ne s’habillent pas comme eux et quand c’est le tour des musulmans, tout le monde les singe, même les plus hauts cadres ? Cette manière psychologique de se comporter peut avoir des conséquences graves demain si l’on n’y prend garde.

Par conséquent, nous ne sommes pas contre les religions, bien au contraire, mais nous voudrions inviter les leaders politiques à prendre toute leur place dans la société en formant leurs militants à pouvoir faire la différence entre la religion et la politique pour épargner une guerre de religion à ce pays qui ne fait recevoir plus de musulmans sur son sol que de catholiques. Alors, nous posons la question de savoir si la Côte d’Ivoire a perdu sa laïcité ?

C’était juste une crainte que nous exprimions.

                                Joël ETTIEN 

          Directeur de publication: businessactuality.com